L’Union européenne a engagé jeudi un bras de fer avec Pékin en saisissant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Chine accusée de bloquer des importations lituaniennes, sur fond de tensions diplomatiques au sujet de Taïwan.
Le gouvernement chinois a aussitôt dénoncé des accusations sans « aucun fondement ».
Le différend est perçu comme un test pour l’unité des Vingt-Sept et leur volonté de s’affirmer davantage sur la scène internationale.
Bruxelles affirme avoir accumulé ces dernières semaines des preuves de pratiques commerciales illégales, citant notamment « le refus de dédouaner les marchandises lituaniennes ».
« Les tentatives de résolution bilatérale ayant échoué, l’UE a décidé d’engager une procédure de règlement des différends contre la Chine », a annoncé la Commission européenne, dans un communiqué.
Un différend politique
Ce litige commercial découle d’un différend politique.
La Lituanie, un pays membre de l’UE de moins de trois millions d’habitants, a en effet permis à Taïwan d’ouvrir en novembre une représentation officielle dans sa capitale Vilnius sous son propre nom.
Cette décision a suscité l’ire de la Chine qui rejette toute utilisation officielle du mot Taïwan. Pékin ne reconnaît pas le statut d’État à cette île qu’elle considère comme une de ses provinces.
La Lituanie affirme que la Chine bloque depuis décembre les importations en provenance de son territoire.
Pékin avait auparavant annoncé, le 25 novembre, ne plus délivrer de visas dans cet Etat balte, mais dément toute pression économique.
« Affirmer que la Chine exerce une soi-disant coercition contre la Lituanie ne repose sur aucun fondement », a affirmé jeudi Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Le problème entre la Chine et la Lituanie est d’ordre politique, pas économique ».
C’est un problème « bilatéral » avec ce pays, « pas une affaire entre la Chine et l’UE », a-t-il ajouté.
Désamorcer le conflit par le dialogue
Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a salué l’initiative de Bruxelles. « L’UE a envoyé un message très clair à la Chine, à savoir qu’elle ne tolérera pas la coercition économique (fondée) sur une motivation politique », a-t-il déclaré, tout en appelant à désamorcer le conflit par le dialogue.
Le président lituanien Gitanas Nauseda, qui qualifie d’« erreur » l’utilisation du terme Taïwan, a exhorté jeudi le gouvernement à « corriger » le nom de la représentation. Mais M. Landsbergis a assuré qu’il n’y avait aucun projet en vue de le modifier.
« Ces actions, qui semblent discriminatoires et illégales au regard des règles de l’OMC, portent préjudice aux exportateurs tant en Lituanie qu’ailleurs dans l’UE, car elles visent également les produits à contenu lituanien exportés par d’autres pays de l’UE », assure Bruxelles.
« La Chine est un partenaire essentiel pour l’UE », a souligné le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis au cours d’une conférence de presse. « Nous voulons maintenir et approfondir cette relation, mais cela exige un respect mutuel ».
Mais moins d’1% des exportations lituaniennes sont destinées à la Chine, pour un montant de seulement 300 millions d’euros en 2020.
L’UE et la Chine sont en revanche l’une pour l’autre le premier partenaire commercial, devant les Etats-Unis. Les échanges de biens entre elles ont totalisé 586 milliards de dollars en 2020.
Lithuania foreign minister says no plans to change Taiwan de-facto embassy name https://t.co/YhspS0DEMS pic.twitter.com/8fAnNz4DF2
— Taiwan News (@TaiwanNews886) January 27, 2022
Une procédure à l’OMC
« Entamer une procédure à l’OMC n’est pas une démarche que nous prenons à la légère », a souligné M. Dombrovskis. Mais il n’y avait, selon lui, « pas d’autre solution » après des semaines de discussions infructueuses.
« L’UE est déterminée à agir d’une seule voix et à agir rapidement contre les mesures contraires aux règles de l’OMC, qui menacent l’intégrité de notre marché unique. Nous poursuivons en parallèle nos efforts diplomatiques pour désamorcer » le différend, a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils demanderaient à « participer aux consultations à l’OMC en solidarité avec la Lituanie et l’Union européenne ».
Washington a invoqué son inquiétude face aux « pratiques commerciales discriminatoires » de Pékin et assure vouloir travailler avec ses alliés « pour repousser le comportement économique et diplomatique coercitif » de la Chine, a souligné dans un communiqué Adam Hodge, le porte-parole du représentant américain au Commerce (USTR).
Taïwan a dit jeudi « offrir à la Lituanie et à l’UE la plus grande solidarité et le plus grand soutien ».
La première étape de la procédure de règlement des différends de l’OMC, qui peut durer des années, consiste en une « demande de consultations », par laquelle l’UE demandera officiellement à Pékin des informations complémentaires sur ses mesures.
En cas d’échec de ces consultations dans les 60 jours, l’UE pourra demander la constitution d’un groupe chargé de statuer sur la question.
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