Le castor avait pratiquement disparu d’Île-de-France depuis le début du XXe siècle, mais tout indique qu’il est bien en train de se reproduire.
À la suite d’observations effectuées par le Syndicat Intercommunal dd’Aménagement, de Réseaux et de Cours d’Eau (SIARCE) sur la rivière Essonne, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, qui est en charge du suivi et de la protection de cette espèce, a confirmé sa présence dans la région.
En Île-de-France, les dernières observations sur l’espèce remontent au XIXe siècle. Sa présence a pourtant été confirmée dès le Moyen-Âge. Au XIIe siècle, le castor d’Europe était présent dans toute la France. Longtemps chassé pour sa fourrure et sa chair, le castor a subi une forte régression à partir du XVIe siècle, pour ne subsister que dans la basse vallée du Rhône au début des années 1900.
Espèce protégée depuis 1968 Ainsi, au bord de l’extinction en Europe, le castor est protégé dès 1909 dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Vaucluse, puis sur l’ensemble du territoire en 1968. Des opérations de réintroduction, une vingtaine depuis les années 1960, sont venues compléter ce statut de protection. Elles ont permis de refonder de nouvelles populations dans différentes régions, notamment dans les bassins de la Loire, du Rhône, de la Moselle, du Rhin et du Tarn.
La preuve d’une bonne qualité des écosystèmes
« Cela peut créer des dégâts, c’est vrai, mais nous pouvons mettre en place des solutions. Le castor est surtout un ingénieur des écosystèmes », explique Paul Hurel, animateur régional du réseau Castor de l’ONCFS. « Il crée des zones humides et sa présence garantit une excellente végétation. »
Le castor peut modifier son environnement par ses activités de construction. En érigeant des barrages sur de petits cours d’eau, il crée des zones humides et augmente la diversité des habitats. En abattant des arbres, il apporte de la lumière et de la chaleur au sol et crée des mosaïques végétales propices à la colonisation par d’autres espèces. Ses activités entretiennent la rive, sa végétation et le réseau racinaire se trouve fortifié, ce qui améliore la stabilité des berges.
Comment s’en protéger
Le retour du castor peut engendrer des problèmes, particulièrement là où l’exploitation du sol s’étend directement jusqu’aux berges des cours d’eau. Trop peu d’espace est généralement réservé aux cours d’eau et donc au castor. En effet, le castor modèle généreusement son lieu de vie et cela peut entrer en conflit avec l’exploitation des terrains voisins des cours d’eau ou avec les infrastructures existantes.
Selon l’ONCFS, 90% des dommages ont lieu à moins de 30 mètres des cours d’eau. Le maintien ou la création de rives boisées de 10 à 20 mètres de large présentant une frange de végétation naturelle est la solution la plus adaptée et la plus économique pour éviter les conflits avec le castor. En lui accordant cet espace, il devient possible de résoudre les problèmes durablement. Pour les dommages sur les cultures, les autres protections recommandées sont mécaniques : manchons de protection unitaires, clôtures électriques, palissades, etc. Une fois que le dispositif est installé correctement, il n’y a plus de dommage.
En 2015, date de la dernière enquête de répartition de l’espèce en France menée par l’ONCFS, le castor d’Europe a été identifié dans 51 départements, essentiellement dans la moitié Est et dans le centre du pays. Les départements de l’Essonne et de la Seine-et-Marne viennent désormais s’ajouter à cette liste.
Le castor d’Europe est reconnaissable par sa queue plate à l’aspect écailleux. Il est herbivore et c’est le plus gros rongeur d’Europe. Tout comme son cousin le castor canadien (Castor canadensis), le castor d’Europe coupe et écorce des arbres pour son alimentation, mais aussi pour construire des huttes et des barrages.
Le castor élit domicile au bord de lacs, d’étangs ou de cours d’eau. Les changements du paysage fluvial des 200 dernières années le dérangent moins que les autres espèces animales. Il est capable de s’adapter et de s’installer près des zones habitées. Aucune espèce animale ne modèle son lieu de vie aussi activement que le castor, pour construire des barrages et des huttes, ainsi que pour chercher sa nourriture.
Le castor, un paysagiste
Pour se nourrir, il abat des arbres et des arbustes dans les environs et modifie fortement la structure du paysage. Les huttes lui servent de logement. Il creuse un ou plusieurs tunnels d’accès dont l’entrée donne toujours sous l’eau, et qui conduisent à une chambre d’habitation. La construction est bien isolée et dispose d’un tuyau d’aération pour l’arrivée d’oxygène. Le barrage retient l’eau pour que l’entrée de la hutte reste toujours immergée et pour faciliter le transport du bois. Ces retenues peuvent transformer un cours d’eau monotone en une rivière variée avec des zones d’eau peu profonde, des prairies humides ou des forêts à caractère alluvial. Le castor crée donc de nouveaux paysages : un bienfait pour la nature.
Un apport de diversité sur le territoire
Par ses barrages, ses tunnels et ses abattages, le castor crée des petites structures en bois mort (digues et huttes) dont profitent de nombreuses espèces. Les poissons, nourriture dédaignée des castors, profitent de son retour, car les petites structures qu’il crée constituent de précieux lieux de refuge, en particulier pour les jeunes poissons qui y trouvent un abri contre les prédateurs et contre la force du courant. Les invertébrés apprécient également ces eaux calmes pour y déposer leurs œufs, ce qui est de nouveau tout au bénéfice des poissons qui voient leur source de nourriture augmenter d’autant. Les grenouilles viennent se reproduire et des oiseaux trouvent des larves d’insectes à manger. L’activité du castor crée également des biotopes naturels pour les végétaux.
Des mécontents
En grand architecte, le castor reconfigure activement son habitat mais ses activités perturbent parfois celles de l’homme. Il peut arriver que des champs soient inondés par les retenues d’eau dont il est à l’origine ; ou qu’un sentier longeant une rivière s’effondre parce qu’il aménage un tunnel en-dessous. Son retour ne fait pas l’unanimité. Mais ce que l’on ignore souvent, c’est que grâce à ses constructions le castor contribue largement à la revitalisation des cours d’eau et à la création d’habitats pour certaines espèces rares.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.