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Brexit: en France, la détresse des expatriés britanniques malades

mai 3, 2019 12:37, Last Updated: mai 3, 2019 12:46
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« C’est une question de vie ou de mort! », s’emporte John Shaw dans l’arrière salle du « Floc and Tea », le bistrot de Lauzun, devenu le point de ralliement des anti-Brexit les plus convaincus de la diaspora britannique, dans le sud-ouest de la France.

Dans la paisible bastide médiévale, terre d’asile pour John Shaw, 73 ans, Wynne Edwards, 67 ans, et Maggie Morton, 73 ans, ces trois malades ou convalescents s’exaspèrent de devoir attendre encore des mois pour être fixés  ou pas sur leur future prise en charge médicale.  « Nos gouvernants ont droit à une médecine 5 étoiles. Nous, on nous laisse dans les limbes et on n’a pas voix au chapître », s’agace Maggie, exilée depuis 20 ans. Elle se remet d’une troisième opération, en France.

Pour John, c’est un troisième cancer, « agressif et coûteux ». Affilié depuis 2010 à la sécurité sociale française, dont il montre fièrement la carte, il avale sa dose quotidienne d’un traitement anti-hormonal à 3.000 euros la boîte, le « double » de sa retraite. Une gélule « vitale » pour John, remboursée à 100% en France mais pas disponible outre-Manche en raison de son coût élevé.

A charge pour la Sécu d’envoyer la facture à son homologue britannique, le NHS (National health service), en vertu d’accords européens de réciprocité, en sursis pour six mois.  C’est dire si le report d’un éventuel Brexit jusqu’au 31 octobre, décrété le 10 avril à Bruxelles, est vécu comme un « suspense insupportable » par les Britanniques de Lauzun durement frappés par la maladie.

Wynne, en France depuis 6 ans, se félicite d’y avoir été opéré avant le Brexit, sans passer par la case liste d’attente. L’an dernier, son frère Robin, resté au Royaume Uni, « n’a pas eu cette chance ». Victime d’un infarctus en mars 2018, il n’a pu voir un spécialiste que fin octobre. « Trop tard pour être sauvé », soupire Wynne qui a enterré Robin en décembre.

Au « Floc and Tea », loin des « interminables files d’attente du NHS » , John et Wynne ne tarissent pas d’exemples de proches ou de compatriotes malades « sauvés par l’Europe ». Parmi les quelque 600.000 retraités britanniques expatriés au sein de l’UE, selon des statistiques officielles, John, Wynne et Maggie ont éprouvé les bénéfices de l’Etat-providence et du système mutualiste « à la française ».

« Ici, pour une couverture totale, la mutuelle me coûte 86 euros par mois quelle que soient mes maladies; en Angleterre, il me faudrait payer jusqu’à 400 livres (environ 450 euros) pour une couverture mutuelle, excluant tous les soins liés à mon cancer », explique John. En Angleterre, dit-il, « il faut attendre jusqu’à 18 mois avant de pouvoir consulter un oncologue, ici c’est tout au plus 2 à 3 semaines. »

« Le Brexit ne menace pas que la santé des expats », prévient John. « L’excellence et la rapidité des soins en France poussent les hôpitaux du Kent (comté frontalier du sud-est de l’Angleterre) par exemple, à référer leurs patients à des établissements français, et ce à bien moindres coûts pour le NHS ».

Selon un rapport parlementaire britannique, assure John, les accords de réciprocité sanitaire permettent au NHS, « en surchauffe depuis une quinzaine d’années », de faire des « économies annuelles de quelque 450 millions de livres ». « Sans UE, que deviendront tous ces patients des deux côtés de la Manche en attente d’une opération ou d’un traitement? », interroge-t-il.

D’autant que le Brexit, en rétablissant les barrières douanières, « aura forcément un impact » sur les délais d’acheminement depuis le continent « d’équipements médicaux et de traitements vitaux comme ceux du cancer, du diabète ou de l’épilepsie, dont certains ont une durée de vie limitée », renchérit Wynne.

D.C avec AFP

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