« Moins cet esprit qui ose, gagne » : Emilien Jacquelin, qui rêve en grand à quatorze mois des JO-2026, aspire à nuancer le biathlon panache qui lui a réussi et qu’il affectionne avec une approche « moins tête brûlée » au tir.
Fort d’une première victoire individuelle depuis trois ans obtenue en sprint à l’étape d’ouverture de la Coupe du monde à Kontiolahti (Finlande) il y a quelques jours, Jacquelin va prendre le départ de celui de Hochfilzen (Autriche) vendredi.
« Je suis toujours capable de tirer très vite, voire plus vite qu’avant. Mais mon objectif n’est pas de mettre absolument ces tirs en place, expose le double champion du monde de poursuite 2020 et 2021 à l’AFP. Aujourd’hui, j’ai envie d’être plus régulier. Ça demande d’être plus calme et moins tête brûlée. »
« J’ai évolué plus jeune et je suis devenu un bon biathlète en engageant, en ayant cet état d’esprit. C’est quelque chose qui est ancré en moi, rappelle-t-il. Se canaliser, être plus calme derrière la carabine, c’est un tempérament que je n’ai pas forcément à la base. C’est quelque chose que j’ai essayé de mettre en place tout au long de la préparation (estivale). Je veux vraiment le mettre en place cet hiver. Ça demande beaucoup de temps, ça demande des courses » pour l’apprivoiser.
REGOÛTER À LA VICTOIRE 🥇
Émilien Jacquelin peut la savourer : il s’impose avec plus de 20 secondes d’avance sur le sprint de Kontiolahti !pic.twitter.com/sjQK5URACx
— Equipe France (@EquipeFRA) December 6, 2024
J’ai passé un cap sur la gestion des émotions et de l’engagement au tir
« Je pense avoir passé un cap en tout cas sur la gestion des émotions et de l’engagement au tir », estime le n°6 mondial – premier des non-Norvégiens – de la saison passée.
« J’aurai toujours envie de placer des attaques, d’engager, d’oser, sourit-il. Mais il faut que je sois un petit peu plus malin et que je le dose mieux. »
Son ADN ne s’est pas métamorphosé, mais à 29 ans, Jacquelin, au mieux top 5 du classement général de la Coupe du monde (en 2020 et 2022), a la volonté de se donner la chance d’exprimer son plein potentiel.
« Je m’en voudrais de finir ma carrière en me disant que j’avais les qualités pour être régulier et jouer le gros globe (de cristal, qui récompense le meilleur biathlète de la saison, Ndlr), mais que je n’y ai jamais cru, que je ne m’en suis jamais persuadé ou que je n’ai jamais osé tenter réellement. »
« L’hiver des Jeux olympiques de Pékin (en 2022), j’avais déjà entrepris ce chemin-là. Ça avait plutôt bien débuté puisque j’ai été maillot jaune (de leader) de la Coupe du monde début janvier, retrace le biathlète de Villard-de-Lans. Après, des problèmes personnels, cette blessure (fracture) au poignet (gauche), beaucoup d’énergie mise pour revenir au plus haut niveau… Et le château de cartes que j’étais en train de construire s’était effondré. »
Aux Jeux de Pékin, dans le froid polaire de Zangjiakou, Jacquelin s’était au mieux classé neuvième en quatre courses individuelles (sprint et poursuite).
« Aujourd’hui, cette passe négative est tellement derrière moi que je me sens capable de reprendre ce chemin-là », considère-t-il, avec les Jeux de Milan-Cortina dans quatorze mois en tête.
« Le réel objectif, c’est les Jeux la saison prochaine. Ce que j’ai mis en place dès cet été, c’est pour les JO, assume Jacquelin. Cette année, c’est une année de répétition ».
Le réel objectif, c’est les Jeux la saison prochaine
En particulier derrière la carabine. « Si j’arrive à être plus régulier sur le pas de tir, ça sera d’autant plus abordable d’aller chercher un titre olympique », ambitionne-t-il.
Tirer à la façon de Lucky Luke, « c’était aussi un moyen de passer au-dessus d’un certain manque de confiance, d’une appréhension durant les courses. Oser entreprendre, ça permet de dépasser des peurs, de se jeter dans le vide. C’était comme ça que je réussissais, analyse le biathlète isérois. Mais j’ai un peu moins cet esprit qui ose gagne. »
Reste à gérer le tiraillement entre instinct offensif et approche plus posée. « C’est toujours un dilemme : c’est quand j’attaque que je prends du plaisir, et ça doit rester une quête, même dans le haut niveau. Mais ce n’est pas la meilleure manière de gagner des courses, constate-t-il. A un moment donné, si vraiment je veux atteindre ces objectifs-là, il ne faut pas être simplement dans le plaisir. Il faut parfois prendre sur soi. »
Le programme de la 2e étape de Coupe du monde de biathlon, à Hochfilzen (Autriche):
. Vendredi
(11h30) Sprint 7,5 km femmes
(14h20) Sprint 10 km hommes
. Samedi
(12h15) Poursuite 10 km femmes
(14h45) Poursuite 12,5 km hommes
. Dimanche
(11h30) Relais féminin 4×6 km
(14h15) Relais masculin 4×7,5 km
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