Vers une renégociation de la dette de Casino pour assurer l’avenir du groupe ? Le distributeur d’origine stéphanoise s’est donné jusque mardi 17h00 pour lancer avec ses créanciers une éventuelle procédure de conciliation.
Il s’agit d’une échéance majeure pour le distributeur en difficultés, qui suscite par ailleurs de nombreuses convoitises. Selon le quotidien Le Figaro mardi, le conseil d’administration du groupe, qui s’est réuni lundi dans la soirée, a décidé de demander une procédure de conciliation qui doit encore être validée par le tribunal de commerce. Interrogé par l’AFP, Casino n’a pas souhaité faire de commentaires.
« Procédure de conciliation »
Pour les agences de notation S&P et Fitch, le suspense est faible : elles anticipent une restructuration de la dette au détriment des créanciers et ont abaissé la note du groupe en conséquence. Le distributeur, coté en Bourse, a lui-même averti en avril les marchés qu’il était en train d’étudier la possibilité d’ouvrir une procédure de conciliation, se fixant comme date butoir initialement le 19 mai, avant de la décaler de quelques jours, au 23 mai, 17h00.
La procédure de conciliation est une procédure amiable placée sous l’égide du tribunal de commerce, devant permettre à l’entreprise en difficulté de conclure un accord avec ses principaux créanciers. Le groupe d’Ehpad privés Orpea en avait bénéficié dans le courant de l’année 2022.
Casino, qui emploie plus de 50.000 personnes en France et 200.000 dans le monde sous de nombreuses enseignes, dont Monoprix ou Franprix, lutte depuis des années pour se désendetter, jusque-là sans succès. Sa dette atteignait encore 6,4 milliards d’euros à fin 2022 (dont 4,5 milliards sur son activité France), auxquels s’ajoutent plus de trois milliards pour la maison mère du groupe, Rallye. Cette dernière entité, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles le PDG de Casino Jean-Charles Naouri détient le contrôle du distributeur, avaient bénéficié en mai 2019 d’un placement en procédure de sauvegarde.
Rallye, maison-mère de Casino, a annoncé par ailleurs lundi soir avoir obtenu l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers auprès du tribunal de commerce de Paris, après une première procédure à l’amiable lancée en avril et qui n’a pas abouti.
« Casino a le meilleur réseau de France »
Cette situation financière pèse sur l’activité commerciale de Casino, lui laissant moins de capacité d’investissement que la concurrence dans les magasins ou dans les prix. Le groupe, puissant en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Rhône-Alpes, suscite néanmoins des convoitises. « Casino a le meilleur réseau de France, les meilleurs formats (…) avec des implantations exceptionnelles », a loué dans un entretien avec plusieurs médias, mi-mai, le directeur général de Teract (Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise,…) Moez-Alexandre Zouari.
Deux offres en compétition
Celui qui est par ailleurs un important franchisé du groupe Casino en Île-de-France négocie depuis plusieurs mois pour intégrer l’activité française du distributeur en difficultés à Teract, dont l’actionnaire majoritaire est le géant de l’agroalimentaire InVivo. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s’est jointe aux discussions censées aboutir d’ici à la fin mai.
Mais une autre offre a émergé, portée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire à hauteur de 10% de Casino, et qui a proposé le 24 avril d’injecter 750 millions d’euros dans le groupe via une augmentation de capital réservée de plus d’un milliard d’euros au total. Il a assuré qu’à ses yeux « la situation financière » de Casino n’était « plus tenable sans une intervention rapide », et s’est allié pour l’occasion avec un vieil ami de Jean-Charles Naouri, Marc Ladreit de Lacharrière, troisième actionnaire de Casino.
Moez-Alexandre Zouari, qui a tendu la main à Daniel Kretinsky en jugeant les projets « pas incompatibles », nourrit l’espoir de trouver un compromis dans le cadre de la possible procédure de conciliation. Ces offres pourraient en tout cas se traduire par la perte de contrôle de Casino par Jean-Charles Naouri, premier actionnaire depuis 1992 et PDG depuis 2005. Âgé de 74 ans, il a toutefois fait modifier récemment les statuts de Rallye pour repousser l’âge limite de sa présidence de 75 à 78 ans.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.