Un garçonnet de sept ans a perdu la vie dans un incendie qui s’est déclaré dans une barre d’immeuble d’une cité paupérisée de Marseille, dans la nuit de lundi à mardi. La tristesse et l’abattement des gens de la cité qui se disent abandonnés.
Parti d’un appartement au deuxième étage d’une barre de sept étages, à Parc Kalliste, une cité des quartiers populaires du nord de Marseille gangrénée par les trafics de stupéfiants, le chômage et la pauvreté, le sinistre a également entraîné l’hospitalisation de onze personnes, dont quatre en urgence absolue, âgées de 3 ans pour deux d’entre elles, de 7 et 14 ans pour les deux autres, a précisé le maire de la ville, Benoît Payan, sur place.
« C’est un drame pour Marseille qui perd un de ses enfants, c’est un jour de tristesse pour les Marseillais », a témoigné l’élu divers gauche, précisant qu’une enquête était en cours pour déterminer l’origine du sinistre.
« Fumées épaisses et toxiques »
Selon le commandant des marins-pompiers de Marseille, arrivés sept minutes après l’alerte à 4h45, le sinistre a été éteint en une heure et « l’essentiel des victimes ont probablement été provoquées par les fumées épaisses et toxiques » dégagées par les flammes. Il y avait énormément de fumées dans la cage d’escalier et l’appartement où a débuté l’incendie a été totalement détruit, a déclaré l’amiral Lionel Mathieu, précisant que huit habitants avaient dû être « extraits de leurs appartements par la grande échelle ».
À Marseille, un enfant de 7 ans est décédé dans l’incendie d’un immeuble, d’autres enfants ont dû être hospitalisés en urgence absolue, au total, il y a 11 victimes.
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— Info France 2 (@infofrance2) January 30, 2024
La cité Parc Kalliste, dont le bâtiment A touché par les flammes cette nuit, était à l’origine un ensemble de neuf barres d’immeubles, lors de l’achèvement de sa construction, en 1958, pour reloger les Français revenus d’Indochine. Mais deux de ces barres, la B et la H ont été démolies depuis, à la fin des années 2010, et deux autres devraient bientôt l’être (la G et la I). Très dégradée, largement squattée, cette cité est une des plus pauvres de Marseille.
« Personne ne fait rien pour ce quartier, il n’y a plus rien »
« Ça devait arriver et ça arrivera encore », dénonçait mardi matin un habitant de la cité, Mohamed Yahia-Berrouiguet, professeur de mathématiques à la retraite, décrivant auprès de l’AFP une copropriété privée à la dérive, avec des appartements squattés pouvant accueillir jusqu’à 20 personnes et des T5 « qui se louent jusqu’à 900 euros par des marchands de sommeil ».
« Personne ne fait rien pour ce quartier, il n’y a plus rien, même les associations ne sont plus là », s’indignait l’ancien enseignant : « On a fait partir les gens mais les Nigérians reviennent et cassent, mais c’est normal, ils n’ont nulle part où aller. »
« Le bâtiment derrière celui où s’est déclaré l’incendie était entièrement squatté (ndlr : le B), donc quand il a été détruit, les squatteurs se sont répartis dans les autres immeubles. Il y a beaucoup de marchands de sommeil ici », a confirmé sur place le député LFI de la circonscription, Sébastien Delogu, en espérant « que l’État apportera l’argent pour que la mairie puisse racheter des appartements et les requalifier ».
Logements insalubres
En août 2021, un incendie, probablement d’origine criminelle, avait touché un immeuble en partie squatté, dans la cité HLM des Flamants, également dans les quartiers nord de Marseille, faisant trois morts, de nationalité nigériane. En juin dernier, Emmanuel Macron avait annoncé un plan de sauvetage exceptionnel visant quatre copropriétés dégradées de Marseille du type de Parc Kalliste.
Avec 40.000 logements considérés comme des taudis, soit 10% du parc immobilier, et autant de personnes en attente de logements sociaux, la deuxième ville de France souffre d’un grave problème de logements insalubres.
« Il y a des branchements électriques sauvages, les compteurs sont piratés », décrivait mardi Patrick, propriétaire depuis 11 ans à Parc Kalliste : « Certains se branchent directement sur le compteur général, ou même parfois sur l’ascenseur, il y a parfois quinze branchements par prise électrique. » « Ici il n’y a aucune loi, les enfants sont abandonnés », regrette M. Yahia-Berrouiguet : « Tout ce qu’ils ont c’est le soleil, et parfois un ballon. »
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