Brésil : le réseau social X menacé d’une « suspension imminente »

Par Epoch Times
30 août 2024 13:20 Mis à jour: 30 août 2024 14:48

Le réseau social X est menacé d’une « suspension imminente » si l’entreprise d’Elon Musk ne désigne pas un représentant légal pour le pays.

Ce nouvel épisode a commencé mercredi soir, quand le juge Alexandre de Moraes a menacé de suspendre X si son propriétaire Elon Musk ne nommait pas sous 24 heures un représentant légal de l’entreprise dans le pays.

« Twitter est mort »

Dans une injonction publiée sur ce réseau social, le juge Moraes, du Tribunal fédéral suprême (STF), a ordonné à M. Musk d’indiquer « dans les 24 heures le nom et la qualité du nouveau représentant légal de X » au Brésil sous peine de « suspension immédiate des activités du réseau social ».

Le hashtag « Twitter morreu » (Twitter est mort ») était un des plus utilisés au Brésil après la publication de l’injonction de la Cour suprême.

Le 17 août, Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux de X au Brésil, tout en laissant le service disponible pour les utilisateurs brésiliens. Il avait alors accusé le juge Moraes d’avoir menacé d’arrestation son représentant légal au Brésil, ce que le réseau social considère être une forme de « censure » visant à bloquer certains contenus.

« Si nous avions accepté la censure secrète (illégale) d’Alexandre de Moraes et les demandes de transfert d’informations privées, nous n’aurions pu expliquer nos actions sans avoir honte », avait affirmé M. Musk.

Désinformation vs censure

Au nom du combat contre la désinformation, le juge a ordonné ces dernières années le blocage des comptes de figures influentes de la droite nationaliste brésilienne. Et ce en particulier depuis que l’ancien Président Jair Bolsonaro (2019-2022) et ses partisans, contestent le système de vote électronique et le résultat de l’élection en 2022 qui a permis à Luiz Inacio Lula d’arriver au pouvoir.

Le juge a ouvert en avril une enquête sur Elon Musk en l’accusant d’avoir réactivé des comptes dont la suspension avait été ordonnée par la justice brésilienne. M. Musk, lui, l’accuse d’étouffer la liberté d’expression.

En avril, X avait admis que les utilisateurs de plusieurs comptes bloqués avaient réussi à contourner les restrictions. Les comptes concernés appartiennent à des personnalités conservatrices comme le sénateur Marcos do Val, un ancien allié de M. Bolsonaro, selon la police fédérale.

« Nous nous attendons à ce que le juge Alexandre de Moraes ordonne sous peu le blocage de X au Brésil, simplement parce que nous n’avons pas respecté ses ordres illégaux de censure de ses opposants politiques », a déclaré la plateforme dans un communiqué.

La compagnie de satellites Starlink, qui lui appartient également, a par ailleurs indiqué jeudi sur X que le juge Moraes avait « ordonné le gel de ses avoirs financiers » au Brésil, confirmant des informations de presse. Selon cette entreprise, qui opère au Brésil pour fournir l’accès internet notamment en Amazonie, « cet ordre est basé sur le postulat infondé que Starlink devrait être responsable (du paiement) d’amendes infligées – anticonstitutionnellement – à X ». La société a dit vouloir traiter cette affaire « par la voie légale ».

La messagerie Telegram déjà bloquée à deux reprises

Une éventuelle suspension de X ne serait pas une première au Brésil : la messagerie cryptée Telegram a été bloquée temporairement à deux reprises.

En 2022, Telegram était accusée de ne pas avoir collaboré avec les autorités contre la désinformation, et notamment de ne pas suspendre le compte d’Allan dos Santos, blogueur partisan de l’ex-Président Jair Bolsonaro visé par une enquête pour désinformation.

Le juge Alexandre de Moraes avait ensuite révoqué la décision de suspendre Telegram estimant que la messagerie en ligne s’était conformée aux ordres judiciaires en assurant la surveillance « manuelle » des 100 chaînes les plus populaires au Brésil, la possibilité de signaler des publications jugées inexactes et la restriction des profils qui diffusent de la désinformation et la promotion d’informations vérifiées, selon les Échos.

En 2023, la messagerie était poursuivie pour ne pas avoir fourni aux autorités des données individuelles sur des groupes néonazis actifs sur la plate-forme. Cette décision avait été annulée ensuite par un magistrat considérant que cette suspension appliquée à tout le pays n’était « pas raisonnable », car elle affectait « la liberté de communication de milliers de personnes qui n’ont aucun lien avec les faits examinés ».

Selon le site spécialisé DataReportal, X compte plus de 22 millions d’usagers au Brésil. Parmi eux, le président Luiz Inacio Lula da Silva. Comme pour préparer ses « followers » à une suspension de X, il y a publié jeudi en fin de journée les coordonnées de ses comptes officiels sur les réseaux sociaux concurrents.

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