Belarus, Royaume-Uni, Birmanie, etc. : les derniers déplacements du PCC sur l’échiquier mondial

Par Ludovic Genin
28 août 2024 07:28 Mis à jour: 28 août 2024 17:14

Dans la compétition internationale, la Chine est le premier adversaire des démocraties occidentales et ne cache pas ses ambitions de devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049, année du centenaire de la création du Parti communiste chinois (PCC).

Voici une vue d’ensemble sur les derniers pions avancés au niveau mondial par le PCC pour le mois d’août 2024. Retrouvez les articles de la série ici.

Mer de Chine méridionale: Manille accuse des bateaux chinois d’avoir percuté un navire philippin

Les Philippines ont accusé le 25 août des navires chinois d’avoir percuté un bateau de pêche philippin et fait usage de canons à eau à son encontre près de l’atoll disputé de Sabina, en mer de Chine méridionale.

Le gouvernement philippin a dénoncé « des manœuvres dangereuses » des garde-côtes chinois à l’encontre du bâtiment philippin, entraînant une panne moteur de ce dernier. Les tensions entre Pékin et Manille se sont intensifiées ces derniers mois, marquées par une série de confrontations en mer de Chine méridionale.

Le PCC revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une région stratégique où plusieurs pays riverains ont des prétentions concurrentes. Il ignore une décision de la justice internationale datant de 2016, selon laquelle ses revendications ne reposent sur aucune base juridique.

Le 19 août, les deux pays avaient déjà fait état d’une collision de navires battant pavillon chinois et philippin près de l’atoll Sabina. Manille avait alors indiqué que c’était la première action hostile de Pékin dans cette zone, où les deux parties stationnent des navires de garde-côtes depuis plusieurs mois et où les Philippines redoutent que la Chine ne soit sur le point de construire une île artificielle.

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Le Premier ministre britannique veut dépasser les désaccords avec la Chine

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a dit, le 23 août, espérer des « discussions ouvertes, franches et honnêtes » avec le leader chinois Xi Jinping sur les sujets de tensions opposant Londres et Pékin, lors du premier entretien téléphonique entre les deux dirigeants.

Alors que les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées depuis dix ans, Xi Jinping ne s’était plus entretenu, par téléphone ou en personne, avec un Premier ministre britannique depuis mars 2022.

Ils ont également évoqué « le commerce, l’économie et l’éducation » comme « potentiels sujets de coopération ».

« Le Premier ministre a ajouté espérer que les dirigeants seraient capables d’avoir des discussions ouvertes, franches et honnêtes pour aborder et comprendre les domaines de désaccord quand nécessaire, tels que Hong Kong, la guerre de la Russie en Ukraine et les droits humains », selon la même source.

Les sujets de tensions se sont multipliés ces dernières années, concernant en premier lieu le renforcement du contrôle de Pékin sur l’ancienne colonie britannique de Hong Kong. Le Royaume-Uni a dénoncé à maintes reprises la répression du mouvement en faveur de la démocratie dans son ancienne colonie, dont plusieurs figures en exil ont trouvé refuge sur le sol britannique. Londres a également accusé Pékin de cyberattaques contre des élus, d’espionnage technologique et de violer les droits humains notamment contre la minorité musulmane ouïghoure dans le Xinjiang, sans compter les tensions commerciales.

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Bélarus-Chine: accord sur une zone de libre-échange pour les services et les investissements

Le Bélarus et la Chine vont signer un accord pour établir entre eux une zone de libre-échange pour les services et les investissements, a annoncé le 22 août le leader bélarusse Alexandre Loukachenko.

Selon lui, « le Bélarus est le premier pays de l’Union économique eurasiatique à signer un tel accord avec la Chine », qui doit permettre la mise en place de règles commerciales « transparentes ».

Au pouvoir depuis 30 ans, Alexandre Loukachenko règne sans partage sur le Bélarus et a écrasé à plusieurs reprises des mouvements de contestation. Le Bélarus, très dépendant de son allié russe aux niveaux financier et politique, entretient d’excellentes relations avec la Chine et cherche à les renforcer, ce que fait aussi Moscou, visée par de nombreuses sanctions occidentales pour son assaut contre l’Ukraine.

La Chine se présente comme neutre dans le conflit en Ukraine et assure ne livrer aucune arme à aucune partie. Mais les Américains et les Européens l’accusent régulièrement d’offrir à la Russie un soutien économique crucial pour son effort de guerre. Le Bélarus n’est pas directement engagé sur le terrain en Ukraine mais a prêté son territoire à l’armée russe pour qu’elle puisse lancer son offensive en février 2022.

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Taïwan ne se laissera pas intimider par l’expansion de l’autoritarisme chinois, affirme le président taïwanais

« L’autoritarisme croissant de la Chine ne s’arrêtera pas à Taïwan »

Le président taïwanais Lai Ching-te a prévenu le 21 août que « l’autoritarisme croissant de la Chine ne s’arrêtera pas à l’île » et a appelé les « pays démocratiques » à s’unir pour contrecarrer cette expansion.

Cette déclaration intervient au lendemain de celle d’un haut responsable du Parti communiste chinois qui a affirmé que Pékin était confiant dans une « réunification complète » avec Taïwan, un territoire démocratique autonome que le régime chinois revendique comme lui appartenant.

S’exprimant lors du forum annuel Ketagalan sur « la sécurité indo-pacifique » à Taipei, M. Lai a déclaré que Taïwan n’est pas « la seule cible » de Pékin. « Nous sommes tous parfaitement conscients que l’autoritarisme croissant de la Chine ne s’arrêtera pas à Taïwan, et que Taïwan n’est pas non plus la seule cible des pressions économiques de la Chine », a-t-il déclaré à des responsables politiques et des universitaires des onze pays participant au forum.

« La Chine a l’intention de modifier l’ordre international fondé sur des règles. C’est pourquoi les pays démocratiques doivent s’unir et prendre des mesures concrètes. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons freiner l’expansion de l’autoritarisme », a-t-il poursuivi.

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La stratégie de la Chine pour écraser l’industrie européenne

L’UE veut taxer pendant cinq ans les voitures électriques venant de Chine

Bruxelles a confirmé le 20 août sa volonté de surtaxer pendant cinq ans les voitures électriques provenant de Chine, y compris les Tesla à un taux réduit, tout en restant « ouverte » à une solution négociée avec Pékin.

La Chine a fait savoir dans la foulée qu’elle s’opposait « vigoureusement » à ces mesures, appelant l’UE à des « mesures concrètes » et des « solutions appropriées pour éviter une escalade des frictions commerciales ».

Bruxelles va ajouter aux 10 % de taxe déjà en place une surtaxe, allant jusqu’à 36 %, à l’encontre des importations de véhicules électriques chinois. Ces droits de douane s’appliqueront d’ici fin octobre pendant cinq ans, sous réserve de l’aval des 27, divisés sur le sujet. Ils remplaceront alors des taxes provisoires décidées début juillet, et allant jusqu’à 38 %, a précisé la Commission.

L’UE espère ainsi protéger une filière automobile qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE.

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La Chine se prépare à relever l’âge de la retraite face au vieillissement de la population et à la montée du chômage

En Chine, le chômage des jeunes continue de progresser

Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) en Chine, une priorité pour Pékin, a atteint en juillet 17,1 %, soit son niveau le plus élevé depuis le début de l’année, selon des chiffres officiels qui renforcent les inquiétudes vis-à-vis de la croissance chinoise.

Le régime chinois est en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, une confiance morose des ménages et des entreprises, ce qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur.

Chez les 25-29 ans, le taux de chômage a lui aussi augmenté en juillet à 6,5 %, contre 6,4 % un mois plus tôt. Pour l’ensemble de la population active, le taux de chômage s’est affiché à 5,2 % le mois dernier. Ce chiffre est un reflet incomplet de la conjoncture car il n’est calculé que pour les villes. Il exclut des millions de travailleurs migrants dans les zones rurales, particulièrement vulnérables au ralentissement économique.

Les chiffres du chômage s’ajoutent à une série d’indicateurs économiques jugés décevants au mois d’août, en dépit de récentes mesures du PCC pour tenter de relancer la croissance dans la deuxième économie mondiale. La production industrielle s’est notamment tassée le mois dernier (+5,1 % sur un an), selon des chiffres officiels, soit son rythme le plus faible depuis mars. La demande en prêts bancaires s’est par ailleurs contractée pour la première fois en près de 20 ans, signe d’une conjoncture délicate.

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Birmanie : l’ONU appelle à couper l’accès de la junte aux armes et aux devises

Birmanie: la Chine soutient le projet de la junte d’organiser de nouvelles élections

Le PCC soutient le projet de la junte birmane d’organiser de nouvelles élections et de permettre au pays déchiré par une guerre civile d’entamer une « transition démocratique », a déclaré le 16 août le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

Wang a rencontré pour la première fois Min Aung Hlaing, le chef de la junte qui s’est emparée du pouvoir en 2021 et a destitué le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi.

L’État Shan, dans le nord de la Birmanie, est le théâtre d’affrontements permanents depuis qu’une alliance de groupes ethniques rebelles a repris l’offensive contre l’armée birmane le long d’une route commerciale vitale qui mène vers la Chine

Les militaires birmans ont repoussé à de nombreuses reprises des élections, en juillet dernier notamment avec le prolongement de l’état d’urgence de six mois, et interdit en 2023 la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi.

La Chine est un allié majeur de la junte birmane à laquelle elle fournit des armes.

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Philippines – Japon : signature d’un pacte de défense crucial

La Chine mène un exercice militaire près d’un récif disputé avec les Philippines

La Chine a mené le 7 août un exercice militaire en mer de Chine méridionale près du récif de Scarborough, un îlot contrôlé par Pékin mais revendiqué par Manille, sur fond de tensions bilatérales récurrentes.

Ces manœuvres de l’armée, peu fréquentes autour de ce récif, interviennent au moment où les Philippines ont lancé dans la région deux jours d’exercices maritimes et aériens conjoints avec les États-Unis, le Canada et l’Australie.

Une activité militaire de part et d’autre qui survient après plusieurs incidents ces derniers mois autour d’îlots que Pékin et Manille se disputent âprement en mer de Chine méridionale. En 2012, Pékin avait repris à Manille ce récif de Scarborough, où l’exercice chinois a lieu.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2022 du président philippin Ferdinand Marcos, Manille affirme plus fermement ses prétentions de souveraineté, face à Pékin qui lui-même n’entend pas céder sur ses revendications. Cette confrontation Chine-Philippines alimente les craintes d’un potentiel conflit qui pourrait entraîner l’intervention de Washington en raison de son traité de défense mutuelle avec Manille.

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Les Tibétains exilés luttent contre le « génocide culturel » réalisé par Pékin

Tibet : la Chine sanctionne un parlementaire américain

La Chine a pris le 31 juillet des sanctions pour « ingérence » contre un parlementaire américain, Jim McGovern, farouche soutien des Tibétains.

Le Congrès américain a adopté le mois dernier une loi bipartisane qui renforce le soutien des États-Unis au Tibet, territoire himalayen où Pékin est accusé d’atteintes aux droits de l’homme. Jim McGovern est l’un des auteurs du texte.

La Chine exerce un contrôle draconien sur l’accès au Tibet, région qu’elle considère comme une partie inaliénable de son territoire. Pékin a récupéré le contrôle du Tibet en 1951, avant le départ en exil en 1959 du dalaï lama. Le Tibet était auparavant largement autonome, après la chute de la dynastie chinoise Qing qui dura trois siècles.

Le texte adopté par le Congrès américain encourage Pékin à reprendre les pourparlers, interrompus en 2010, avec les dirigeants tibétains.

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La Chine condamne « l’assassinat » en Iran du chef du Hamas

Le PCC a condamné le 31 juillet « l’assassinat » du chef politique du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une frappe contre son lieu de résidence en Iran à Téhéran.

« Nous sommes très préoccupés par cet incident, nous nous opposons vigoureusement et condamnons cet assassinat », a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué dans une frappe à Téhéran, a annoncé le mouvement islamiste palestinien.

La Chine soutient également depuis des décennies la cause palestinienne, reconnaît un État de Palestine et milite pour une solution à deux États. Le régime chinois a renforcé ces dernières années ses relations commerciales et diplomatiques avec le Moyen-Orient. La Chine œuvre par ailleurs au rapprochement des différentes organisations palestiniennes qu’elle a réunies en juillet à Pékin.

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