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Céréales : face à la sécheresse, l’alternative du sorgho

février 21, 2023 13:05, Last Updated: février 21, 2023 19:35
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Face à la menace de sécheresses récurrentes, la culture du sorgho, céréale originaire d’Afrique plus résistante que d’autres aux fortes chaleurs et au manque d’eau, fait son chemin dans les champs de l’Hexagone, déjà assoiffés par un hiver anormalement aride.

« L’été dernier, mes cultures de soja et de tournesol n’ont pas tenu mais le sorgho a résisté », témoigne Vincent Casonato, qui exploite 600 hectares près d’Agen (Lot-et-Garonne). Dans ses champs, il cultive blé, orge et colza en hiver ; soja, tournesol et sorgho au printemps.

Après avoir produit 11 tonnes de sorgho par hectare en 2021, sa production a chuté à cinq tonnes/ha l’année suivante, marquée par la sécheresse. Mais soja et tournesol ont été « quasiment produits à perte alors sans sorgho, ça n’aurait vraiment pas été fameux », souligne l’agriculteur.

Une sécheresse jamais vue en hiver

La sécheresse actuelle, avec des nappes phréatiques au plus bas, n’incite pas à l’optimisme pour les prochains mois : le pays n’a pas connu de véritables pluies depuis 31 jours, « du jamais vu durant un hiver météorologique », a confirmé mardi Météo France. Cette série égale celle du printemps 2020 avant l’été le plus sec jamais enregistré au niveau des sols.

L’été 2022 « a été une illustration de ce qui risque de se passer dans le futur », anticipe Jean-Luc Verdier, animateur de la filière sorgho au sein de l’Institut du végétal Arvalis. Si cette céréale n’est « pas une solution miracle » face à la sécheresse, elle doit être envisagée selon lui pour « varier les assolements et les cultures » et « diversifier le risque ».

Les rendements de sorgho réduits en raison de la météo

La production de sorgho a grimpé jusqu’à 432.000 tonnes en 2020, après un doublement en cinq ans de la surface cultivée en France. Mais les chiffres ont reflué en 2021 et 2022 en raison de la météo qui a réduit les rendements, et du conflit en Ukraine qui a dopé les cours du maïs et du tournesol, explique Martin Gomez pour Sorghum ID, l’interprofession du sorgho en Europe.

Cousin du maïs, le sorgho, grâce à son système racinaire dense et très profond, peut extraire l’eau raréfiée et la stocker, pour résister sur une longue période.

Mais « comme toutes les plantes, il a besoin d’un minimum d’eau », souligne Martin Gomez. « Le sorgho a une bonne tolérance à la chaleur mais au-dessus de 45 degrés, il arrête de pousser ».

Le stress hydrique de l’été 2022 a fait chuter les rendements en moyenne à 4,3 tonnes à l’hectare contre 5,7 tonnes en 2021, selon des chiffres du ministère de l’Agriculture.

« Aider les agriculteurs à se projeter vers l’avenir »

Les modèles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) permettent à Arvalis d’élaborer « des scénarios à 30 ou 40 ans » et leur impact sur les choix des cultures, explique Jean-Luc Verdier. « On travaille sur les adaptations pour aider les agriculteurs à se projeter vers l’avenir. »

« Un agriculteur sait diversifier son assolement mais le changement prend du temps, d’autant qu’il faut réussir à vendre le produit ensuite », ajoute Martin Gomez.

Le sorgho rattrape quasiment le prix du maïs

La France, premier producteur européen de sorgho devant l’Italie, compte 122.000 hectares de sorgho, principalement en Occitanie et dans le Val de Loire. La Russie cultive 200.000 ha mais reste loin derrière le Soudan (7,1 millions d’hectares), l’Inde (6,2 millions) et le Nigeria (5,5 millions).

L’essentiel de la production française sert à l’alimentation animale. Au 15 février, le sorgho, vendu à 277 euros la tonne sur les marchés, rattrapait quasiment le prix du maïs, fixé à 283 euros. « L’écart entre les deux s’est réduit ces dernières années », confirme Vincent Casonato.

Pour l’agriculteur, la météo sera toujours la donnée inconnue. « Ces 15 dernières années, il n’y a pas de courbe qui se dessine, c’est complètement en dents de scie. » Il se dit moins inquiet de la sécheresse que de « l’excès d’eau », conséquence d’événements climatiques plus violents.

« Avec l’urbanisation et les forts orages à répétition, l’eau va dans les fossés des champs et là, on ne peut absolument rien y faire. »

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