Le 30 septembre, Manuel Valls a présenté son projet de loi de finances pour 2016. Dans l’année qui vient, le gouvernement espère percevoir 301,7 milliards de recette, pour en dépenser 374,8. Le projet prévoit une baisse de deux milliards de l’impôt sur le revenu ainsi que l’attribution de nouvelles aides aux agriculteurs, au ministère de l’Intérieur et à celui de l’Éducation. Concernant la dette budgétaire, le gouvernement espère également revenir dans les clous de Bruxelles à l’horizon de 2017, et mise sur un taux de 3,3 % de déficit.
« La France a retrouvé sa crédibilité », entonne Michel Sapin dans un entretien accordé au Monde. Le ministre se félicite d’une stratégie « dans la continuité » pour l’élaboration de la loi. Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) voit quant à lui un équilibre risqué car les indicateurs du ministre sont contestables ou mériteraient une révision ; d’autres observateurs voient ce projet comme un prélude à la campagne de 2017.
Des prévisions discutées
2016 sera l’année où commenceront les campagnes présidentielles. De ce point de vue, le projet de loi sera d’une importance particulière pour l’exécutif. Suivant l’adoption du pacte de responsabilité et de solidarité, le budget 2015 avait été marqué par une enveloppe de 41 milliards en faveur des entreprises, de 5 milliards de baisse d’impôts pour les ménages et d’un plan d’économie de 50 milliards en trois ans.
« Ce qui est certain, c’est que les bases sur lesquelles est construit notre projet sont consensuelles alors qu’elles ont dans le passé toujours été discutées, qu’il s’agisse des nôtres ou de celles de nos prédécesseurs », indique Michel Sapin. Effectivement, les rappels à l’ordre de Bruxelles ou de la Cour des comptes, et les estimations de croissance revues à la baisse en cours d’année ont souvent donné tort à l’exécutif.
La prévision de 1,5 % de croissance n’est « pas un objectif […], nous avons fait le choix d’une hypothèse prudente pour construire notre budget », analyse-t-il. L’OCDE est pour sa part plus réservée et a diminué ses estimations à 1 % de croissance. Le HCFP relève pour sa part que cette hypothèse table sur le redémarrage des importations des pays émergeants, dont la Chine. Or, « rien n’indique que leurs difficultés se seront estompées », avertit l’institution. D’après elle, le projet ne peut être qualifié de « prudent », mais demeure « atteignable ».
De nouvelles dépenses
« Pour nos priorités, particulièrement en termes de sécurité, de justice, d’éducation, d’université, et de culture, le budget ne baissera pas », a assuré le ministre. Ainsi, le ministère de l’Intérieur verra ses crédits augmentés de 12,13 à 12,24 milliards d’euros pour la sécurité, et de 0,65 à 0,70 milliards pour l’immigration ; en plus du renforcement des effectifs qu’avait promis Manuel Valls, avec 732 postes créés dans la gendarmerie et la police.
Un poste de dépenses va lui aussi augmenter en 2016 : le programme « jeunesse » du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, qui passera de 229 millions d’euros à 391 millions. Une augmentation de 70 %, en grande partie consacrée au « service civique » (77 %), qui prévoit l’engagement de 110 000 jeunes volontaires.
L’éducation nationale se verra dotée d’une allonge de 500 millions d’euros, tel que l’annonçait Najat Vallaud-Belkacem le 31 août. 10 000 nouveaux emplois seront donc créés, dont des postes d’assistants de vie scolaire pour élèves handicapés ; ces nouveaux moyens permettront également la formation continue des enseignants, suivant la feuille de route de la réforme du collège et des programmes.
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