Une vingtaine de députés de droite ont écrit mercredi à Emmanuel Macron pour dénoncer une note divulguée par le Canard Enchaîné selon laquelle la Chancellerie envisagerait de maintenir ou supprimer des postes de juges en fonction des résultats électoraux de LREM.
Selon l’extrait de cette note « confidentielle » publié par l’hebdomadaire satirique, le ministère de la Justice a sollicité « une réunion » avec l’un des conseillers du Premier ministre et « les experts des élections municipales » de La République en marche pour connaître les villes potentielles « cibles électorales » et ainsi « différer les annonces » de la réforme de la carte judiciaire.
« Face à de telles révélations, vous ne pouvez rester muet », écrivent ces 24 députés de droite. Interrogée mercredi sur Sud Radio, la ministre de la Justice Nicole Belloubet n’avait pas démenti l’existence de cette note et s’était défendue de tout « favoritisme ».
« En aucun cas les choix de la chancellerie ne sont faits en fonction des résultats électoraux », a réitéré, jeudi sur France Inter, le patron de La République en marche Stanislas Guerini.
Dans leur lettre, les 24 députés s’adressent au président de la République: « Il est donc de votre devoir d’agir dans le cas d’espèce, afin de mettre un terme à toute manipulation de l’organisation de la justice organisée par le pouvoir exécutif pour assouvir des objectifs électoralistes ».
Cette note est « lamentable », a affirmé jeudi sur RFI Julien Aubert, à l’initiative de la lettre des députés LR, estimant que « c’est d’abord atteindre durablement la crédibilité de l’Etat, deuxièmement c’est instrumentaliser l’Etat à des fins électorales et troisièmement c’est particulièrement bas en termes de vision de ce que doit être un Etat moderne ».
La divulgation de cette note a fait réagir au-delà des rangs des députés de droite. « Après l’instrumentalisation, la domestication. Après les pressions, la menace. Belloubet va virer les procureurs des villes qui ne voteront pas assez LREM. L’indépendance de la justice ? Qui peut y croire ? », a réagi Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI et député des Bouches-du-Rhône, jeudi sur Twitter.
« Avec ce qu’on découvre (…), c’est la fin du mythe de la République exemplaire, remplacée définitivement par la République des copains. Les Français disposeront de tribunaux selon qu’ils votent bien ou mal », a réagi auprès de l’AFP Pierre Jouvet, chargé des élections au Parti socialiste (PS).
« Les moyens de l’Etat sont mis à la disposition des campagnes de LREM. Si les faits sont avérés, c’est extrêmement grave », a-t-il ajouté.
Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, avait appelé mercredi le gouvernement à « s’expliquer sur les accusations graves de tripatouillage politicien de la carte judiciaire ».
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