INSPIRANT

Ce scientifique renommé a consacré sa vie à montrer les liens entre la science et la spiritualité

Une vie consacrée à réconcilier la science avec l'influence de l'esprit sur la réalité physique
décembre 18, 2017 19:24, Last Updated: février 3, 2023 15:53
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Le docteur Robert Jahn, décédé à l’âge de 87 ans le 15 novembre, a passé sa vie à réunir la tête et le cœur dans la science moderne. Comme certains des esprits les plus brillants de la science occidentale, notamment Albert Einstein, Isaac Newton et Max Planck, il estimait que la spiritualité et la science devraient être comme les deux faces d’une même médaille.

Robert Jahn a été doyen de l’ingénierie à l’université Princeton pendant 15 ans et un scientifique influent de la propulsion spatiale. En effet, beaucoup de scientifiques pensaient qu’il était impossible de mettre au point un système de propulsion électrique qui permettrait à une fusée de se déplacer sans carburant. Mais Robert Jahn l’a fait, et le système qu’il a développé amènera probablement les gens sur Mars.

Après que sa carrière eut atteint de tels sommets, son cœur lui a dit de regarder au-delà des frontières de la science du matériel telle que nous la connaissons.

En 1979, il fonde le laboratoire de Princeton Engineering Anomalies Research (PEAR) (laboratoire de recherche sur les anomalies en ingénierie) pour étudier la conscience. PEAR, qui a fermé ses portes en 2007, a fourni peut-être la preuve la plus solide que le paradigme matérialiste est trop limité et que la conscience n’est pas réductible au cerveau.

Robert Jahn a enduré beaucoup d’adversité face à ses collègues plus conventionnels à Princeton, mais il a persisté pendant presque 30 ans de recherche dans le laboratoire PEAR.

Une expérience typique de PEAR consisterait à ce que les gens essaient d’utiliser leur esprit pour influencer des processus aléatoires dans un dispositif électronique. C’est comme se concentrer sur la face pile tout en lançant une pièce de monnaie pour voir si la face pile apparaît vraiment plus souvent lorsque vous vous concentrez dessus.

Il a constaté un effet statistiquement significatif, suggérant que l’esprit humain est généralement capable de changer 2 ou 3 processus (ou ‘flips’) sur 10 000, et que les personnes qui partagent un lien émotionnel sont particulièrement capables d’induire des anomalies.

En d’autres termes, Robert Jahn a fourni des preuves que l’esprit a des pouvoirs qui ne sont pas encore acceptés par la science conventionnelle.

Brenda Dunne, qui n’était pas seulement la partenaire de Robert Jahn pour diriger PEAR, mais aussi l’une de ses meilleurs amis, nous a fait découvrir la vie et le travail de ce chercheur pionnier.

Briser les barrières

« Il avait un bureau qui déconcertait les gens parce qu’il était rempli d’animaux et de jouets en peluche », dit Brenda Dunne. « Il a toujours aimé les réactions des gens quand ils entraient dans le bureau du doyen car ce n’était pas l’environnement stérile et formel auxquels ils s’attendaient. »

Cette légèreté caractérisait une grande partie de leur travail. Ils ont dépassé la cloison (division) que Brenda Dunne appelait le « Moi scientifique, vous sujet », en traitant les sujets de l’étude comme des participants ou des cochercheurs.

Leur laboratoire PEAR ressemblait à une salle de récréation familiale, avec des canapés confortables, des murs en bois et du bric-à-brac partout. Brenda Dunne dit que tester la puissance de l’esprit est plus efficace avec les esprits qui sont détendus et enthousiastes.

Une grenouille excentrique qui est devenue une mascotte au laboratoire de Princeton Engineering Anomalies Research, leur rappelant de garder un cœur léger tout en menant des expériences sérieuses. La grenouille est représentée ici sur l’un des dispositifs utilisés dans les expériences du laboratoire pour tester la télékinésie. (courtoisie de Brenda Dunne)

Elle a donné l’exemple d’un scientifique qui est arrivé à PEAR leur demandant de répéter une expérience qu’il avait faite. Il avait confié à des « sujets » la tâche d’influencer les photons avec leur esprit, et il obtint des résultats négatifs.

PEAR a obtenu des résultats positifs ; la seule différence entre son expérience et celle de PEAR réside dans la façon dont ils ont abordé les « participants » à l’étude.

Il leur avait donné des informations techniques ennuyeuses sur l’objectif de la recherche et leur avait dit de façon dédaigneuse : « Certaines personnes pensent que vous pouvez influencer cela avec votre esprit… »  À PEAR, ils ont rendu la tâche plus amusante et plus simple, en disant simplement aux participants : « Ce que vous voulez faire, c’est faire monter ou descendre la ligne ».

La résonance de l’esprit

L’équipe PEAR a constaté que les dynamiques interpersonnelles jouent un rôle beaucoup plus important dans les expériences apparemment objectives que la plupart des scientifiques ne le pensent.

Anecdotiquement, dit Brenda Dunne, ils ont constaté que lorsque l’équipe PEAR travaillait bien ensemble, leurs expériences ont obtenu plus de résultats positifs. C’était comme si la dissonance parmi les scientifiques pouvait interrompre la résonance de la force physique de l’esprit.

L’harmonie entre Brenda Dunne et Robert Jahn était importante. Elle a fait des études de psychologie et d’ingénierie. Il s’occupait des protocoles d’étude, elle s’occupait des gens. Elle était l’onde et il était la particule, selon une analogie de physique quantique qu’ils aimaient utiliser pour décrire leur relation.

Dans la perspective de la physique quantique, la matière existe en tant qu’ondes et particules simultanément. Une onde s’effondre en une forme particulaire lorsqu’on l’observe. Robert Jahn était le plus pratique, il aimait aller droit au but.

Elle résumait leur relation complémentaire : « Bien que beaucoup de gens pensaient que j’étais la mystique et qu’il était le scientifique,… j’étais en fait une scientifique mystique et lui un mystique scientifique ».

Brenda Dunne a décrit plus en détail le paradoxe onde-particule et comment il se rapporte aux perspectives de la science : « Quand vous mettez en place votre expérience, si vous cherchez une vague, vous trouvez une vague. Si vous cherchez une particule, vous trouvez une particule. Ils ne sont pas différents, ils ne sont que des aspects complémentaires de la même chose. »

« Les dimensions subjective et objective de l’expérience ne sont que deux perspectives de la même chose », a-t-elle dit. « La façon dont nous choisissons de regarder un événement détermine ce que nous voyons. »

Quand les scientifiques se sont préoccupés de PEAR, certains d’entre eux ont ouvertement admis que cela les effrayait. Dans un laboratoire, permettre au subjectif d’être sur un pied d’égalité avec l’objectif va à l’encontre de la science.

Les hérétiques au sous-sol de Princeton

Comme les autres pensaient qu’ils ne faisaient qu’étudier le « paranormal », ils semblaient un peu excentriques (Robert Jahn et Brenda Dunne ont d’ailleurs indiqué clairement que les anomalies qu’ils étudiaient ne sont pas « paranormales », mais plutôt normales en ce sens qu’elles sont naturelles et qu’on les retrouve couramment en chacun de nous).

Mais quand les implications de leurs recherches ont commencé à être validées, beaucoup n’ont pas pu y faire face. Un scientifique a dit à Brenda Dunne : « Si ce que tu fais est bien, alors tout ce que j’ai fait est mal. »

Elle répondit : « Ce n’est pas mal, c’est juste que ce n’est pas complet », et il se fâcha en disant : « Non, tu ne comprends pas. Je me tromperais bel et bien. »

L’association subconsciente qui existe entre le travail de PEAR et une sorte d’hérésie scientifique est peut-être illustrée par l’incompréhension d’un panneau placé sur la porte du laboratoire de PEAR.

La lettre grecque psi (Domaine public)

Quand ils ont ouvert le laboratoire dans un espace de stockage inutilisé au sous-sol de Princeton, ils ont mis la lettre grecque psi sur la porte. Ce symbole tripartite apparaît souvent dans les équations de physique et le mot « psi » est souvent utilisé pour désigner la perception extrasensorielle, la télékinésie, etc.

J’ai eu deux ou trois personnes qui sont venues me demander pourquoi nous avions une fourche à diable sur notre porte, a dit Brenda Dunne.

Une PEAR à l’âge des pommes  ou une poire à l’âge des pommes (jeu de mots : PEAR signifie poire en français)

PEAR avait une relation ambivalente avec l’université de Princeton. En toute honnêteté, il n’était pas coincé au sous-sol par négligence, mais parce que Robert Jahn voulait un espace tranquille pour ses expériences.

L’université n’a pas trouvé de failles dans les protocoles du laboratoire, mais Robert Jahn était néanmoins parfois sur la sellette. Ses recherches étaient controversées, et certains trouvaient que c’était embarrassant pour l’université. Au cours d’un de ces moments de tension, un représentant du département de la Défense des États-Unis est intervenu et a encouragé l’université à poursuivre son soutien aux travaux de Robert Jahn.

Robert Jahn et Brenda Dunne ont donné des conférences à la NASA, à la NSA et à d’autres organismes gouvernementaux. Le DoD (le département de la Défense des États-Unis) les a consultés sur la possibilité de détecter des missiles à distance.

Brenda Dunne a dit de Robert Jahn : « Il était imperturbable. »

« Il était courageux, il n’a reculé devant rien de ce en quoi il croyait. Il s’est battu pour ce qu’il considérait comme le droit de poser les questions – la liberté d’enquête dont les universitaires parlent tout le temps, mais qu’ils ne suivent pas nécessairement », a-t-elle dit.

Pour que son programme continue de fonctionner sous les auspices de l’université, PEAR devait remplir certaines conditions : il devait être financé par des fonds indépendants, ne pouvait pas impliquer les étudiants, et PEAR a reçu l’instruction suivante : « Il est important que vous vous assuriez que vos sujets ne se mettent pas à délirer sur les capacités métaphysiques à la suite de ces expériences ».

PEAR a suivi les instructions. Brenda Dunne raconte : « Quand les gens venaient faire les expériences, je leur disais : ‘Je dois vous informer que peu importe ce qui se passe à la suite de ces expériences, nous ne voulons pas que vous partiez d’ici en pensant que vous êtes Dieu, à moins, bien sûr, que vous pensiez être Dieu quand vous êtes arrivé.' »

Garder leur place au campus de Princeton était un défi, tout comme arriver à publier leurs travaux dans des revues scientifiques grand public. Un rédacteur en chef leur a dit : « Quand vous pourrez nous transmettre ce texte par télépathie, nous l’examinerons sérieusement. »

Il y avait cependant des exceptions. Par exemple, le Proceedings of the Institute of Electronic and Electrical Engineers (Actes de l’Institut des Ingénieurs Électriques et Électroniques) ont publié leur article : « Le paradoxe persistant des phénomènes psychiques : une perspective d’ingénierie » (The Persistent Paradox of Psychic Phenomena : An Engineering Perspective), en 1982. Les fondements de la physique ont également publié leur article « Sur la mécanique quantique de la conscience avec application aux phénomènes anomaux, » (On the Quantum Mechanics of Consciousness With Application to Anomalous Phenomena) en 1987 après plus de 15 examens distincts par d’autres scientifiques.

L’héritage de Robert Jahn et la fin d’ « une seule existence mortelle »

Le Dr Robert Jahn (courtoisie de Brenda Dunne)

Robert Jahn a contribué à la fondation de la Société pour l’exploration scientifique (Society for Scientific Exploration) afin de fournir une plateforme d’évaluation par les pairs aux nombreux scientifiques qui travaillent sur des sujets non conventionnels. Lui et Brenda Dunne ont fondé les Laboratoires internationaux de recherche sur la conscience (ICRL) après qu’ils ont décidé de conclure leur travail au PEAR en 2007.

L’ICRL est constitué d’un réseau de scientifiques que Brenda Dunne a appelé le PEAR-tree (l’arbre PEAR, ou le poirier), une expansion naturelle issue des études PEAR. Robert Jahn et Brenda Dunne ont décidé d’agir à titre de mentors et d’aider une nouvelle génération de scientifiques à entreprendre de nouvelles études de type PEAR. Leur presse ICRL publie également ce que Dunne espère être les manuels du futur, y compris un nouveau livre de Robert Jahn et Brenda Dunne intitulé « La biologie et l’être : la conscience est-elle la force vitale ? » (“Biology and Being: Is Consciousness the Life Force?”), qui a été publié ce mois-ci.

À la fin de la vie de Robet Jahn, Brenda Dunne a déclaré qu’il savait que son travail avait eu un impact important, même si sa pleine appréciation pourrait devoir attendre qu’une future université adopte la recherche sur les anomalies au lieu de l’éluder.

Leur travail a surtout aidé les gens qui cherchaient à faire le pont entre le scientifique et le spirituel, a dit Brenda Dunne, rappelant les paroles d’une de ces personnes : « J’en ai assez d’avoir à choisir entre ma tête et mon cœur. J’ai les deux. »

Les études de Robert Jahn l’ont aidé à renforcer sa compréhension de la conscience, ce qui l’a aidé à affronter la mort après une longue maladie sans crainte, a dit Brenda Dunne : « Chacun de nous a une fonction ondulatoire caractéristique, métaphoriquement parlant, qui prend sa résidence dans un environnement physique pour – comme l’a dit Bob – ‘le temps d’une seule existence mortelle’. Et puis elle retourne à la source d’où elle est venue. »

« Il était plutôt à l’aise avec ça », dit-elle. « Le plus beau dans tout cela, c’est que j’ai l’impression qu’à ce niveau, nous sommes toujours très en contact l’un avec l’autre. Nous étions une molécule, le tout était plus grand que la somme de ses parties. »

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