ÉTATS-UNIS

Brésil : quatre millions d’hectares d’Amazonie ouverts à l’exploitation minière

août 25, 2017 13:45, Last Updated: août 25, 2017 10:00
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L’ouverture à l’exploitation minière d’une gigantesque surface de forêt amazonienne de la taille du Danemark a déclenché un tollé au Brésil, où fusent les critiques qui accusent le gouvernement de brader le poumon de la Terre.

Même la top-model Gisele Bundchen s’est mobilisée, accusant sur Twitter le gouvernement du président conservateur Michel Temer de « brader l’Amazonie ».

Le décret présidentiel de mercredi a mis fin au statut de réserve d’une zone de près de quatre millions d’hectares de forêt situés entre les États du Para et Amapa (nord).

Connue sous le nom de Renca, cette réserve, créée en 1984 pendant la dictature militaire, comprend entre autres neuf zones protégées en raison de la richesse de sa biodiversité, ainsi que des territoires des tribus indiennes Aparai, Wayana et Wajapi.

Mais elle recèle aussi d’importants gisements d’or, de fer, de cuivre ou de manganèse.

Des minerais pratiquement inexploités jusqu’à présent, dans la mesure où le statut de réserve limitait cette activité à des entreprises publiques.

La décision d’ouvrir l’extraction au privé s’inscrit dans la droite ligne des initiatives libérales du gouvernement Temer pour tenter de sortir le Brésil d’une récession historique.

« L’idée initiale du décret c’est l’expansion économique, mais il peut avoir aussi un fort impact socio-environnemental », explique à l’AFP Ely Paiva, chercheur de la Fondation Getulio Vargas.

« Quel prix va-t-on payer dans une zone aussi sensible que l’Amazonie ? », demande-t-il.

Brader l’Amazonie

Même si le texte du décret stipule que le changement de statut « ne remet pas en cause l’application de la loi concernant la protection de la flore et des territoires autochtones », les écologistes tirent la sonnette d’alarme.

Acculé par de graves accusations de corruption, le président Temer, dont la survie politique dépend du soutien des puissants lobbys parlementaires liés notamment à l’agro-business et au secteur minier, a régulièrement été accusé de brader l’Amazonie pour sauver son mandat.

Il a notamment réduit la taille de zones d’autres réserves naturelles et donné son aval au gel de la cession de titres de propriété destinés à des Indiens d’Amazonie.

Face aux critiques, le chef de l’État a tenu à réagir jeudi soir, affirmant dans un communiqué qu’« aucune réserve environnementale n’a été affectée par le décret », expliquant qu’il s’agit de la réorganisation d’une « réserve minière ».

Selon lui, le nouveau statut permettra d’encadrer l’exploitation pour éviter « les dégradations causées par les activités minières clandestines (…) pour favoriser un développement durable de l’Amazonie ».

Mais pour des ONG comme le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’ouverture de la réserve de Renca à l’exploitation minière privée risque de causer des dommages irréversibles pour l’environnement et les tribus indiennes de la région.

« C’est une tragédie annoncée, qui peut entraîner la déforestation et la pollution des fleuves », déclare à l’AFP Mauricio Voidovic, directeur exécutif de WWF au Brésil.

Mobilisation

Mercredi, dès que le décret du président Temer a été publié au Journal Officiel, de nombreuses critiques ont fusé sur les réseaux sociaux, avec des mots-clés comme « SOS Amazonie » ou « Tous pour l’Amazonie ».

« C’est la pire attaque contre l’Amazonie des cinquante dernières années. Même la dictature militaire n’avait osé aller aussi loin », a fulminé le sénateur Randolfe Rodrigues, du parti de gauche Rede, qui a promis d’aller devant les tribunaux pour tenter d’annuler le décret.

Plusieurs célébrités se sont aussi mobilisées, notamment Gisele Bundchen.

« Quelle honte, ils sont en train de brader notre Amazonie ! Nous ne pouvons pas détruire les zones protégées au profit des intérêts privés », a-t-elle lancé sur Twitter.

En juin, le président Temer avait répondu à d’autres critiques de la top-model sur les réseaux sociaux en annonçant qu’il allait opposer son véto à des lois qui auraient réduit des zones de protection environnementale.

Une annonce faite avec un certain sens du timing, quelques heures avant son départ pour un voyage officiel en Norvège, principal bailleur de fonds pour la protection de la forêt amazonienne.

Mais sa stratégie n’a pas été couronnée de succès : une fois à Oslo, il a été prévenu que les paiements du pays scandinave seraient divisés par deux en 2017 du fait de l’accélération de la déforestation.

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