« Cela m’inquiète pour mon pays de voir que nous avons autant d’actes antisémites », déclare Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police

Par David Vives
17 mai 2024 19:49 Mis à jour: 21 mai 2024 15:14

Ce vendredi 17 mai, Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police, réagit auprès d’Epoch Times sur l’attaque d’une synagogue à Rouen par un forcené qui a tenté de l’incendier, puis a été abattu par un policier alors qu’il le menaçait avec un couteau.

Epoch Times : L’attaquant était sous le coup d’un OQTF et devait être renvoyé. Quel regard portez-vous sur cela ?

Rudy Manna : C’est un OQTF qui était invité à quitter le territoire. Ce n’est pas tout à fait pareil, car on lui donne un mois pour cela. En fait, on n’est absolument pas surpris par ce genre de choses. Malheureusement et à notre grand désespoir.

Vous savez, il y a eu 366 faits antisémites sur le premier trimestre 2024. C’est une augmentation de 300 % par rapport au premier trimestre 2023. On se rend compte qu’il y a un antisémitisme croissant en France aujourd’hui. Les policiers luttent au quotidien contre cela. On interpelle beaucoup d’individus qui se rendent coupables de tels actes immondes. Et on les présente souvent à la justice.

En ce qui concerne ce qu’il s’est passé ce matin à Rouen, vous avez bien compris que ce jeune policier adjoint, qui avait 24 ans, n’a pas eu d’autre choix que de faire usage de son arme pour protéger sa sécurité, pour protéger la sécurité d’autrui. Il a dû neutraliser cet individu qui était de toute façon déterminé à attaquer les policiers avec un couteau et à s’en prendre à leur vie.

Donc vous affirmez que le policier a bien agi ?

Bien évidemment que c’était le bon geste. Vous savez, quand vous faites face à un individu qui a la capacité de mettre le feu à une synagogue comme il l’a fait, et lorsque les policiers arrivent, il descend du toit où il était et accourt en direction des policiers avec un couteau à la main pour les planter ou les égorger ! Il est bien évident que nous n’avons pas d’autre possibilité que de faire feu en direction de cet individu pour le neutraliser et pour protéger la population et nous-mêmes.

Vous notez donc un climat d’antisémitisme dans les faits auxquels sont confrontés aujourd’hui les policiers sur le terrain. Vous parlez d’une augmentation de 300 % par rapport au premier trimestre. Est-ce que cela vous inquiète ? Pensez-vous que la réponse est adaptée aujourd’hui ?

Très honnêtement, cela m’inquiète. Oui, cela m’inquiète terriblement ! Cela m’inquiète pour mes concitoyens français de confession juive. Cela m’inquiète pour mon pays de voir que nous constatons autant d’actes antisémites. Et cela m’inquiète même de voir qu’en Europe, cela se développe un petit peu partout, notamment depuis le pogrom qui a eu lieu le 7 octobre dernier en Israël.

Normalement, les sanctions sont extrêmement fortes lorsqu’il y a des attaques antisémites. Maintenant, j’ai l’impression que malgré tout, cela ne suffit pas à arrêter et à calmer les ardeurs de ces fous furieux qui, sur un motif religieux, peuvent s’en prendre à une synagogue gratuitement. Je trouve cela absolument hallucinant.

Nous continuerons à lutter, à interpeller les individus… et si on n’a pas d’autre choix, à les neutraliser, pour éviter que ce genre d’actes odieux existent, parce que tous les actes qui touchent des citoyens français par rapport à leur religion sont tous des actes odieux.

Nous ne sommes plus qu’à deux mois des Jeux olympiques. Peut-on craindre ce genre d’attentat durant les Jeux olympiques ? Est-ce que cela alerte aujourd’hui sur ce qui pourrait se passer ?

Alors, cela ne nous met pas en alerte, parce nous sommes déjà en alerte maximum. Bien sûr que nous savons qu’il peut y avoir des attaques au couteau. Bien sûr que nous savons qu’il peut y avoir des attentats en direction de certains de nos compatriotes de confession juive. Bien sûr que nous savons que des choses graves peuvent se passer pendant les JO. On a un dispositif policier le plus important possible. Mais les policiers sont soumis à rude épreuve. Il faut se dire les choses, surtout ces dernières semaines, et cela va encore continuer jusqu’aux JO.

J’espère qu’on va tenir le coup. J’espère qu’on aura encore la lucidité, la force d’arriver en forme à ces Jeux olympiques, mais je ne vous cache pas que l’état d’esprit des policiers est plutôt à la fatigue ces derniers temps, parce qu’on est vraiment soumis à rude épreuve.

Le scénario d’un homme isolé comme aujourd’hui est-il le scénario le plus difficile à gérer ? c’est-à-dire quelqu’un qui décide d’agir seul et qu’on ne peut pas forcément prévoir à l’avance.

Concrètement, c’est ce genre de scénario qui est le plus compliqué, bien évidemment. Quand il y a une structure, il y a des possibilités de repérer en amont, grâce à nos services de renseignements qui font un travail remarquable aussi et qui ont été renforcés. Mais, quand c’est une personne seule qui décide de le faire subitement, il est évident que c’est difficile d’anticiper. On doit agir en flagrant délit quand on arrive sur place et qu’il est encore là ! Ce sont des situations extrêmement compliquées à gérer. En l’occurrence, ce matin, les policiers ont fait leur métier avec le plus de professionnalisme possible. D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur est allé sur place et a déclaré la même chose.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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