Bien-être animal : vers une équitation plus « éthologique »

7 janvier 2018 09:35 Mis à jour: 7 janvier 2018 10:31

Les codes de l’équitation classique sont principalement hérités d’une utilisation guerrière du cheval – comme en témoigne le fait de monter toujours du côté gauche du cheval venant du port du sabre (porté à gauche pour les droitiers) qui empêchait le cavalier de monter de l’autre côté. Plus personne ne monte à cheval avec un sabre et pourtant tout le monde continue à monter et descendre du cheval par la gauche. Ce n’est qu’un exemple mais la tradition de la monte dite « classique » est principalement basée sur l’ancienne nécessité d’avoir une monture et un cavalier qui soient prêts à partir pour la guerre. L’art de monter à cheval devient donc celui de rester en selle quoi qu’il arrive et de pouvoir diriger son cheval de manière absolue – car spontanément il n’ira pas vers le feu de l’ennemi- et d’être capable de manier le sabre ou le pistolet du haut de sa monture.

L’équitation western

En Amérique, s’est développée une autre équitation, l’équitation western qui est une équitation de travail.

Cette équitation est proche de l’équitation classique en ce sens que le cheval est également soumis à l’homme et doit répondre aussi au doigt et à l’œil. Cependant le caractère pacifique de l’activité, les très longues périodes passées avec son cheval ainsi que la finesse de la relation exigée dans le travail ont certainement contribué à renforcer la complicité et à personnaliser la relation entre le « cow-boy » et sa monture. Pas étonnant donc que ce soit de là que s’est développé le concept d’équitation « éthologique ».

 

Alors concrètement, l’équitation éthologique c’est quoi ?

L’équitation est l’art de monter à cheval et l’éthologie est l’étude comportementale d’une espèce dans son milieu naturel.

Le mixe des deux pourrait signifier « l’art de monter à cheval en tenant compte du comportement et des besoins naturels du cheval ».

Le concept de la monte dite « éthologique » nous vient de l’Amérique de l’entre deux guerre. C’est en effet cette génération nouvelle qui, lasse de voir avec quelle « cruauté » se déroulait le processus de « débourrage » de ces chevaux « cassés » (« broken »), ont commencé à étudier et à développer d’autres manières de former le cheval, entre autres en intégrant certaines méthodes indiennes plus douces et surtout en étudiant le comportement du cheval sauvage, ces fameux troupeaux de mustangs.

Jusqu’alors, pour le « débourrer », on attachait l’animal à un poteau sans eau et sans nourriture pendant 3 jours ou on lui attachait un pied (le cheval a des jambes et des pieds et non des pattes) et on le faisait marcher jusqu’à l’épuisement; les méthodes étaient diverses mais le but était le même : briser sa volonté jusqu’à ce que le cheval dise « Pitié, c’est bon je ferai tout ce que tu voudras mais arrête de me faire souffrir ».

Du renforcement négatif au renforcement positif

C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la méthode du renforcement « négatif ». Le terme « négatif » se rapporte au fait d’enlever une « gêne » qu’on a provoquée préalablement dès qu’on obtient le comportement désiré. À l’opposé, le renforcement positif, lui, consiste à ajouter une récompense après avoir obtenu le comportement demandé.

C’est un peu le vieux principe de la carotte et du bâton.

Jusque là le cheval avait une fonction utilitaire mais avec le développement technologique, il s’est fait une place dans le loisir et est même devenu dans de nombreux cas un animal de compagnie.

Du cheval utilitaire « soumis » au cheval de loisir « partenaire »

Rappelons-nous tout d’abord que pendant des siècles le cheval faisait office à la fois de nourriture, de moyen de transport, de tracteur et d’arme de guerre.

Le changement de fonction du cheval, a eu des répercutions sur les méthodes de dressage, mais c’est surtout dans la manière de considérer la relation homme-cheval que la révolution a eu lieu.

On considérait alors que le cheval était un outil à la disposition de l’homme et la plus part du temps il était traité comme tel. On ne tenait pas compte du caractère du cheval étant donné qu’ils devaient tous idéalement répondre aux mêmes codes et de la même manière afin d’être interchangeables.

Bref, la relation homme-cheval se traduisait par la soumission totale du cheval à la volonté de l’homme.

Plus tard et grâce entre autres à un engouement majoritairement féminin pour l’équitation de loisir, la relation inter espèce humain-cheval est devenue moins utilitaire et plus affective.

On a commencé à regarder le cheval comme un être sensible avec ses besoins, ses sentiments, son langage, son caractère et son individualité propre, bref une sorte d’alter ego.

De nombreuses disciplines nouvelles ont vu le jour telles que le poney-game (jeu avec le poney) ou l’équi-feel (épreuve jugeant de la complicité avec le cheval et se déroulant à pied et en semi liberté).

Du cheval partenaire au cheval générateur de « mieux-être »

En vogue au Canada, au Québec, en Belgique, en Allemagne et maintenant aussi en France, l’équicie, l’équithérapie, ou encore l’hippothérapie, se développent au profit des personnes en situation de handicap ou connaissant des difficultés passagères.

Qu’il s’agisse d’hémiplégie, d’autisme, de dépression, de dyslexie ou de simple timidité, la relation avec le cheval a des vertus réparatrices qui ont été mises en évidence par des études de plus en plus nombreuses.

Pour former ces chevaux, on privilégie tout particulièrement le bien-être du cheval – il vivra au pré, en troupeau, si possible pieds nus (non ferrés). La confiance du cheval en l’humain est la condition sine qua non de la médiation équine. On insiste sur le fait d’entretenir une « relation positive » avec le cheval, relation elle-même constituée par une succession « d’interactions » positives, sachant qu’une mémoire négative pèse plus lourd qu’une mémoire positive : s’il est long et difficile de gagner la confiance d’un cheval, il est rapide et facile de la perdre.

Le cheval doit être un « vrai » cheval, on ne lui demande plus de s’inhiber et d’obéir mais de ressentir, de s’exprimer et d’interagir avec l’homme dans un climat de confiance. La magie de la relation homme-cheval peut alors opérer.

Les bénéfices de la relation de l’homme et du cheval avaient déjà été mis en lumière il y a plus de deux mille ans par l’illustre Xénophon.

(Capture d’écran YouTube)

R.B

 

 

 

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