Cent cinquante étudiants bordelais vont bénéficier à partir de lundi d’un versement mensuel de 100 euros en monnaie locale, dans le cadre d’un projet d’expérimentation d’une Sécurité sociale de l’alimentation destiné à permettre un accès universel à une alimentation durable.
Pour en bénéficier, les étudiants tirés au sort devront verser une cotisation mensuelle minimale de 10 euros, « selon une grille de cotisation suggérée en fonction des revenus », ont précisé mardi les promoteurs du projet, qui durera jusqu’en juillet prochain.
Ces cotisations ne couvriront qu’une petite partie du budget estimé à 200.000 euros, qui est financé essentiellement par des subventions (région, département, ville, universités), des dons de fondations et un financement participatif.
« Possibilité de manger sain »
Les étudiants pourront dépenser les 100 gemmes reçus dans les magasins du réseau conventionné de la Gemme, l’association portant cette monnaie locale girondine, qui répondent à un cahier des charges promouvant des producteurs locaux aux « pratiques respectueuses de l’environnement et du vivant ».
« C’est très important de donner la possibilité de manger sain, car quand on n’a pas beaucoup d’argent, on ne pense pas forcément à manger sain, on pense à manger avant tout », a déclaré lors d’un point-presse Romain Delpy, l’un des étudiants tirés au sort, qui entame une thèse en informatique.
Le Crepaq, association régionale promouvant une transition écologique et solidaire, a choisi de développer l’expérience sur le campus, car elle a perçu « depuis la fin 2019 les problèmes de précarité alimentaire des étudiants, avant même le confinement », a déclaré son directeur Dominique Nicolas.
« Retour d’expérience extrêmement riche »
Plus largement, la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) est une réponse aux limites de l’aide alimentaire d’urgence, illustrées par le cri d’alarme récent des Restos du cœur, plaide-t-il. « Il faut trouver un autre système. Il y a différentes expérimentations de Sécurité sociale de l’alimentation lancées en France, c’est une voie complémentaire dans un premier temps, mais qui ensuite peut remplacer les dispositifs d’urgence », estime-t-il, espérant une loi instituant la SSA « dans quelques années ».
Une autre expérimentation portée par le conseil départemental de Gironde et soutenue par la ville de Bordeaux doit d’ailleurs être lancée au printemps prochain. « Elle ne vise pas les mêmes publics et les mêmes types de produits, donc on va avoir un retour d’expérience extrêmement riche sur le territoire », a déclaré Jean-Baptiste Thony, conseiller municipal délégué pour l’économie circulaire et la monnaie locale.
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