Joe Biden accueille des prisonniers libérés lors d’un échange historique entre la Russie et les Occidentaux

Par Epoch Times avec AFP
2 août 2024 15:29 Mis à jour: 21 octobre 2024 08:53

Le président américain Joe Biden a accueilli jeudi soir aux États-Unis trois des détenus libérés par la Russie, parmi lesquels le journaliste américain Evan Gershkovich, au terme du plus grand accord d’échange de prisonniers entre Russes et Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

Les ex-détenus – Evan Gershkovich, l’ancien Marine Paul Whelan et la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva – sont arrivés à bord d’un avion qui s’est posé vers 23h40 (3h40 GMT) sur la base militaire d’Andrews, près de Washington. Tous trois ont été accueillis par des proches, le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

M. Gershkovich, reporter du Wall Street Journal, était détenu depuis mars 2023. Alsu Kurmasheva était aussi incarcérée en Russie, tout comme Paul Whelan, emprisonné, lui, depuis fin 2018 pour espionnage. Les services de renseignement turcs ont « mené à Ankara l’opération d’échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps », s’est vantée la présidence turque.

L’accord a permis la libération de 16 personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de 10 Russes incarcérés aux États-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège. Les Russes, dont l’agent présumé du FSB Vadim Krassikov qui purgeait une peine de prison à vie en Allemagne pour l’assassinat d’un séparatiste tchétchène, ont été accueillis jeudi soir à Moscou à la sortie de l’avion par le président Vladimir Poutine.

« Prouesse diplomatique »

À la Maison Blanche, entouré des familles des Américains libérés, le président Joe Biden a salué plus tôt les « décisions courageuses et audacieuses » d’alliés européens pour rendre possible cet échange « historique », louant les « concessions importantes » faites par l’Allemagne et la coordination de la Turquie.

En accueillant jeudi soir à Cologne d’anciens prisonniers libérés de Russie et du Bélarus, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’ils avaient « craint pour leur vie ». Parmi eux, Rico Krieger, un Allemand condamné au Bélarus pour « terrorisme » et « mercenariat », et l’opposant russe Ilia Iachine, condamné fin 2022 en Russie à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé des crimes imputés à Moscou en Ukraine.

Pour le chancelier Scholz, cette décision de relâcher l’agent présumé du FSB Krassikov a été « difficile » mais elle a « sauvé des vies ». Ce vaste échange a relevé de la « prouesse diplomatique », s’est félicité Joe Biden. « Depuis la Guerre froide, il n’y a jamais eu un nombre aussi important de personnes échangées de cette manière », a renchéri son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan et « il n’y a jamais eu, à notre connaissance, d’échange impliquant autant de pays ».

La Maison Blanche a également révélé avoir œuvré pendant des mois à la libération de l’ex-ennemi numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, avant qu’il ne meure en février dans une prison de l’Arctique, dans des circonstances troubles.

« Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, 13 en Allemagne et trois aux États-Unis », a précisé Ankara, qui les avait répartis dans sept avions. Ces « deux mineurs » seraient les enfants d’un couple d’espions russes, Artem Viktorovich Dultsev et Anna Valerevna Dultseva, arrêtés fin 2022 en Slovénie, et qui avaient été placés en famille d’accueil, selon les médias slovènes.

Le précédent Brittney Griner 

Il s’agit du premier échange entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner, détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants, contre celle du célèbre trafiquant d’armes russe Viktor Bout, emprisonné aux États-Unis. Pour Dmitri Oreschkine, un analyste politique indépendant établi à Riga, « aucun des deux camps n’a gagné ». « C’est un match nul. Poutine n’aurait jamais autorisé un accord pouvant être interprété comme un succès pour l’Amérique, l’Allemagne ou l’Occident en général », a-t-il dit à l’AFP.

Les États-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération d’Evan Gershkovich, condamné le 19 juillet en Russie à 16 ans de prison à l’issue d’un procès expéditif pour « espionnage », une accusation jamais étayée.

Le Wall Street Journal (WSJ), sa famille et le gouvernement américain n’ont eu de cesse de dénoncer une affaire montée de toutes pièces contre Evan Gershkovich, 32 ans, ancien collaborateur de l’AFP, qui avait été arrêté alors qu’il était en reportage à Ekaterinbourg (Oural). Le WSJ et l’organisation Reporters sans frontières se sont déclarés « immensément soulagés ».

Deux collaboratrices d’Alexeï Navalny, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeïeva, figurent également parmi les personnes libérées. Tout comme l’artiste Alexandra Skotchilenko, arrêtée en 2022 en Russie pour avoir remplacé des étiquettes de prix de supermarchés par des messages dénonçant l’offensive contre l’Ukraine, ou encore le jeune Russo-Allemand Kevin Lik.

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