La junte birmane a annoncé lundi la libération de plus de 3000 prisonniers à l’occasion du Nouvel An bouddhiste, sans préciser si cette amnistie s’appliquait à ceux arrêtés dans le cadre de sa répression contre l’opposition.
Le chef de la junte Min Aung Hlaing a « gracié 3015 détenus pour célébrer le Nouvel An birman, pour la paix du peuple, et sur des bases humanitaires », a indiqué le service communication de l’armée au pouvoir. En cas d’une nouvelle infraction à la loi, les personnes libérées devront purger le restant de leur condamnation avec une peine supplémentaire, est-il indiqué. Le communiqué n’a pas précisé si des opposants à la junte, ou des journalistes emprisonnés pour avoir couvert le putsch, étaient concernés par l’amnistie. À ce total s’ajoutent quelque 98 étrangers condamnés en Birmanie qui vont également être remis en liberté, selon une autre annonce de la junte, qui n’a pas livré d’autres détails.
L’espoir de retrouver un proche libéré
Devant la prison d’Insein, à Rangoun, une centaine de personnes se sont réunies dans l’espoir de retrouver un proche incarcéré qui aurait bénéficié de l’amnistie. Certains ont crié des noms et fait de grands signes lorsque deux bus jaunes sont sortis de l’enceinte pénitentiaire. « J’espère qu’il va être libéré aujourd’hui » (lundi), a déclaré à l’AFP Win Win Htay, à propos de son plus jeune frère, derrière les barreaux depuis quatre mois pour un petit couteau, que la police a découvert sur lui à un contrôle.
Un massacre faisant 170 morts, juste avant les festivités
Environ 170 personnes avaient trouvé la mort mardi lors d’un raid aérien dans un village de la région de Sagaing (centre), la junte justifiant cette attaque par la présence de nombreux rebelles sur les lieux. En réaction à ce massacre qui a provoqué de nouvelles réactions d’indignation à l’international, plusieurs grandes villes birmanes sont restées silencieuses au moment des festivités du Nouvel An bouddhiste, marquées habituellement par de grandes batailles d’eau dans les rues.
Arrestations massives depuis le coup d’État
Plus de 21.000 personnes ont été arrêtées depuis le coup d’État, selon une ONG locale. Le coup de filet de la junte a concerné au moins 170 journalistes, d’après les Nations unies. Aung San Suu Kyi (77 ans) reste détenue dans la capitale Naypyidaw, où elle purge une condamnation de 33 ans de prison pour une litanie de charges, jugées politiques par les groupes de défense des droits humains. La répression violente conduite par la junte militaire au pouvoir est dénoncée par les groupes de défense des droits. Des combats ont éclaté dans plusieurs régions de la Birmanie, entre la junte et ses opposants armés — à la fois des combattants anti-coup, et des groupes ethniques qui la combattent depuis des années.
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