Bûche et messe de Noël : dans l’ex-bassin minier, des « gilets jaunes » ont réveillonné sur leur rond-point

26 décembre 2018 14:59 Mis à jour: 26 décembre 2018 14:59

Depuis le 17 novembre, la plupart militent chaque jour sur ce rond-point de Somain, ville de quelque 13 000 habitants où des « gilets jaunes » se relaient jour et nuit. Ils y ont même construit une petite cabane en bois et planté un sapin de Noël « pour l’occasion ».

« C’est un Noël comme à la maison » : à Somain, dans le Nord, une trentaine de « gilets jaunes » ont fêté lundi soir Noël avec « leur deuxième famille » sur un rond-point où un prêtre devait célébrer la messe de minuit.

Au menu : œufs mimosa, toasts au foie gras, chapons et bûches pâtissières… « si on fêtait Noël chez nous, on n’aurait même pas ça », sourit Xavier, 44 ans, en levant son verre.

Pour Christine, 51 ans, fêter Noël ici, « c’était obligé ». « Au début, on manifestait pour protester contre le prix de l’essence, puis on est devenu amis, on s’est dit « on n’est pas tout seul » », raconte-t-elle, assise au milieu du rond-point, drapeau français dans une main, amuse-bouche dans l’autre.

« Ce qui nous rassemble, c’est qu’on en a marre de galérer », résume Alexandre, ouvrier de 38 ans, venu avec sa femme et ses deux enfants.

Souvent, des automobilistes klaxonnent au passage, en guise de soutien. « Joyeux Noël ! », crient certains.

« On est encore aimé, malgré les critiques ! », s’enthousiasme Christian, militant de 57 ans, guirlande de Noël en bretelles. « Des passants nous ont même distribué des pâtisseries, des boissons, des chips… », ajoute Emmanuelle, 38 ans.

« Au départ, je ne connaissais personne, mais nous sommes devenus une famille, c’est la seule chose que Macron a réussi à faire de bien : nous rassembler, resserrer les liens entre les gens », pense Christopher Damiens.

Derrière lui, un panneau publicitaire est tagué « Macron dégage ».

« Plus il tapera sur les gens, plus y aura de monde ici et plus nous serons soudés ! », lance le manifestant, casquette grise vissée sur la tête.

« L’autre, il mange du caviar avec les soldats, il devrait venir voir son peuple, nous écouter ! », s’emporte à ses côtés Jean-Luc Leclerc, cariste à la retraite, dans une allusion au réveillon de Noël, ce week-end, du président Emmanuel Macron au Tchad avec un millier de militaires français de l’opération Barkhane.

« Moi, j’avais vraiment envie de faire Noël ici, avec mes camarades de combat, car entre nous est née une amitié sincère », ajoute le retraité.

Puis note : « Les ronds-points remplacent les petits cafés qui existaient dans le temps, on retrouve une solidarité et on quitte le métro-boulot-dodo ».

Alain, 48 ans, poissonnier, a tenu à passer après le boulot, « par solidarité ». Et ajoute : « de toute manière, je n’avais rien de prévu ce soir ».

Pour Laurent, les « gilets jaunes » sont « sa deuxième famille » ; c’était donc « normal » de « fêter Noël ici ». « On a pris l’habitude de se voir chaque jour depuis un mois, on parle de tout et de rien, on se marre bien », dit-il, agitant un drapeau bleu-blanc-rouge à côté d’un poêle artisanal.

Il est venu avec Kévin, son fils de 19 ans en CAP paysagiste : « À la maison, je m’ennuie, je préférais fêter Noël ici, il y a une bonne ambiance, c’est convivial », témoigne le jeune homme qui tient une pancarte « Klaxonnez s’il vous plaît ».

« J’espérais tant qu’un mouvement comme celui-là émerge. Ici, on s’entraide, on n’est pas dans la société individualiste », se réjouit de son côté Thérèse, 61 ans.

« Même en ne connaissant personne, je discute beaucoup, avec tout le monde, ici », poursuit l’infirmière.

Le prêtre Joseph Nurchi, gilet jaune sur le dos, est déjà là. Il a programmé de célébrer la messe à minuit.

« L’Église est du côté des perdants », lance-t-il aux militants.

À côté de l’autel improvisé, il assure : « Je voulais être ce soir au côté des plus fragiles, c’est une révolte qui m’a touchée ».

D. S avec AFP

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