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Bénédiction des couples homosexuels : le Vatican « capitule »

Les évêques africains au devant de la résistance au document controversé "Fiducia Supplicans"
janvier 25, 2024 19:19, Last Updated: janvier 28, 2024 23:42
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Quelques semaines seulement après avoir publié un document controversé traitant de la bénédiction des couples homosexuels – « Fiducia Supplicans » – le 18 décembre 2023, le Vatican capitule face à une opposition mondiale croissante.

Le Vatican a approuvé un document publié par le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), selon lequel de telles bénédictions ne seront données nulle part en Afrique.

Le document des évêques africains, intitulé « Pas de bénédiction pour les couples homosexuels dans les Églises africaines : Synthèse des réponses des Conférences épiscopales africaines à la Déclaration Fiducia Supplicans », a été publié le 11 janvier 2024, et débute en notant que la déclaration du Vatican a « provoqué une onde de choc », a « semé des idées fausses et des troubles dans l’esprit de nombreux fidèles laïcs, de personnes consacrées [membres d’ordres religieux] et même de pasteurs » et a « suscité de vives réactions ».

Le document profite de la publication de « Fiducia Supplicans » pour en répudier l’esprit.

Ce que dit strictement la « Fiducia Supplicans » se résume à l’idée que, si un couple demande une bénédiction pour ce que l’Église considère comme un bon motif, – par exemple, s’ils ont été gravement blessés dans un accident de voiture et que l’on demande à Dieu de les aider à se rétablir –, ils peuvent la recevoir, indépendamment du fait qu’ils soient dans une relation que l’Église désapprouve.

La formulation suggère une vision indulgente des unions homosexuelles.

De plus, « Fiducia Supplicans » est, en quelque sorte, le point culminant d’une démarche du pape François visant à mettre en pratique une politique suggérée par son allié, le cardinal Walter Kasper, lors d’un consistoire du Collège complet des cardinaux en février 2014 : celle de « tolérer » les déviations de la morale sexuelle catholique dans la pratique sans théoriquement les « approuver ».

Huit mois après que les cardinaux ont rejeté le point de vue du cardinal Kasper lors du consistoire, le pape et lui ont tenté de le faire accepter par un synode des évêques putativement axé sur les « défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ».

Face à la forte opposition des évêques synodaux, le cardinal Kasper a déclaré au journaliste Edward Pentin que les évêques africains entretiennent un « tabou » sur les unions homosexuelles et que, par conséquent, ils « ne devraient pas trop nous dire ce que nous devons faire ». Cela a suscité de nouvelles critiques de la part de l’épiscopat d’Afrique, qui se sont aggravées lorsqu’un enregistrement audio des remarques du cardinal Kasper a été rendu public, bien qu’il eut affirmé que les informations publiées à ce sujet étaient fausses.

Une démarche similaire s’est poursuivie avec le Synode sur la synodalité du Vatican en 2023.

Le pape François a notamment nommé deux cardinaux indulgents à l’égard des unions homosexuelles, Jean-Claude Hollerich et Mario Grech, aux postes importants de rapporteur général et de secrétaire général adjoint.

Une modification des règles du synode permet aux laïcs catholiques (en grande partie nommés par le pape) de participer et de voter après que les conférences épiscopales du monde entier ont largement élu comme représentants au synode des hommes attachés à la moralité catholique traditionnelle.

Un soutien très médiatisé apporté à des activistes de premier plan qui prônent l’acceptation des relations homosexuelles par l’Église

Bien qu’il y ait peu de comptes-rendus sur les discussions du synode – étant donnée l’exigence du secret – les participants ont révélé de vifs désaccords et une opposition considérable à l’indulgence pour les couples de même sexe.

Les évêques du monde entier ont immédiatement compris que la « Fiducia Supplicans » visait à obtenir ce que le synode ne pouvait pas faire, par le recours à la ruse d’un langage ambigu et de subtils détails techniques.

Selon Peter Kwasnieski, théologien et philosophe qui a enseigné à l’Institut théologique international, à l’Université franciscaine et au Wyoming Catholic College, et auteur de deux douzaines de livres, il s’agit « clairement d’un saut trop grand à franchir pour de très nombreux catholiques », qu’ils soient habituellement considérés comme « traditionalistes » ou « conservateurs ».

Le résultat est une répudiation généralisée de « Fiducia Supplicans » par les prélats catholiques, forçant le Vatican à reculer, au point que, selon M. Kwasniewski, « tout ce que le Vatican fait depuis le 18 décembre est de limiter les dégâts », avec « le cardinal Fernandez [à l’origine de la publication du « Fiducia Supplicans » au titre de préfet du Dicastère du Vatican pour la doctrine de la foi (DDF)] cédant de plus en plus de terrain ».

En premier lieu, le cardinal Fernandez a donné une interview le 23 décembre, et a publié un communiqué officiel le 4 janvier.

Chaque tentative d’apaisement s’est heurtée à une résistance de plus en plus forte de la part de nouveaux évêques lors de conférences épiscopales et de diocèses affichant leur discordance.

Le jour où le cardinal Fernandez a publié son communiqué, une province entière d’évêques en France a demandé aux prêtres de s’abstenir de donner une bénédiction commune aux couples homosexuels, suggérant que chaque membre du couple pourrait recevoir une bénédiction individuelle, soulignant ainsi que leur relation n’est ni acceptée ni sanctionnée par l’Église.

Le 6 janvier, l’opposition croissante a été soutenue par l’une des voix les plus puissantes de l’Église catholique, celle du cardinal guinéen Robert Sarah, qui a servi pendant sept ans en tant que préfet de la Congrégation pour le culte divin du Vatican, après avoir été nommé à ce poste par le pape François lui-même en 2014.

Deux jours plus tard, le cardinal Fernandez s’est de nouveau retrouvé dans la tourmente lorsqu’il a été révélé qu’il avait publié par le passé un livre intitulé « La Passion mystique : Spiritualité et sensualité », critiqué comme étant à la limite de la pornographie.

Le 11 janvier, le pape François et le cardinal Fernandez ont donné leur pleine approbation au document du SCEAM, dans lequel, selon M. Kwasniewski, les évêques africains se montrent « aussi diplomatiques que possible », tout en « mettant résolument de côté la Fiducia Supplicans ».

Le document du SCEAM démolit les tendances ‘gay-friendly’ de « Fiducia Supplicans », affirmant sans équivoque qu’il est un devoir de rappeler aux homosexuels que « les unions de personnes du même sexe sont contraires à la volonté de Dieu et [qu’ils] ne peuvent donc pas recevoir la bénédiction de l’Église », que la Bible considère ces relations comme une abomination si grave qu’elle peut même « conduire à la destruction de la ville [Sodome] », tout en ajoutant deux autres points cruciaux.

Le premier est que « Fiducia Supplicans (…) n’a pas pour but d’imposer des bénédictions pour (…) les couples de même sexe », et qu’elle « rend ces bénédictions possibles mais sans les imposer ».

Toutefois, une minorité notable, quoique limitée, d’évêques catholiques dans le monde entier adopte des positions « pro-homosexuels » fermes.

L’approbation par le Vatican d’un document affirmant que l’octroi d’une telle bénédiction ne peut être imposé, fournit aux prêtres soumis à ces évêques des motifs parfaits pour refuser de la donner.

L’autre point s’attaque au cœur du problème en insistant sur le fait que : « Le langage de Fiducia Supplicans demeure trop subtil pour être compris par les gens simples. »

Puisqu’il s’agissait de créer une confusion subtile, l’approbation par le Vatican du document du SCEAM signifiait s’assurer de l' »acceptation » de la « Fiducia Supplicans » à condition qu’elle soit réduite à quelque chose d’insignifiant, le tout permettant de sauver les apparences.

La « Fiducia Supplicans » peut encore donner aux prêtres qui souhaitent bénir des couples homosexuels la couverture et l’assurance du soutien du Vatican dont ils ont besoin pour le faire dans une relative impunité et renforce la position de la poignée d’évêques des conférences épiscopales et des diocèses qui ont pris position en faveur des homosexuels.

Il a même été annoncé que de telles bénédictions seront autorisées dans la basilique Saint-Pierre.

Toutefois, le Vatican a effectivement admis que sa propre faiblesse, son soutien limité et l’opposition généralisée ont rendu impossible l’application de la « Fiducia Supplicans ».

James Baresel est titulaire d’un Master of Arts en philosophie de l’Université franciscaine de Steubenville.

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