La chute précoce de l’OL et du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, inédite en près d’une décennie, accrédite l’hypothèse d’un recul du football féminin en France, entre diffusion parfois défaillante, championnat stagnant et image écornée.
Pour la première fois depuis 2014, aucun club français ne hissera pavillon en demi-finale de la compétition-reine. Les Lyonnaises, tenantes du titre, l’ont remportée six fois dans cet intervalle et les Parisiennes, doubles finalistes (2015 et 2017), restaient sur trois demi-finales en trois ans.
En avril, le printemps européen sera cette fois animé par les Anglaises de Chelsea et Arsenal, les Allemandes de Wolfsburg et les Espagnoles du FC Barcelone, finalistes des trois dernières éditions (défaites en 2019 et 2022, titre en 2021).
Déclin du football hexagonal?
Depuis plusieurs mois, joueuses et entraîneurs s’inquiètent d’un possible déclin du football hexagonal, à l’élan contrarié depuis la Coupe du monde 2019 à domicile, dépassé dans l’ambition, la professionnalisation et l’argent investi par les pays voisins.
« L’an dernier, la victoire de l’OL en Ligue des champions a été l’arbre qui masquait la forêt », disait fin février Sonia Bompastor, l’entraîneure lyonnaise. « Depuis un moment, j’alerte sur la concurrence qui s’organise en Espagne, en Italie ou en Angleterre. A un moment, on ne pourra plus suivre ».
Entre la France et l’Angleterre, qui a organisé l’Euro l’été dernier, « la différence est frappante, on a pris pas mal de retard », a constaté Estelle Cascarino mi-février auprès de l’AFP. Les Anglais « mettent beaucoup de moyens, on joue dans des stades ou sur des terrains plus adaptés au football féminin et il y a du public, un engouement », raconte la joueuse du PSG, prêtée cet hiver à Manchester United.
De fait, le championnat de France semble faire du surplace malgré la présence des deux locomotives, Lyon et Paris, suivies de près par le Paris FC du président Pierre Ferracci, à l’ambition assumée.
Cette saison, les critiques se sont faites de plus en plus fortes concernant les stades, petits et souvent vétustes, rarement adaptés à l’accueil des spectateurs. La qualité des pelouses a également fait débat, tout comme les conditions de retransmission (caméras embuées et touchées par la pluie, champ visuel réduit, éclairage défaillant, etc.).
Ces lacunes ont été identifiées par la Fédération française de football, organisatrice de la D1 féminine. En parallèle des réformes lancées (agrément pour les centres de formation, resserrement de la deuxième division et création d’une D3…), elle a mis en place un système de licences obligeant les clubs de l’élite à se mettre au niveau.
Cela permet d’avoir « des infrastructures à la hauteur des besoins des diffuseurs » et « de sanctionner ceux qui ne suivent pas », résume Jean-Michel Aulas, membre du comité exécutif fédéral. C’est aussi une question « d’équité », dit-il à l’AFP: « Pourquoi le championnat professionnel féminin peut se dérouler sur des pelouses que les garçons n’acceptent pas? ».
Le statu quo n’était pas une option, de toute façon. Le contrat avec le groupe Canal+, diffuseur exclusif de la D1 depuis 2018, arrive en effet à échéance en fin de saison et pour l’heure la Fédération n’a pas trouvé preneur.
De même, aucune chaîne française n’a mis assez d’argent sur la table pour acquérir les droits télévisés du prochain Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet – 20 août).
A quatre mois d’une Coupe du monde
« A quatre mois d’une Coupe du monde, c’est surprenant. On nous doit plus de considération à ce niveau-là », a regretté l’internationale française du PSG Sakina Karchaoui, en mars, auprès de l’AFP.
L’arrivée du nouveau sélectionneur Hervé Renard, successeur de la plus clivante Corinne Diacre, pourrait convaincre les diffuseurs de mettre la main à la poche, selon Aulas.
« Pour les droits TV, il y a des négociations en cours et l’arrivée de Hervé Renard va simplifier un certain nombre de choses », assure le président de l’OL, interrogé vendredi par l’AFP.
Avec ce nouveau visage, la Fédération espère tourner la page Corinne Diacre, dont le mandat de cinq ans et demi (2017-2023) à la tête des Bleues a été traversé par diverses polémiques, de la mise à l’écart fracassante d’Amandine Henry aux secousses internes nées après l’agression de Kheira Hamraoui, en froid avec d’autres joueuses.
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