ASIE / PACIFIQUE

Birmanie: l’ONU appelle à couper l’accès de la junte aux armes et aux devises

juillet 6, 2023 14:40, Last Updated: juillet 6, 2023 14:57
By

L’ONU a appelé jeudi la communauté internationale à couper l’accès de la junte birmane aux armes et devises étrangères, soulignant que les armes qui sont utilisées par les généraux contre la population « ne tombent pas du ciel ».

La Birmanie a sombré dans un chaos maintes fois dénoncé par l’ONU et les organisations de défense des droits, à la suite du coup d’État de février 2021 contre Aung San Suu Kyi, qui a mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans.

« La peur et la terreur » pour la population

La population vit dans « la peur et la terreur », a affirmé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, lors de la présentation de son nouveau rapport sur la Birmanie devant le Conseil des droits de l’homme.

Il a appelé « tous les pays à cesser et à empêcher la fourniture d’armes à l’armée et à prendre des mesures ciblées pour limiter l’accès des généraux aux devises étrangères, au carburant d’aviation et aux autres moyens qui sont utilisés pour attaquer la population ». « Ces armes ne tombent pas du ciel », a-t-il lancé, appelant à « analyser les intérêts économiques qui se cachent derrière ».

Le Rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains en Birmanie, Thomas Andrews, a souligné lui que « les devises étrangères permettent à la junte d’acheter des armes, d’approvisionner ses usines d’armement et de ravitailler ses avions et ses hélicoptères ».

« Il est essentiel que la communauté internationale agisse de manière coordonnée pour priver la junte de ces fonds », a-t-il dit, encourageant l’Union européenne et les États-Unis à poursuivre leurs efforts et appelant les autres pays à les imiter.

Plusieurs pays ont exprimé devant le CDH leur inquiétude face à la situation en Birmanie. L’ambassadrice américaine Michèle Taylor a accusé « le régime d’acheter des armes au lieu de nourrir ses citoyens », tandis que son homologue français Jérôme Bonnafont a dénoncé « l’ampleur des exactions massives et délibérées commises par les forces armées birmanes ».

« Des villages entiers sont rasés »

« Des villages entiers sont rasés et incendiés », a assuré pour sa part le Haut-Commissaire, indiquant que les militaires avaient brûlé au moins 70.000 maisons dans tout le pays depuis le coup d’État, dont 70% dans la région de Sagaing (environ 500 km au nord de Rangoun).

Il a assuré, citant des sources crédibles, que « 3747 personnes étaient mortes entre les mains des militaires depuis qu’ils ont pris le pouvoir, et 23.747 ont été arrêtées », et a appelé à la libération sans délai des « 19.377 prisonniers politiques ».

Blocage persistant de l’aide humanitaire

Le haut responsable onusien a également dénoncé les « attaques directes » dont sont victimes les travailleurs humanitaires, indiquant que jusqu’à 40 d’entre eux ont été tués depuis le coup d’État et plus de 200 autres arrêtés. Il a une fois de plus critiqué « le refus systématique de l’armée » d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire. Ce blocage peut constituer « des crimes de guerre » et « contre l’humanité », selon son rapport.

Selon l’ONU, 15,2 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence dans le pays. « Cette obstruction à l’aide vitale est délibérée et ciblée », a affirmé M. Türk. Il a en particulier pointé du doigt la décision de la junte de restreindre l’accès des organisations humanitaires aux victimes du cyclone Mocha qui a frappé en mai la Birmanie, ravageant l’État Rakhine.

Celui-ci abrite des centaines de milliers de Rohingyas – une minorité musulmane persécutée – dont beaucoup vivent dans des camps hébergeant des personnes déplacées à la suite de décennies d’un conflit inter-ethnique.

« Ils ont suspendu toutes les autorisations de voyage dans l’État Rakhine, autorisant finalement la reprise de la distribution de l’aide si celle-ci n’était pas liée au cyclone. Il est toutefois important de noter que tous les versements d’aide humanitaire liés au cyclone Mocha restent gelés, à moins qu’ils ne soient acheminés par les militaires », a expliqué Volker Türk.

M. Andrews a pour sa part relevé que « seul un des 57 États membres de l’Organisation de Coopération Islamique a fait un don l’an dernier au Plan de réponse conjoint à la crise humanitaire des Rohingyas l’an dernier ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER