Le gouvernement de Boris Johnson va présenter mercredi un premier budget post-Brexit du Royaume-Uni bousculé par la crise du coronavirus, où la réalisation de certaines promesses d’investissements dans les infrastructures et la transition climatique pourraient être différée.
Le nouveau Chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances) Rishi Sunak a promis dimanche sur la BBC que le service public de santé (NHS) « se verrait attribuer toutes les ressources nécessaires pour répondre à cette crise sanitaire ».
Des fonds ont déjà été débloqués pour permettre aux hôpitaux de s’équiper et pour aider au développement rapide d’un vaccin.
Comme dans beaucoup d’autres pays touchés, le virus a aussi entraîné l’annulation de multiples événements ou voyages et l’évacuation de centaines de salariés qui doivent travailler chez eux ou se retrouvent au chômage technique.
L’industrie manufacturière, notamment automobile, est particulièrement affectée, car les livraisons de matériaux et pièces détachées sont perturbées. Les secteurs aérien et du tourisme souffrent aussi, avec une première victime de l’épidémie, la compagnie régionale Flybe, contrainte de cesser ses activités face à l’effondrement du trafic.
Prévision de croissance en baisse
De ce fait, l’OCDE a abaissé sa prévision de croissance pour le Royaume-Uni à 0,8% contre 1% cette année.
Cette tempête s’abat alors que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, finalement réalisée fin janvier après trois ans et demi d’impasse, a déjà coûté plus de 4,4 milliards de livres (4,6 milliards d’euros) aux contribuables britanniques, selon le contrôleur des comptes publics britanniques (NAO).
C’est dans ce contexte qu’entre en jeu Rishi Sunak, 39 ans, en poste depuis moins d’un mois après le départ surprise de son prédécesseur Sajid Javid, en désaccord avec la volonté de Downing Street de reprendre en main ses équipes.
Le Chancelier de l’Échiquier a promis dimanche sur SkyNews d’utiliser des « leviers politiques » pour soutenir les entreprises ayant de nombreux salariés malades, afin d’« alléger le fardeau qui pèse à court-terme sur (leur) trésorerie ». Boris Johnson a pour sa part déjà annoncé vouloir indemniser des travailleurs indépendants s’ils se mettaient en arrêt maladie pour éviter des contaminations entre collègues.
Dimanche, le ministre s’est aussi engagé à « tenir les promesses » de Boris Johnson pendant les législatives de décembre, notamment celle d’une « révolution des infrastructures ».
Sajid Javid avait aussi laissé entendre que la règle budgétaire des Conservateurs, à savoir un déficit budgétaire sous 2%, pourrait être assouplie.
Nouveau plan de dépenses
Dimanche, le Trésor a notamment dévoilé que le nouveau plan de dépenses comprendrait un investissement « record » de 5 milliards de livres dans l’internet à haut débit « nouvelle génération » dans les régions du pays les moins bien couvertes, « en particulier l’Ecosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles ».
Le gouvernement Johnson avait dit vouloir tourner la page d’une décennie d’austérité depuis la crise de 2008 qui a considérablement rogné sur les services publics, pour débloquer des milliards de livres pour l’éducation, le NHS et la police.
M. Johnson a aussi laissé entendre qu’il baisserait la taxe sur les locaux commerciaux pour aider les commerçants en pleine crise, diminuerait les taxes salariales payées par les employés à faibles revenus ou indépendants, et supprimerait la TVA sur les tampons.
M. Sunak a annoncé dimanche doubler le budget alloué aux défenses contre les inondations (à 5,2 milliards de livres), alors que le Nord de l’Angleterre et le Pays de Galles ont été durement touchés en février par des tempêtes violentes.
Spectre d’une épidémie de Covid-19
Mais le spectre d’une épidémie de Covid-19 de plus en plus massive et de son impact sur l’économie britannique pourrait reporter en partie la lutte contre le réchauffement planétaire, malgré l’engagement britannique d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
« Les incertitudes ont augmenté, ce qui donne des arguments pour repousser certaines décisions à l’automne », estime Carl Emmerson, analyste de l’institut de recherche sur le budget IFS, interrogé par l’AFP.
Les associations environnementales, mais aussi le monde de la finance ou de l’industrie réclamaient des mesures fortes, notamment une taxe carbone élevée, ou des incitations pour acheter des voitures électriques.
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