« Besoin de retrouver du sens »: les baptêmes d’adultes et de jeunes de nouveau en forte hausse

Par Vincent Solacroup
27 mars 2024 15:46 Mis à jour: 30 mars 2024 16:47

Cette année plus de 12.000 « catéchumènes », des adultes et des adolescents, seront baptisés à l’occasion de la célébration de Pâques. Leur croissance enregistre encore cette année une forte hausse.

La célébration de Pâques marquera cette année le baptême de 7135 adultes et de 5025 adolescents, selon une enquête de la Conférence des évêques de France (CEF) publiée mercredi.  Les « catéchumènes » sont des adultes et adolescents baptisés chaque année le jour de Pâques, après s’être engagés dans le chemin d’initiation à la vie chrétienne appelé « catéchuménat ».

Néanmoins, les chiffres restent certes modestes, à l’image d’une Église qui ne baptise plus que 220.000 personnes au total en moyenne selon des chiffres de 2022, soit une baisse de 42% en près de 25 ans. Le total des baptêmes se décompose en 30% (65.000) de baptêmes de bébés avant un an, 52% (114.000) d’enfants entre 1 et 7 ans et les 18% (41.000) restant étant baptisés plus âgés.

Une dynamique en forte hausse portée par les jeunes

En 2024, la hausse des catéchumènes baptisés le jour de Pâques (+31%) intervient après une année 2023 déjà marquée par une progression de 28%. « Il ne s’agit pas d’un rattrapage » après le Covid-19 « mais d’une tendance de fond », assure Catherine Chevalier, chargée de la catéchèse et du catéchuménat à la CEF.

Surtout, la hausse est portée par le dynamisme des jeunes, qui avaient déjà été 45.000 à se rendre depuis la France aux JMJ (journées mondiales de la jeunesse) à Lisbonne l’an dernier. Les 18-25 ans représentent désormais 36% des nouveaux baptisés. Leurs parcours sont variés.

« Besoin de retrouver du sens »

« Mes parents ont été surpris que je retourne à l’église, ils sont un peu dans la logique “si on est intelligent on ne croit pas en Dieu’ », explique à l’AFP Sacha Stock, 28 ans, baptisé en 2023. Mais « il y a un retour à la foi, dans le monde compliqué qui est le nôtre on a besoin de retrouver du sens », ajoute l’agent immobilier d’Igny (Essonne), dont la soeur s’est plus rapprochée de l’islam. Il assure parler « facilement » de sa démarche avec ses amis, « sans honte ni scrupules ».

Catherine Chevalier confirme cette tendance générationnelle : « Les jeunes abordent la question de la foi de façon plus décomplexée que les générations précédentes. »

« La majorité de mes collègues sont religieux, ça n’étonne personne », raconte Melvil C, technicien de 21 ans, originaire d’Orly, et venu à l’Église « après un décès dans (sa) famille » même s’il y « réfléchissai(t) déjà avant ».

À Créteil où il sera baptisé samedi soir, Ashley Jean-Baptiste, 16 ans, explique avoir été voir « chez les chrétiens, chez les musulmans » avant de trancher : « J’ai ressenti chez les catholiques comme un appel profond ». Comme beaucoup, le lycéen d’origine haïtienne assure avoir trouvé sa voie « après le Covid-19 ».

Christian Krieger, président de la Fédération Protestante de France, interviewé par Le Figaro sur cette tendance de fond, analyse : « Dans ses réalités paroissiales, l’Église catholique est en train de devenir une Église « confessante », une Église d’adhésion, et moins une Église instituée. Ces jeunes et adultes baptisés vont probablement apporter davantage aux communautés catholiques que des milliers d’enfants baptisés à la naissance ».

Un regain parmi ceux issus de famille « sans religion » ou de la ruralité

La CEF observe une hausse « significative » des baptisés issus de familles « sans religion » (un quart des catéchumènes adultes) et une augmentation des baptêmes en milieu rural (29% du total).

« Un certain nombre viennent de villages ou il n’y a pas un seul chrétien ! », affirme à l’AFP l’évêque du Jura Jean-Luc Garin, qui évoque un « déclic » dans le parcours de beaucoup de catéchumènes : « la moitié sont passés par des épreuves terribles qui ont déclenché une recherche spirituelle. »

Mais pour l’Église, la difficulté est de garder ces nouveaux venus, dont beaucoup appréhendent de se retrouver livrés à eux-mêmes après deux ans de préparation intense.

« J’ai un peu peur de la lassitude, de la difficulté à conserver ce feu », témoigne à Créteil Angèle Louise Fogaing, 17 ans, qui envisage d’« aller à l’église, s’entourer d’amis chrétiens, prier… »

La CEF ignore combien de néophytes sont encore présents un an après leur baptême mais reconnaît « un véritable enjeu d’accompagnement dans les premières années de la vie chrétienne ».

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