À Lampaul-Plouarzel, dans le Finistère, c’est devenu un rituel : chaque soir ou presque, un comédien déguisé en gendarme sillonne le bourg à vélo pour annoncer l’imminence du couvre-feu. Une manière pour lui de dénoncer par l’absurde les privations de libertés instaurées par le gouvernement en cette période de Covid.
« Ça va être tout noir ! » Voilà ce que scande en boucle Eric Hervé tous les soirs dans son mégaphone, à Lampaul-Plouarzel. Cette phrase, tirée du film RRRrrrr !!! d’Alain Chabat, est ensuite suivie du fameux Ta gueule ! répondu par les habitants, qui ont désormais l’habitude de le voir déambuler.
Grimé en gendarme, Eric Hervé est un comédien de 46 ans qui a vu toutes ses activités annulées par la crise sanitaire. Il a donc décidé, tous les jours à 17 h 30, d’arpenter les rues de sa ville à vélo pour rappeler l’éminence du couvre-feu. Une performance qui s’accompagne d’un message contestataire assumé, relate France Bleu.
En effet, lorsque le couvre-feu a commencé le 16 janvier, « ça m’a énervé qu’on nous limite encore des libertés », a dénoncé Eric Hervé.
« Pendant le premier confinement, on n’avait pas le droit d’aller en bord de mer alors que c’est quelque chose qui est dans notre quotidien. Donc oui c’est pour dire que y’en a marre de ces décisions parisiennes, qui nous imposent des choses qui n’ont pas lieu d’être ici, au fin fond du Finistère », a-t-il ajouté.
?♂️Déguisé en #gendarme, il annonce le #CouvreFeu18h dans un village du #Finistere #Bretagne https://t.co/mzm7RS0wAq
— France Bleu Breizh Izel (@Francebleubzh) February 16, 2021
Lorsqu’il a commencé son petit tour en public, il y avait quelques incompréhensions. Mais petit à petit, tout ce village côtier de 2 100 habitants s’est mis à en parler : « Les réponses ont augmenté de jour en jour. Et maintenant, dans certains quartiers les gens m’attendent. C’est que du bonheur, et ça fait du bien », a partagé Eric Hervé.
Il est désormais souvent entouré d’enfants, d’ados et d’habitants eux-mêmes déguisés, dans une ambiance de carnaval : « Ici, les gens aiment bien se voir. Il y a une culture de la rencontre dans les bars. Forcément, ça n’existe plus, et on voit bien que ça manque, parce que c’est la rencontre avec l’autre », a-t-il précisé.
Pour la suite, Eric Hervé a prévu de changer un peu de rôle et a installé une « boîte du crieur » afin de recueillir des messages des habitants, qu’il lira ce jeudi matin pendant le marché.
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