Birmanie: la junte militaire accepte d’accélérer la réalisation des projets de Pékin

Par Aldgra Fredly
8 juillet 2022 15:03 Mis à jour: 8 juillet 2022 15:03

La Chine a envoyé son plus haut diplomate en Birmanie pour s’entretenir avec la junte militaire qui a renversé le gouvernement élu l’année dernière, alors que Pékin cherche à renforcer ses liens bilatéraux dans la région Asie-Pacifique.

Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a rencontré son homologue birman, U Wunna Maung Lwin, en marge de la septième conférence ministérielle de la coopération Lancang-Mekong qui s’est tenue en Birmanie (également appelée Myanmar) le 3 juillet.

Au cours de la conférence, M. Wang a déclaré que les relations entre la Chine et la Birmanie restaient « solides comme le roc » et « indissolubles », quels que soient les changements intérieurs dans les deux pays, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le régime chinois maintiendra sa « politique d’amitié » avec la Birmanie et soutiendra les efforts du pays « dans la sauvegarde de ses droits et intérêts légitimes et de sa dignité nationale », a déclaré le ministre chinois.

Les deux parties ont convenu d’accélérer la construction du Corridor économique Chine-Myanmar (CECM) et de tenir des discussions « au moment opportun pour renforcer la coopération économique et commerciale bilatérale ».

Elles ont également convenu de « mettre en œuvre l’accord sur le réseau électrique transfrontalier » et d’assurer « le bon fonctionnement des oléoducs et gazoducs Chine-Myanmar ».

Le ministère a souligné que Wunna Maung Lwin a exprimé à Wang Yi sa gratitude pour « l’aide désintéressée de la Chine au développement national du Myanmar » et s’est engagé à soutenir la position de Pékin sur Taïwan, Hong Kong et le Xinjiang.

Relations sino-birmanes

La Chine maintient des liens étroits avec la Birmanie malgré la condamnation générale de la junte militaire qui a destitué le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi et réprimé les manifestants prodémocratie.

Plusieurs pays occidentaux ont introduit des sanctions contre l’armée birmane et ses entreprises à la suite de la répression de ces manifestations et de la poursuite de Mme Suu Kyi. Cependant, la Chine et la Russie ont empêché le Conseil de sécurité de l’ONU de condamner le coup d’État militaire de l’année dernière.

Au moins 1600 personnes ont été tuées et plus de 12.500 ont été arrêtées depuis que l’armée a pris le pouvoir en février 2021. Environ 440.000 autres personnes ont été déplacées, selon les Nations unies.

Le précédent gouvernement birman, dirigé par Aung San Suu Kyi, a signé 33 accords bilatéraux avec la Chine en janvier 2020 pour mettre en œuvre le CEMC – le projet faisant partie du titanesque programme chinois « Belt and Road Initiative » (la « nouvelle route de la soie ») qui vise à renforcer l’influence géopolitique de Pékin dans le monde entier et qui est dénoncé par ses critiques comme un « piège de la dette » pour les petites nations.

Le CEMC implique plusieurs projets d’infrastructure en Birmanie, notamment un chemin de fer reliant la province chinoise du Yunan au port birman de Kyaukphyu. Ceci offrira à Pékin un accès direct à l’océan Indien, ainsi que la construction d’un port en eau profonde dans cette région.

Selon des rapports locaux, les accords sino-birmans prévoient également l’établissement des « relations d’amitié » entre la province du Yunnan et la région de Yangon en Birmanie, ainsi que la mise en œuvre du CEMC dans la région de Mandalay.

De plus, les deux parties ont convenu d’entreprendre une étude de faisabilité sur le projet d’interconnexion électrique Chine-Birmanie.

Toutefois, les accords n’incluaient pas le projet de barrage hydroélectrique de 3,6 milliards de dollars appuyé par la Chine dans l’État de Kachin. La réalisation de ce projet a été interrompue en 2011 à la suite des protestations liées à ses implications environnementales et socio-économiques.

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