Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy –qui pourrait aller jusqu’à suspendre l’autonomie de la Catalogne dans les jours à venir –est lui arrivé sans dire un mot à un sommet européen à Bruxelles, où il devait retrouver ses 27 homologues.
La grave crise née du référendum d’autodétermination du 1er octobre, interdit par la justice et le gouvernement espagnols, ne figure pas à l’agenda de cette réunion au sommet, mais elle occupait tous les esprits.
« Nous soutenons la position du gouvernement espagnol (…) Nous espérons aussi que des solutions pourront être trouvées sur la base de la Constitution espagnole », a déclaré Mme Merkel en arrivant à Bruxelles.
Les dirigeants européens vont « envoyer un message d’unité autour de l’Espagne », a dit M. Macron, qui devait rencontrer M. Rajoy en fin d’après-midi.
Juste avant le début officiel du sommet, Mariano Rajoy avait déjà rencontré Angela Merkel.
De leur côté, les dirigeants belge et luxembourgeois, Charles Michel et Xavier Bettel, ont préféré insister sur un appel au dialogue entre Madrid et les indépendantistes catalans.
Malgré les protestations de Madrid, MM. Michel et Bettel ont aussi rappelé qu’à leurs yeux « la violence n’est pas une réponse », une condamnation à peine voilée des violences policières qui ont émaillé le vote interdit du 1er octobre.
« Qui peut valider la violence, d’où quelle vienne? Personne! », a lancé le Premier ministre belge. « Comme Européen, je considère qu’il faut chaque fois appeler au dialogue politique lorsqu’il y a une crise politique », a-t-il affirmé.
M. Michel a démenti de supposées tensions avec Madrid, alors que la presse belge s’est fait l’écho de plusieurs e-mails à l’ambassade belge de Madrid, notamment d’un conseiller de Mariano Rajoy, fustigeant ses déclarations à propos de la crise catalane.
L’Espagne est « un pays ami » et il n’y a « aucun incident, aucune crise », a assuré M. Michel. Mais M. Michel a aussi plaidé « pour une désescalade » en Espagne.
« Je ne pense pas qu’on trouvera une solution dans l’intérêt de tous dans une logique d’escalade politique », a-t-il fait valoir, semblant renvoyer dos à dos le gouvernement et les dirigeants indépendantistes catalans.
Le Premier ministre slovène Miro Cerar a pour sa part reconnu avoir « une position émotionnelle » dans ce débat en raison du processus d’indépendance de son pays, sorti de la fédération yougoslave en 1991.
« La situation en Catalogne actuellement est tout à fait différente », a-t-il souligné.
Mais « si la question de l’autodétermination est soulevée, cela doit être résolu conformément à l’ordre constitutionnel, par le biais du système constitutionnel espagnol, et par-dessus tout d’une façon pacifique, non violente, par le dialogue », a-t-il estimé.
Le gouvernement espagnol a fait jeudi un pas de plus vers une suspension de l’autonomie de la Catalogne, accusant le dirigeant séparatiste Carles Puigdemont de chercher « l’affrontement systématique » dans une crise sans précédent depuis 40 ans.
« Si le gouvernement persiste à empêcher le dialogue et poursuivre la répression, le Parlement de Catalogne pourra procéder (…) au vote d’une déclaration formelle d’indépendance », a écrit jeudi M. Puigdemont dans une lettre adressée à M. Rajoy.
Ne pas faire référence à l’indépendance aurait pu ouvrir la voie à l’apaisement. Mais le gouvernement espagnol a jugé ces propos menaçants.
Les mesures de suspension de l’autonomie seront définies samedi lors d’un conseil des ministres extraordinaire qui devra les transmettre au Sénat, en vue de leur validation fin octobre.
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