Catalogne : un besoin de « dialogue » pour « l’unité »

Par afp
7 octobre 2017 17:00 Mis à jour: 1 avril 2021 19:13

L’inquiétude qui a gagné l’Espagne depuis le référendum catalan d’autodétermination en Catalogne s’exprimait samedi dans les rues, avec des manifestations pour le « dialogue » ou « l’unité », à quelques jours d’une hypothétique déclaration d’indépendance qui donnait même le vertige aux séparatistes.

À l’appel de l’initiative citoyenne, « Parlem? Hablemos? » (On se parle?, en catalan et en espagnol) plusieurs centaines d’Espagnols vêtus de blanc étaient rassemblés à Madrid et à Barcelone face aux mairies des deux villes pour réclamer un dialogue entre les Catalans et le reste de l’Espagne, selon des journalistes de l’AFP.

« Les tensions et les violences ont beaucoup augmenté. Tant de violence ça fait vraiment peur », soufflait Yurena Diaz, médecin de 36 ans, rencontrée dans le cortège à Madrid.

Les tensions entre Madrid et les séparatistes au pouvoir en Catalogne depuis début 2016 ont plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977.

La crise, qui inquiète aussi l’Europe, touche également la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols car selon les sondages la moitié de la population n’est pas indépendantiste.

« L’Espagne est bien meilleure que ses dirigeants », lisait-on dans leur manifeste, diffusé par le site Change.org, et qui avait recueilli quelque 9.000 signatures samedi matin.

Une autre marche, « patriotique », rassemblait à la même heure dans le centre de Madrid des milliers de personnes pour « défendre l’unité de l’Espagne » avec force drapeaux espagnols.

Octavi Puig, un retraité catalan qui vit à Madrid, a dit manifester « parce que je ne veux pas qu’on me mette un Mur de Berlin pour aller là où se trouvent les morts (de sa famille) et mes proches ».

Dimanche, une autre manifestation « pour retrouver la sagesse » est prévue à Barcelone. L’écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature de nationalités péruvienne et espagnole, qui a qualifié l’indépendantisme catalan de « maladie », y participera.

De timides gestes d’apaisement sont apparus en fin de semaine. 

Le préfet, principal représentant de l’État en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses au nom des forces de l’ordre vendredi pour les violences policières qui ont émaillé le référendum interdit de dimanche, faisant au moins 92 blessés et scandalisant l’opinion.

Et le président catalan Carles Puigdemont a annoncé qu’il repoussait son intervention devant le Parlement catalan, prévue lundi.

Les séparatistes envisageaient d’y prononcer une déclaration d’indépendance unilatérale. La nouvelle séance est prévue mardi à 18h00 (16h00 GMT), l’ordre du jour portant simplement sur la « situation politique ».

Les parlementaires opposés à l’indépendance ont cependant dit se méfier des véritables intentions de M. Puigdemont, qui a diffusé vendredi les résultats définitifs, et invérifiables faute de commission électorale, du référendum interdit: 90,18% de « oui » à la sécession avec un taux de participation de 43%.

Le report de l’annonce pourrait viser à « gagner du temps », notait samedi le quotidien catalan La Vanguardia. Car les dirigeants catalans ont besoin de réfléchir « à ce qu’ils comptent faire » de cette déclaration d’indépendance unilatérale, poursuit le journal. Une « République catalane » serait en effet automatiquement exclue de l’Union européenne et très isolée.

D’où les appels à une médiation internationale pour sortir de la crise, lancés par M. Puigdemont et l’influent Jordi Cuixart, président de l’association indépendantiste Omnium.

« Nous savons et sommes convaincus que, sans reconnaissance internationale, ce que nous accomplissons va faire long feu », a reconnu M. Cuixart sur une radio catalane samedi.

Ainsi certains indépendantistes envisageraient-ils une déclaration à l’effet reporté de plusieurs mois, écrit la Vanguardia.

Les tensions et la perspective d’une Catalogne indépendante effrayent les milieux économiques.

Plusieurs entreprises, dont les banques centenaires CaixaBank et Banco de Sabadell, ont déjà décidé de transférer leurs sièges sociaux hors de Catalogne.

Le responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan, Santi Vila, réputé proche du président régional, a, lui, réclamé un « cessez-le-feu ». « Cela signifie que dans les prochaines heures et jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables », a-t-il expliqué.

 Et sur le terrain de football…

La situation a aussi des résonances sur les terrains de foot. L’Espagne s’est qualifiée vendredi contre l’Albanie pour la Coupe du Monde 2018. Mais le défenseur catalan Gerard Piqué, qui a pris position en faveur du droit des Catalans à voter, a disputé le match sous les sifflets d’une partie des spectateurs d’Alicante (sud-est) et les acclamations d’une autre.

Depuis le début de la crise, la justice a elle réagi avec fermeté. La Cour constitutionnelle avait ainsi interdit le référendum et jeudi elle a suspendu la session du parlement catalan initialement annoncée pour lundi.

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