« On sait très bien qu’on est dans une situation inédite » : la saison à peine lancée, l’affaire qui oppose Julia Simon et Justine Braisaz-Bouchet, associées pour la première fois de l’hiver en relais féminin mercredi à Östersund (Suède), tourne au casse-tête pour les Bleues.
Depuis la révélation début juillet de deux plaintes pour fraude à la carte bancaire la visant, dont une déposée par Braisaz-Bouchet, Simon, pas du genre à s’épancher – même quand ça sourit – , avait fait bonne figure. Elle avait aussi contrattaqué, en contestant fermement les faits présumés, remontant à l’été 2022, et en déposant à son tour plainte contre X pour usurpation d’identité.
Mais l’armure de la tenante du gros globe de cristal s’est fissurée dimanche quand elle s’est avouée « épuisée mentalement », sans qu’on s’y attende vraiment, juste après la première course individuelle de l’hiver, achevée hors du top 30.
« Ça paraît bizarre de dire déjà que je suis émoussée mentalement alors que c’est la première compétition individuelle, mais c’est la vérité. C’est comme ça. Il faut l’accepter, a-t-elle lâché. Je ne vais pas pleurer, quoique… »
« Je ne vais pas vous faire un dessin, l’été a été compliqué, il y a de la pression qui s’accumule. Ce sera, je pense, compliqué tout l’hiver de tenir », s’est projetée Simon.
Face à cette cohabitation forcée entre les deux fers de lance des Bleues, l’une n°1 mondiale sortante, l’autre championne olympique en titre de la mass start juste de retour de maternité, déjà sans atomes crochus dans leur jeunesse partagée aux Saisies, comment fonctionner ? Au-delà, comment faire fonctionner un groupe qui vit largement en vase clos pendant les quatre mois que durent la saison, de Coupe du monde en Coupe du monde ?
Une situation inédite, selon Cyril Burdet, entraîneur des Bleues.
« On sait très bien qu’on est dans une situation inédite, constate Cyril Burdet, qui vit son deuxième hiver comme entraîneur des Bleues. On gère ça depuis pas mal de temps. »
« Après, nous, en interne, on ne parle pas de ça tous les jours. C’est sincère : on se concentre d’abord sur la performance et sur ce qu’on a à faire pour être bon. On va trouver les solutions pour que tout le monde soit à son meilleur niveau, c’est ça l’enjeu », poursuit le technicien, pas inquiet « pour le moment » de la confession à chaud de Simon et qui n’envisage pas de traitement particulier pour l’instant.
« On fait bien la part des choses » entre sportif et extra-sportif, estimait-il auprès de l’AFP il y a quelques semaines. « Forcément il a fallu passer par certaines étapes pour que tout le monde entende ce message. Mais aujourd’hui, je pense que le groupe a retrouvé une forme de sérénité. »
« Tout le monde sait très bien maintenant qu’on n’a pas affaire à une équipe de copines, par contre on a une vraie équipe de compétitrices, qui sont là d’abord pour s’exprimer pleinement dans leur sport et être le plus performantes possibles, expose Burdet. A nous d’utiliser cette émulation et cette confrontation interne pour tirer le meilleur des filles. »
La composition du relais féminin ?? qui se déroulera mercredi, 15h20, à Östersund ??
1⃣ Lou Jeanmonnot
2⃣ Chloé Chevalier
3⃣ Justine Braisaz-Bouchet
4⃣ Julia Simon #AllezLesBleues l #OST23 pic.twitter.com/yFJ5Yllqrj— FFS – Fédération Française de Ski (@FedFranceSki) November 28, 2023
Prêtes à jouer le jeu du collectif en relais ?
Ses biathlètes sont-elles prêtes à jouer le jeu du collectif en relais ?
« Oui, parce qu’on a des intérêts communs, affirme-t-il. On travaille pour toute une équipe, un staff, et aussi toute une nation, on représente la France. Il faut savoir dépasser ses problématiques personnelles et courir pour le bien de tous. Je trouve qu’elles le font bien. »
« C’est une affaire privée, qui n’a sa place ni dans le collectif, ni dans mon projet sportif, évacue Braisaz-Bouchet. Et pour répondre simplement, je ne suis pas inquiète pour cet hiver. »
« Ce que je retiens de tout ça, c’est qu’on a une équipe qui a beaucoup gagné en maturité, avec des filles qui sont très intelligentes, très compétitrices, qui ont du caractère, et c’est ce qui fait que ça les rend redoutables sur la piste », veut positiver Burdet.
« Ca ne m’a pas empêchée de performer l’hiver dernier, et j’espère que ça ne m’en empêchera pas cette année », espérait Simon début novembre. L’entrée en matière de dimanche n’est pas de nature à rassurer.
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