POLITIQUE

Budget, déficit et confiance : les défis économiques qui attendent Michel Barnier

septembre 6, 2024 8:08, Last Updated: septembre 6, 2024 8:10
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Sitôt nommé, aussitôt pressé : le nouveau Premier ministre Michel Barnier doit s’attaquer sans délai à plusieurs urgences économiques, à la fois sur la scène nationale et au niveau européen.

Objectif 1er octobre : le gouvernement a jusqu’au premier mardi d’octobre (qui en 2024 tombe le 1er du mois) pour déposer son budget au Parlement, en application d’une loi organique. Mais pour pouvoir discuter du budget, encore faut-il que l’Assemblée ou le Sénat se soient déjà prononcés en première lecture sur un autre texte budgétaire, qui donne quitus au gouvernement pour sa gestion des comptes durant l’année précédente. Or ni l’Assemblée nationale issue des dernières élections législatives, ni le Sénat n’ont examiné ce second texte.

Pour compliquer encore l’équation, avant d’arriver au Parlement, le projet de budget doit impérativement passer sous les fourches caudines du Conseil d’État et du Haut Conseil des Finances publiques. Face à ce calendrier de plus en plus serré, l’hypothèse de contourner la loi organique et de déposer le budget au Parlement une ou deux semaines plus tard que d’ordinaire a récemment surgi.

« S’il le souhaite », le gouvernement de Michel Barnier pourrait ainsi « déposer le budget jusqu’à la mi-octobre au Parlement », assuraient en début de semaine les services de l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, en se fondant sur l’analyse juridique du Secrétariat général du gouvernement.

À deux conditions cependant : que le Parlement dispose des 70 jours prévus par la Constitution pour débattre du budget, et que le Conseil constitutionnel ait cinq jours pour étudier les probables recours. Visée depuis fin juillet par une procédure européenne pour déficit excessif, comme six autres États membres de l’UE, la France doit envoyer d’ici le 20 septembre à Bruxelles son plan de réduction du déficit public.

Selon une récente note du Trésor français, le déficit public pourrait déraper à 5,6% du PIB en 2024 et 6,2% en 2025, après avoir déjà atteint 5,5% du PIB en 2023 (contre 4,9% attendus par le gouvernement de Gabriel Attal). Or l’UE impose à ses membres de contenir leur déficit sous les 3% de PIB. « Pour être respectée et écoutée en Europe, la France doit remplir ses engagements européens », a insisté mercredi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans un entretien au magazine Le Point.

Rassurer Bruxelles sur le déficit

Michel Barnier, qui a été commissaire européen à deux reprises et a négocié le Brexit, devra faire en sorte de rassurer Bruxelles. Pour l’économiste d’ING Philippe Ledent, « il y a un énorme enjeu de stabilisation ou de réduction du déficit sans faire trop de dégâts sur l’économie, dans un contexte économique qui n’est pas le plus simple ».

Investissements des entreprises en berne, épargne des ménages au plus haut… depuis la dissolution de l’Assemblée, l’économie française est pénalisée par un certain attentisme. « La croissance n’aime pas l’incertitude », rappelait récemment à l’AFP l’économiste de BNP Paribas Hélène Baudchon. « Les ménages comme les entreprises dépensent plus facilement s’ils y voient clair », ajoute-t-elle alors que près de deux mois ont séparé le second tour des élections et la nomination d’un Premier ministre.

Malgré l’assagissement de l’inflation, repassée en août sous les 2% pour la première fois depuis trois ans, les Français ont épargné près de 18% de leurs revenus au printemps, une proportion historiquement élevée et qui se traduit par une consommation des ménages atone. Du côté des entreprises, les investissements ont reculé de 0,5% au deuxième trimestre, marqué en juin par l’annonce d’élections législatives anticipées.

François Villeroy de Galhau alerte par ailleurs sur la défiance des marchés financiers à l’égard de la France, en soulignant que « l’écart de taux d’intérêt de la France par rapport à l’Allemagne a grimpé de 0,5% avant les élections à près de 0,75%. » « Il est essentiel de donner vite de la clarté et de la crédibilité », insiste le gouverneur.

Selon l’Insee, qui actualisera lundi ses prévisions, la croissance devrait accélérer à 0,5% au troisième trimestre, soutenue par l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques, avant un repli de 0,1% du PIB entre octobre et décembre.

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