Une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, dont l’arrestation a provoqué une grave crise entre la Chine et le Canada, est arrivée lundi matin au tribunal de Vancouver où elle va tenter d’éviter son extradition vers les Etats-Unis.
Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille de son fondateur Ren Zhengfei, est accusée par les autorités américaines de fraude et d’avoir contourné les sanctions de Washington contre l’Iran.
Vêtue d’une robe noire laissant apparaître son bracelet électronique à la cheville gauche, elle est entrée vers 09h30 (17h30 GMT) dans l’enceinte du tribunal, escortée par quatre gardes de sécurité, selon une journaliste de l’AFP sur place.
L’audience à la Cour suprême de Colombie-Britannique a commencé peu après 10h00 (18h00 GMT) sous la direction de la juge Heather Holmes.
Arrêtée le 1er décembre 2018 lors d’une escale à Vancouver, Meng Wanzhou, 47 ans, est en liberté surveillée et vit dans une luxueuse résidence lui appartenant dans la métropole pacifique canadienne.
Pour échapper à son renvoi devant la justice américaine, la dirigeante de Huawei et ses avocats doivent convaincre que les accusations – fondées sur les sanctions américaines contre Téhéran – ne seraient pas passibles de poursuites au Canada et sont essentiellement motivées par des considérations politiques.
Une ligne de défense appuyée par le ministère chinois des Affaires étrangères, qui a maintenu lundi que ce processus d’extradition était un « grave incident politique ».
Le fondateur de Huawei avait estimé dans une interview au quotidien canadien The Globe and Mail que sa fille « était utilisée comme un pion » par Washington dans son bras de fer avec le géant des télécoms. Les Etats-Unis soupçonnent le groupe de liens avec le gouvernement chinois et éventuellement d’espionnage.
Washington accuse Meng Wanzhou d’avoir menti à la banque HSBC sur la relation entre Huawei et Skycom, une filiale qui vendait des équipements de télécoms à l’Iran, ce qui exposait la banque au risque de violer les sanctions américaines contre Téhéran.
La semaine d’audiences doit être consacrée à la question de la « double incrimination »: pour pouvoir être extradée aux Etats-Unis, Mme Meng doit y être poursuivie pour un délit également punissable au Canada.
Pour le ministère public, c’est bien le cas et cela justifie le processus d’extradition.
Les avocats de Mme Meng devraient plaider qu’il n’y a pas de fraude et que leur cliente ne peut être extradée, car une éventuelle violation des sanctions américaines contre l’Iran ne constitue pas un délit au Canada.
Son arrestation, lors d’une escale d’un vol de Hong Kong à Mexico, avait provoqué la colère de Pékin et aussitôt ouvert une crise diplomatique.
Quelques jours plus tard, deux Canadiens, l’ex-diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor, étaient arrêtés par la Chine et accusés d’espionnage. Les autorités chinoises ont ensuite gelé des milliards de dollars d’importations de produits agricoles canadiens.
Ces mesures ont été considérées en Occident comme des représailles visant à pousser Ottawa à libérer Mme Meng. Les autorités canadiennes ont dénoncé des « arrestations arbitraires », assurant respecter, pour leur part, l’indépendance de la justice.
Si, lors des audiences de cette semaine, la justice canadienne décide que l’infraction qui lui est reprochée n’a pas d’équivalent au Canada, Meng Wanzhou pourrait recouvrer sa liberté rapidement. Sinon, le processus d’extradition passera à une nouvelle étape et, avec de nombreuses possibilités d’appel, pourrait durer encore plusieurs années.
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