L’association l’Ère du peuple, prestataire de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, voit sa mise en examen aggravée dans l’enquête sur les comptes de campagne du candidat La France Insoumise (LFI).
Dans ce dossier, les juges d’instruction se penchent depuis 2018 sur l’utilisation des fonds publics par l’équipe du candidat LFI pour sa campagne du précédent scrutin présidentiel.
L’Ère du peuple, une association à but non lucratif fondée en 2015 par des fidèles de Jean-Luc Mélenchon afin d’assurer notamment la logistique de ses meetings, avait facturé 440.027 euros au candidat pour des locations de salles ou de matériel informatique et des prestations intellectuelles de ses quatre salariés. Parmi ces derniers, on compte les députés Bastien Lachaud, déjà mis en examen, et Mathilde Panot.
La Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) avait relevé une différence de 152.688 euros entre les salaires versés aux députés et les montants facturés pour leurs prestations au mandataire.
Selon Mediapart, cela a permis à l’association de dégager une marge de 66% et 59% concernant les deux députés.
« Instruction à charge »
Le 29 mars 2021, les juges d’instruction avaient choisi d’accorder à l’association le statut plus favorable de témoin assisté pour les principales infractions de l’enquête portant sur des soupçons d’escroquerie et de surfacturations, ne mettant en examen l’association que pour « prêt illicite de main-d’œuvre ». « Le dossier accouche d’une souris », s’était réjoui Manuel Bompard, l’ex-directeur de cette campagne.
Mais selon une source judiciaire mercredi confirmant les informations de Mediapart, les juges ont aggravé le 3 février les poursuites à l’issue d’un interrogatoire, prononçant la mise en examen de l’association pour « escroquerie et tentative d’escroquerie aggravée » et « faux et usage de faux ».
Depuis le printemps 2021, de nouvelles auditions ont révélé que des missions facturées par l’Ère du peuple étaient en réalité réalisées par d’autres prestataires, selon Mediapart. L’association de Bernard Pignerol aurait alors émis de fausses factures pour justifier les frais.
Contactés par l’agence France Presse (AFP), ni Bernard Pignerol, président de l’Ère du peuple, ni Me Mathieu Croizet, son avocat, n’étaient disponibles pour réagir. Auprès de Mediapart, le conseiller d’État Pignerol a estimé que ces nouvelles mises en causes sont « la preuve d’une instruction à charge ».
Elles viennent « uniquement corriger une incohérence juridique voire une faute procédurale. Il était absurde de mettre en examen un salarié pour ‘escroquerie’ et ‘faux’ sans que l’association qui l’embauchait soit inquiétée pour les mêmes chefs d’inculpation », a développé Bernard Pignerol.
« Usage de faux », « prêt illicite de main-d’œuvre »
Le 22 septembre, en effet, soit six mois après la première mise en cause de « L’Ère du peuple », le député LFI Bastien Lachaud, qui était alors salarié en tant que trésorier de l’association, avait été mis en examen principalement pour « prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d’escroquerie ».
M. Lachaud, comme les trois autres employés dont Mme Panot, aurait dû être rémunéré par la campagne du candidat ou le parti et non par le prestataire, estime le juge d’instruction en charge du dossier. Mme Panot et M. Lachaud, devenus députés ensuite, étaient en même temps membres de l’équipe de campagne.
Les juges d’instruction ont également mis en examen le 29 avril Marie-Pierre Oprandi, mandataire financière du candidat Mélenchon, pour « prêt illicite de main-d’œuvre » et « usage de faux ».
Candidat à la présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon conteste toute infraction, dans cette enquête et dans la seconde information judiciaire, toujours en cours, concernant l’emploi des assistants parlementaires de LFI au Parlement européen. Après la révélation de la mise en examen du député Lachaud, il avait dénoncé une « manipulation » pour « pourrir (sa) campagne ».
Selon le site d’investigation en ligne, les enquêteurs s’intéressent aussi aux factures émises par d’autres structures dirigées par des proches de LFI, dont le total surfacturé approcherait un million d’euros.
Parmi elles figure la société de conseil Mediascop, dirigée par Sophia Chikirou, proche du chef du parti et sa directrice de communication lors de la campagne de 2017. Elle avait été entendue en audition libre fin 2018 par la police anticorruption (Oclciff), chargée des investigations.
Cette nouvelle étape procédurale pourrait suggérer d’autres auditions prochaines de responsables LFI.
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