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British Steel passe sous pavillon chinois

novembre 11, 2019 22:50, Last Updated: novembre 11, 2019 23:00
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Le sidérurgiste en faillite British Steel va être racheté par le groupe chinois Jingye, avec comme enjeu des milliers d’emplois industriels, à l’orée de la campagne des législatives anticipées au Royaume-Uni et en pleine crise de l’acier européen.

« Un contrat de vente a été passé avec Jingye Steel (…) pour racheter les activités et actifs de British Steel Limited », indique lundi un communiqué d’Insolvency Service, l’organisme public chargé des faillites au Royaume-Uni.

Jingye reprend notamment les aciéries de Scunthorpe (nord de l’Angleterre), qui emploient le gros des 5.000 personnes travaillant pour British Steel, ainsi que des fonderies au Royaume-Uni, la société d’ingénierie britannique TSP, des parts de FN Steel (filiale aux Pays-Bas) et de l’usine d’Hayange en Moselle.

Le montant du rachat annoncé n’est pas exact

Selon la presse britannique, le montant du rachat tournerait autour de 50 à 70 millions de livres (58 à 81,2 millions d’euros) et le gouvernement britannique devrait contribuer au sauvetage par l’intermédiaire de garanties de prêts et d’autres soutiens financiers. Une source proche du dossier a dit à l’AFP que ce montant n’était pas exact, sans plus de détails.

La transaction doit encore être approuvée par les autorités, notamment en France où Bercy doit valider le changement de propriétaire d’Hayange.

Le Financial Times avait affirmé la semaine dernière que Jingye prévoyait d’augmenter la production à plus de 3 millions de tonnes par an, contre 2,5 millions auparavant. Sans dire combien d’employés il compte garder, Jingye précise qu’il compte « faire des offres à autant d’employés que possible ».

Les suppressions des emplois  

Selon le quotidien britannique, le groupe chinois a fait savoir que pour que British Steel redevienne bénéficiaire, il faudrait « baisser les coûts », ce qui pourrait augurer de suppressions de postes.

British Steel, numéro deux du secteur au Royaume-Uni derrière Tata Steel, a été contraint à la faillite en mai, faute de liquidités suffisantes et après le refus du gouvernement d’injecter de l’argent frais. Il avait mis ses difficultés financières sur le compte du Brexit, dont les incertitudes plombent la demande en acier de ses clients européens.

Jingye, créé en 1988, produit 15 tonnes d’acier par an et exporte dans 80 pays. Il emploie 23.500 personnes et revendique un chiffre d’affaires de 10,1 milliards d’euros, selon son communiqué.

La recherche d’un sauveur pour British Steel a fait l’objet de rebondissements: un projet de reprise par le fonds de pension de l’armée turque Oyak ne s’est pas concrétisé à l’expiration d’une période d’exclusivité.

Au Royaume-Uni, les réactions à la perspective de voir British Steel passer sous pavillon chinois étaient mitigées.

Andrew Adonis, travailliste et ancien ministre des Transports, a fustigé sur Twitter la « Chine qui détruit British Steel en inondant le marché d’acier à bas prix » et « rachète maintenant les restes » du géant de l’acier « pour des clopinettes ».

Autre parti d’opposition, le parti des libéraux démocrates (centre, anti-Brexit) a estimé sur Twitter que « le rachat de British Steel par une société étrangère devrait faire office de signal d’alarme pour la place de la Grande-Bretagne dans l’économie mondiale ».

En mai, l’Association européenne de l’acier (Eurofer) a appelé l’UE à venir au secours du secteur, expliquant que le marché européen était actuellement envahi par de l’acier chinois à bas prix. Les aciéristes européens mettent aussi leurs difficultés sur le compte du ralentissement économique mondial, des incertitudes liées au conflit commercial sino-américain et au Brexit. La part de l’Union européenne dans la production mondiale d’acier a chuté en dix ans d’environ 15% à moins de 10%, tandis que la Chine produit plus de la moitié de l’acier mondial.

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