Alors que les épisodes de fortes chaleurs se succèdent en cet été 2022, on se souvient des canicules précédentes, dont celle de 2003 qui a fait 15.000 morts en France. Mais qui se souvient encore de celle de l’été 1911, qui avait frappé toute l’Europe de juillet à septembre ? Elle avait été tellement dramatique qu’elle avait causé plus de 40.000 décès rien que ans l’Hexagone.
La canicule de 1911 a duré 70 jours, du 4 juillet au 13 septembre. Elle a touché toute l’Europe, dont la France. Non seulement les températures ont été très élevées pendant toute cette période, avec de courtes interruptions, mais il y a eu une absence totale de pluie, rapporte Ouest‑France. Dès le mois de juillet, certains quartiers de Paris n’avaient plus d’eau.
Certaines données parlent de plus de 40.000 victimes, mais selon Patrick Zylberman, professeur émérite d’histoire de la santé à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), le bilan est encore plus lourd. « Au total 46.719 personnes meurent pendant cette période de fortes chaleurs », explique‑t‑il.
Chaleur et manque de pluie pendant une longue période
« Ce sont plus de deux mois d’extrême sécheresse et de températures élevées qu’ont connus les habitants de la France en 1911 », résume Catherine Rollet, auteur de La canicule de 1911 : observations démographiques et médicales et réactions politiques.
Cette historienne et démographe, décédée en 2016, détaille dans un article cité par La Croix : « La caractéristique de cette canicule, c’est que ces températures très élevées, associées à une insolation importante, sans pluie, ont duré très longtemps. »
La totalité du pays est touchée, mais « plus durement peut‑être le nord de la France », remarque Patrick Zylberman.
Les principales victimes : « les tout‑petits élevés au biberon »
« Il faudra marquer cette année 1911 d’une croix noire », écrivait un médecin du département de la Seine inférieure, notant que « pendant la longue période de chaleur, la mort n’a cessé de faucher les tout‑petits élevés au biberon ».
En effet, parmi les victimes, près de 30.000 sont des bébés de moins d’un an, la majorité des autres décès étant des personnes âgées. Les bébés les plus touchés sont les enfants assistés (ceux qui ont été abandonnés) et les enfants protégés (ceux qui sont placés en nourrice). Il s’agit en fait des bébés nourris au biberon.
Cela s’explique entre autres par le fait qu’en plus de la vague de chaleur, une épidémie de fièvre aphteuse sévissait dans une bonne partie de la France, ce qui a eu un impact sur la quantité et la qualité du lait donné aux nourrissons.
Après une température maximale de 29,7°C en moyenne à Paris pendant le mois d’août 1911 (soit 5,3°C de plus qu’entre 1971 et 2000) et quatorze jours avec des maximales supérieures à 30°C, c’est finalement mi‑septembre que les températures finissent par baisser, au grand soulagement de tous.
D’autres canicules historiques
En plus de cet épisode de forte chaleur au début du 20e siècle il y a eu une autre canicule en 1947 en France, mais celle‑ci n’a pas fait beaucoup de victimes, indique Le Parisien.
Avant le 20e siècle, on dispose de peu de données pour évaluer les précédentes canicules, mais les travaux d’Emmanuel Le Roy‑Ladurie révèlent que l’été 1636 a connu un tel coup de chaleur que 500.000 personnes y auraient perdu la vie. Quant aux étés 1718‑19, ils auraient eu une canicule qui a fait 700.000 victimes enregistrées. À ces époques, les épisodes de fortes chaleurs étaient liés à des épidémies de dysenterie à cause du manque d’eau.
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