Pipeline controversé, division est-ouest, regain des indépendantistes au Québec: sans majorité absolue, le nouveau gouvernement de Justin Trudeau va devoir surmonter de nombreux obstacles pour se maintenir au pouvoir.
La nationalisation de l’oléoduc Trans Mountain, racheté par le gouvernement libéral pour 4,5 milliards de dollars, a aliéné une partie de l’aile gauche de l’électorat de M. Trudeau qui y voit une contradiction avec les ambitions pro-environnementales du Premier ministre réélu lundi soir.
A la tête d’un gouvernement minoritaire, celui-ci va devoir nouer des alliances, mais ce projet visant à transporter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta vers les côtes de la Colombie Britannique a été fortement critiqué par Jagmeet Singh, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), qui place son annulation en condition sine qua non pour former une alliance avec ses 24 députés élus.
« Pour le pipeline Trans Mountain, peut-être que les deux côtés vont devoir mettre de l’eau dans leur vin », estime auprès de l’AFP Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l’université McGill.
Pour le gouvernement Trudeau, le principal défi sera alors de « s’entendre avec le NPD sans aller trop vers la gauche », au risque de nuire à l’image centriste du parti.
Selon cet expert, « si ce parti est au pouvoir tellement souvent au Canada surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est parce que c’est un parti (…) qui est assez pragmatique, flexible. Si le parti va trop à gauche, ça pourrait leur nuire, surtout en Ontario », la province représentant le plus de sièges au parlement canadien.
Lundi soir, les rares libéraux élus en Alberta et en Saskatchewan ont été balayés dans ces deux provinces majoritairement conservatrices. Justin Trudeau y est très impopulaire et ses deux premiers ministres lui sont ouvertement hostiles.
“Il va être difficile d’avoir un cabinet sans aucune représentation de l’Alberta », quatrième plus grande province du pays et centre névralgique de l’industrie pétrolière canadienne, estime M. Béland.
« Les libéraux vont travailler avec le NPD, ça veut dire qu’ils devraient se déplacer vers la gauche, et ça, ce ne sont pas des bonnes nouvelles pour les Albertains et les gens en Saskatchewan qui sont déjà mécontents face à la taxe carbone » imposée par le gouvernement Trudeau, précise-t-il.
L’éventuelle annulation du projet Trans Mountain pour satisfaire les députés du NPD « créerait une tempête énorme dans ces deux provinces » et exacerberait les tensions régionales, selon lui, mais le statu quo rend toute alliance avec le NPD difficile.
Le Bloc québécois, parti indépendantiste dirigé par Yves-François Blanchet, a créé l’une des surprises des législatives: il a plus que triplé le nombre de ses élus. Avec 32 sièges, il devient le troisième parti à la Chambre des communes.
Principale pierre d’achoppement entre M. Trudeau et le Bloc: la très controversée loi sur la laïcité récemment adoptée par le gouvernement nationaliste du Québec, qui interdit le port de signes religieux à certains fonctionnaires en position d’autorité. M. Trudeau, fervent défenseur du multiculturalisme, a laissé entendre qu’il pourrait contester cette loi en justice, ce qui serait un casus belli pour les députés du Bloc.
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