Les scientifiques chargés d’analyser les cas groupés d’enfants nés sans bras ont recommandé de mener des investigations complémentaires uniquement pour les cas situés dans le Morbihan, ont indiqué jeudi les familles concernées, « absolument pas » satisfaites de ces conclusions.
Le comité d’experts a écarté une nouvelle enquête dans l’Ain, concluant à « l’absence d’excès de cas » de malformations dans cette zone, ont rapporté les familles et associations, après la présentation du rapport final des scientifiques dans les locaux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à Maisons-Alfort.
Le contenu de ce travail mené depuis le mois de février doit être rendu public vendredi matin au cours d’une conférence de presse au ministère de la Santé.
Plusieurs cas signalés dans l’Ain n’ont pas été pris en compte au motif que le registre des malformations de la région Rhône-Alpes ne prenait pas encore en compte l’Ain aux dates concernées, a expliqué à la presse Emmanuelle Amar, responsable de ce registre, disant ne pas comprendre cette décision.
« L’argumentaire ne tient pas. Il n’est pas possible de discuter avec quelqu’un qui supprime des cas au motif qu’on n’était pas là », a ajouté l’épidémiologiste, qui avait alerté sur l’existence d’une concentration de cas dans certaines communes du département de l’Ain.
Les familles jugent par ailleurs trop « légères » les investigations recommandées dans le Morbihan, alors qu’elles appelaient de leurs vœux une « vraie enquête de terrain ».
« Ils vont regarder s’il y a eu des essais de pesticides dans les champs alentours », mais ils n’exploreront pas la piste des produits de contrebande qui ont fait l’objet de saisies, a rapporté Flavie Benizri, représentante de l’association d’aide aux familles Assédea.
De même, le comité recommande d’analyser « la qualité de l’air et des sols » mais à partir des mesures déjà enregistrées, il n’y aura « pas de nouveaux prélèvements », a-t-elle ajouté.
« On attendait plus de réponses aujourd’hui, des hypothèses plus concrètes, des produits suspectés, mais rien », a regretté Isabelle Taymans-Grassin, maman d’une enfant concernée née dans le Morbihan.
« Si je reprends les propos de la présidente du comité, l’imputabilité sera impossible à trouver », c’est-à-dire qu’on n’arrivera pas établir de lien de cause à effet entre une substance donnée et la survenue des malformations chez les enfants, a-t-elle ajouté.
Le comité d’experts scientifiques présidé par Alexandra Benachi, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), a été mis en place en février pour déterminer les causes possibles de cas groupés d’enfants nés avec une « agénésie transverse des membres supérieurs » (ATMS).
Cette malformation très particulière se caractérise par l’absence de formation d’une main, d’un avant-bras ou d’un bras au cours du développement de l’embryon.
Plusieurs cas groupés de naissances de bébés touchés par ce type de malformations ont été identifiés ces dernières années en France : dans l’Ain (8 naissances entre 2009 et 2014), la Loire-Atlantique (3 entre 2007 et 2008) et le Morbihan (4 entre 2011 et 2013).
En octobre, Santé publique France avait indiqué n’avoir identifié aucune cause pour les cas groupés suspects et avait estimé qu’il n’y avait pas d’« excès de cas » dans l’Ain.
Mais les inquiétudes dans les régions concernées avaient poussé le gouvernement à lancer une nouvelle enquête, menée par Santé publique France et l’Anses.
D. S avec AFP
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