Des drones pouvant être équipés de caméras thermiques et de mégaphones seront déployés par la police dans la province de Limbourg en Belgique pendant les fêtes de fin d’année, afin de faire respecter les mesures sanitaires et l’interdiction des feux d’artifice. L’usage de cette technologie à ces fins amène des questionnements sur le respect de la vie privée.
La police avait déjà utilisé des drones pour rappeler les consignes sanitaires à la population belge lors du confinement du mois de mars, indique le média belge RTL.
Cette fois-ci, c’est pour surveiller la population pendant les fêtes de fin d’année, pendant lesquelles les rassemblements et les feux d’artifice sont interdits, que la police de la zone Carma s’est équipée de drones. L’information a été communiquée par la chaîne de télévision flamande VTM Nieuws et confirmée par l’agence de presse belge Belga, indique la société de presse Sud Info.
Certains drones pourront être équipés de caméras thermiques permettant de détecter la présence humaine la nuit, à l’extérieur comme à l’intérieur des bâtiments. L’un de ces petits véhicules aériens dont dispose la police de cette zone est également équipé d’un mégaphone.
Au mois de novembre, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden avait mis en garde la population belge : « Si nécessaire, la police sonnera aux portes à Noël. »
Les personnes qui ne respectent pas les mesures sanitaires s’exposent à une amende de 250 euros. L’usage des drones pour les faire respecter amène des questions au sujet de la vie privée. Interrogé par RTL, l’avocat Cédric Bernes assure que « l’utilisation des caméras et des drones est légale pour les services de police ».
Toutefois, il reconnaît que l’usage de cette technologie par la police est « évidemment la porte ouverte à toutes les dérives, parce qu’on constate qu’il y a de plus en plus de possibilités d’ingérence au sein du domicile et des habitations privées, et donc, par définition, du respect de la vie privée. Cela peut ouvrir certaines portes qui doivent, à mon sens, rester relativement fermées ».
De son côté, l’expert de la vie privée Matthias Dobbelaere-Welvaert a déclaré à l’antenne de VTM Nieuws : « Nous avions beaucoup ri (de la Chine). Des gens approchés dans la rue par des drones, nous avions trouvé cela futuriste et inadmissible. Mais nous sommes maintenant pratiquement un an plus tard, et de l’argent est utilisé dans des équipements pour surveiller les gens de cette manière et ainsi commettre une intrusion majeure dans leur vie privée. »
Lorsqu’il entend parler d’amendes et de drones, le spécialiste se demande « si c’est la façon la plus éthique d’amener les gens à bien se comporter ».
Certains députés belges ont aussi condamné l’usage de drones et de caméras thermiques par la police dans le but de surveiller la population, rapporte La Libre. « Nous ne vivons pas dans un état policier », s’est exclamé Tim Vandenput lors d’un débat à la Chambre ce jeudi. Il remarque que le fait que les drones puissent prendre des images dans les jardins est « une infraction au respect de la vie privée ».
« Les citoyens doivent être considérés comme des citoyens et non comme des suspects », assure de son côté le député Peter De Roover. « Vous poussez le bouchon un peu loin en parlant de drones survolant les habitations pour veiller à ce que les Belges n’invitent pas leur grand-mère ou leur grand-père. »
La ministre de l’Intérieur Annelies Velinden a répondu en se voulant rassurante : « Je m’assurerai que tous les contrôles concernant les ‘mesures corona’ se fassent en toute légalité. » Elle a également assuré qu’il s’agissait « de mesures exceptionnelles ».
Un Noël « plus intime »
Les mesures mises en place par la Belgique sont assez drastiques pour la fête de Noël. Pour la nuit du 24 au 25 décembre, les belges auront la permission de minuit – le couvre-feu étant allongé jusqu’à minuit au lieu de 22 h par le pouvoir fédéral. Toutefois, les Régions ont le pouvoir de rendre ce couvre-feu plus restrictif, indique RTBF.
En ce qui concerne le nombre de convives, « ce sera plus intime », a déclaré le Premier ministre Alexander de Croo, selon Le Figaro. Les personnes isolées pourront inviter deux personnes, mais de manière séparée, soit le 24, soit le 25 décembre. Quant aux familles, elles ne peuvent inviter qu’un contact de leur bulle sociale (limitée à une personne par membre de la famille) à la fois.
À l’extérieur, les rassemblements de quatre personnes respectant la distanciation sociale d’un mètre et demi sera toujours autorisée. L’usage des feux d’artifice est interdit.
Quant aux célébrations religieuses dans les églises, les lieux de culte demeurent ouverts, mais aucun service religieux n’est permis.
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