Révélé tardivement, le « phénix » Olivier Giroud a tissé le fil d’une carrière atypique en jouant des coudes, renvoyant l’image d’un buteur besogneux malgré les creux, jusqu’à devenir, mardi, l’égal de Thierry Henry au sommet des buteurs de l’équipe de France, sa maison.
À 36 ans, l’inoxydable avant-centre a décroché au Qatar le record ultime qu’il guettait depuis plusieurs années: les 51 buts de son illustre prédécesseur, passé comme lui du côté d’Arsenal.
Et il n’a pas traîné puisqu’il l’a fait avec un doublé d’entrée, contre l’Australie pour le premier match (32e et 71e) des Bleus.
Quel destin ! En septembre, sa participation au Mondial qatari était loin d’être certaine, Didier Deschamps l’ayant laissé de côté à chaque fois que Karim Benzema était disponible depuis un an.
Mais Giroud a su se rendre indispensable et gagner sa place, une nouvelle fois. Le forfait de Benzema lui a ensuite ouvert un boulevard vers le « onze » de départ et les 51 buts.
« Je me suis toujours construit dans l’adversité »
Du Grenoble Foot 38, son club formateur, au stade Al Janoub d’Al Wakrah, le grand barbu d’un mètre quatre-vingt-treize a écrit son histoire avec résilience, fidèle à ses rêves et ses croyances.
« Je me suis toujours construit dans l’adversité, c’est un peu l’histoire de ma carrière », décrivait-il en 2020 dans un entretien à beIN Sports. « Il y a des fois où j’aurais préféré que ce soit plus facile mais il faut croire que la difficulté me fait avancer ».
Le portail du château des Yvelines s’ouvre en novembre 2011 pour l’athlétique N.9, à 25 ans. « J’aime bien avoir, à ce poste-là, un joueur atypique par la taille, avec un rôle de pivot », s’explique le sélectionneur d’alors Laurent Blanc.
Quelques mois plus tard, un autre rêve se réalise, la Premier League: en cinq ans et demi à Arsenal, le canonnier français déroule sa palette: subtiles déviations, coups de casque et gros pétards en lucarne, tout y passe.
En parallèle, il devient l’homme de base de Didier Deschamps, d’abord aux côtés de Benzema, puis sans lui une fois le Madrilène banni.
« Peu importe les circonstances, je ne lâche rien »
Le public lui fait parfois payer la mise à l’écart de son concurrent, de manière totalement « injuste » selon Deschamps. Entre périodes prolifiques et sans but, comme au Mondial-2018 qu’il remporte comme titulaire, Giroud trouve réponse à tout.
« Mes potes m’appellent le phénix grenoblois. C’est un compliment, ça veut dire que peu importe les circonstances, je ne lâche rien », dira-t-il en 2021, après un doublé inscrit en remplacement de… Benzema, tout juste rappelé par « DD ».
Le chrétien évangélique, auteur d’un livre intitulé « Toujours y croire », a d’ailleurs le pardon facile vis-à-vis du Madrilène, qui s’était comparé à une « Formule 1 » face au « karting » Giroud. « Je l’inviterai sur un circuit de kart et on se tirera la bourre au kart, voilà! », plaisante-t-il.
Il use du même ton blagueur avec Henry lorsque ce dernier le taquine en l’appelant « le vieux ». « Il me régale, « Titi » ! (…) T’es encore bien en avance, mon poulet », répond-il au champion du monde 1998, en mars dernier sur Prime Vidéo.
Un titulaire indiscutable
Au fil des années, l’homme aux 115 sélections perd parfois du temps de jeu, à Arsenal puis Chelsea. Mais à chaque fois, l’équipe de France lui offre un bol d’air, il s’y montre décisif.
De résurrection en résurrection, Giroud choisit ensuite l’AC Milan. Il y devient incontournable, avec un scudetto ajouté dans l’armoire à trophées.
Et lorsque son statut vacille chez les Bleus, en 2022, il dévore chaque « miette » avec l’appétit d’un ogre, acceptant un rôle de doublure de Benzema en attendant son heure.
À 36 ans, celle-ci est enfin arrivée.
Même les médias sportifs français, longtemps mitigés à son encontre, deviennent unanimes à l’approche du Mondial-2022. « Ces derniers temps, il est adoré ! », a plaisanté Deschamps lundi. « Il y en a beaucoup qui l’ont critiqué, mais depuis peu, c’est un titulaire indiscutable ! Donc la France est ravie, moi aussi, et Olivier aussi ».
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