L’ancien PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn a annoncé mercredi, de façon impromptue, une conférence de presse via un compte Twitter créé à cette occasion, au moment où, selon les médias, il est menacé de nouvelles poursuites par le parquet.
« Je me tiens prêt à dire la vérité à propos de ce qui se passe. Conférence de presse jeudi 11 avril », peut-on lire dans un court message de ce compte tout juste certifié (@carlosghosn). Une porte-parole a plus tard confirmé l’authenticité de ce compte, qui a gagné en quatre heures plus de 10.000 abonnés. Elle a précisé qu’il était « administré par ses avocats japonais, ainsi que le prévoient les conditions de sa libération conditionnelle » qui lui interdisent tout accès à internet.
Depuis qu’il est sorti de prison le 6 mars, moyennant le paiement d’une caution, M. Ghosn ne s’est pas exprimé devant la presse et la date de sa première conférence était très attendue, mais la manière de l’annoncer a surpris. Mardi, son principal avocat avait laissé entendre que le magnat de l’automobile déchu pourrait prendre la parole très bientôt.
« Il va bien et réfléchit soigneusement à la déclaration qu’il veut faire, cela surviendra dans un futur proche », avait déclaré Me Junichiro Hironaka. « Parce que sa portée sera significative, il prend le temps de bien préparer » cette conférence. Arrêté le 19 novembre à l’arrivée de son jet privé à Tokyo, M. Ghosn a été mis en examen pour avoir omis de déclarer une grande partie de ses revenus, entre 2010 et 2018, dans des documents de Nissan remis aux autorités boursières.
Il est également poursuivi pour abus de confiance. Selon le parquet, il a tenté de faire couvrir par Nissan « des pertes sur des investissements personnels » au moment de la crise financière d’octobre 2008. Actuellement assigné à résidence dans la capitale japonaise, il nie toute malversation. Lors d’un entretien accordé fin janvier à l’AFP dans la prison où il était détenu, il avait dénoncé « un complot » ourdi par Nissan pour faire échec à son projet d’intégration plus poussée du groupe avec Renault.
M. Ghosn prépare actuellement sa défense, mais il pourrait être stoppé par une nouvelle déconvenue. Selon les médias, le parquet de Tokyo va décider sous peu de le poursuivre ou non sur de nouvelles accusations. Les procureurs soupçonnent le magnat déchu de l’automobile d’avoir détourné à des fins personnelles, entre 2012 et 2018, de l’argent versé par le constructeur à un distributeur d’Oman, selon l’agence de presse Jiji et d’autres médias japonais.
L’enquête interne de Nissan a mis au jour qu’une somme de 35 millions de dollars issue de la « réserve du PDG » un fonds initialement destiné à parer à des imprévus avait été versée à la société Suhail Bahwan Automobiles, qui vend les véhicules de Nissan dans ce pays du Golfe, a affirmé à l’AFP une personne proche du dossier. D’après cette source, un employé de cette société a alors transféré l’argent à une compagnie libanaise, « Good faith investments » (GFI), géré par des associés de M. Ghosn. Une partie de cet argent lui serait indirectement revenu pour acheter un yacht et investir dans un fonds d’investissement dirigé par son fils aux Etats-Unis.
Si le parquet décide d’engager une nouvelle procédure, il s’agira du quatrième chef d’accusation visant Carlos Ghosn. « Le procureur pourrait retenir des charges supplémentaires contre M. Ghosn sans nécessairement demander une nouvelle mise en détention », a commenté un avocat du barreau de Tokyo, contacté par l’AFP. A l’issue d’une enquête parallèle, Renault a signalé à la justice française des transactions suspectes similaires au sein du groupe français.
Selon un porte-parole de M. Ghosn toutefois, « aucune somme versée par Renault aux distributeurs d’Oman n’a été détournée de ses objectifs commerciaux et en aucun cas tout ou partie de cette somme n’a profité à Carlos Ghosn ou à sa famille ».
D.C avec AFP
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