ÉTATS-UNIS

Cap sur Mars! Mais sera t-il seulement possible de payer le voyage?

septembre 23, 2015 17:02, Last Updated: septembre 23, 2015 17:02
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D’après l’auteur du roman « The Martian », sur lequel se base un film du même nom avec Matt Damon, prévu le 23 octobre prochain, le lancement de la mission emmenant les premiers terriens à parcourir le sol de la planète Rouge serait prévu pour 2035. Un voyage calculé selon la trajectoire des orbites des deux planètes.

Depuis quelques années déjà, 2030 semble faire consensus pour situer les premiers pas de l’homme sur la planète rouge. Une date provisoire émise par de hauts responsables de la NASA situerait le premier atterrissage pour 2039 ; Elon Musk, fondateur de Space X, s’avance même à dire que sa compagnie pourrait vendre des billets à 500.000 dollars dès 2025.

Mais faire atterrir une navette sur Mars est loin d’être simple, et un coup d’œil sur les détails d’une telle entreprise peut s’avérer intimidant.

Le premier obstacle, et non le moins, est le financement : le Congrès a à plusieurs reprises coupé le budget de la NASA pendant et après la Grande Récession, et l’agence spatiale ne recevra que 18,5 milliards de dollars de financement pour 2016, soit 100 millions de plus que ce qui avait été attribué en 2011.

Charles Bolden, directeur de la NASA, s’est souvent plaint du manque de soutien financier à l’agence, et a écrit une lettre ouverte au Congrès en Août exprimant sa frustration de devoir dépenser 490 millions de dollars avec les fusées russes qui enverront des astronautes américains dans l’espace, tout cela parce que la NASA ne pouvait pas se permettre de construire sa propre infrastructure.

Si la NASA ne peut pas suivre son propre rythme sur le lancement de l’Orion, il est difficile de voir comment l’agence pourrait faire face à ses propres échéances pour mettre un homme sur Mars.

« C’est comme si on continuait à acheter de la nourriture à emporter parce que nous n’avons pas encore pris le temps de construire notre propre cuisine « , métaphorise t-il.  » Et dans le cas présent, les commandes à emporter nous reviennent à des centaines de millions de dollars « , écrit-il dans Wired.

Cette semaine, la NASA a annoncé que le lancement inaugural de la navette Orion, longtemps perçue comme le vaisseau spatial qui pourrait être le premier à emmener les humains vers Mars, serait repoussé à une date ultérieure. Initialement prévu en août 2021, celui ci adviendrait en août 2023. Lamar Smith, président de la House Commitee Chair (R-TX), a immédiatement publié une déclaration en blâmant le retard du projet, qui coûtera l’agence entre 8,5 et 10,3 milliards de dollars, prélevé sur ses fonds.

Si la NASA ne peut pas suivre son propre rythme sur le lancement de l’Orion, il est difficile de voir comment l’agence pourrait faire face à ses propres échéances pour envoyer un homme sur Mars. Car ce projet/défi impliquerait le soutien d’une flotte entière de vaisseaux et de fret acheminé, en plus de l’Orion lui-même. Et l’addition serait en conséquence bien plus élevée.

Lancement d’Orion, premier appareil d’exploration spatiale et candidat au transport d’astronautes pour Mars. La photo a été prise le 5 décembre 2014, à Cap Canaveral, en Floride. (Joe Raedle/Getty Images)

Aujourd’hui, il faut environ neuf mois pour voyager de la Terre à Mars à bord des vaisseaux spatiaux les plus avancés. Une période durant laquelle les astronautes ont besoin de nourriture, d’eau et d’équipement pour faire des exercices (gravité zéro est synonyme de recroquevillement des muscles à moins d’effectuer des heures d’exercices tous les jours, suivant un programme proche de celui des astronautes de la Station spatiale internationale). Sans oublier la myriade d’outils que les astronautes ont besoin pour survivre sur Mars avant le voyage de retour. Il n’est en effet pas possible de planifier un voyage retour si les orbites des deux planètes ne rendent pas le voyage réalisable.

« La taille réelle d’un véhicule qui soit capable de transporter un équipage vers Mars en toute sécurité, tout en assurant leur retour, se compte en centaines de tonnes,  en d’autres termes un volume proche de celui de la Station Spatiale Internationale (SSI) », a écrit sur le Quora Johnathan Miller, ingénieur au Johnson Space Center de l’agence.

Le coût de la SSI est difficile à déterminer avec précision car cette station a été construite par différentes nations, et upgradée avec de nouveaux modules au cours des années. D’après la NASA, les États-Unis ont participé à hauteur de 85 milliards de dollars ; d’après les spécialistes, ce chiffre pourrait être porté à 100 milliards.

Et même si le Congrès se décidait à approuver la multiplication par quatre du budget annuel de la NASA, il reste encore un certain nombre d’équipements : une base habitable, un générateur d’oxygène, des moteurs ioniques et un véhicule d’ascension. Ces technologies sont encore à l’étude, et pouvoir les perfectionner sera coûteux.

Plus tôt dans l’année, O.Glenn Smith, ancien directeur de l’ingénierie des systèmes de la navette au Centre spatial Johnson, a estimé le coût d’une seule mission vers Mars à 230 milliards de dollars, et à 1,5 billions de dollars pour 9 missions. Du temps des expéditions lunaires, c’est le nombre de missions qu’il avait fallu organiser sur le satellite terrestre (seulement six avaient pu s’y rendre).

Il est peu probable NASA obtienne jamais cet argent. Dans une enquête sociale datée de 2012, seulement 20% des Américains soutiennent le financement en plus pour des missions spatiales; 40% estiment que le financement est inadéquat, et 20% souhaitent voir celui ci diminuer. Il y a encore bien du chemin avant que l’homme ne voie Mars ailleurs qu’au cinéma.

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