Lorsque l’on pense à l’énergie éolienne comme source d’énergie, on a tendance à imaginer d’immenses turbines laides qui gâchent le paysage. Mais un village iranien nous montre comment les anciens construisaient des éoliennes avec du bois et de l’argile, et non avec de l’acier et du béton ; avec une telle ingéniosité, ces éoliennes sont encore utilisées aujourd’hui, mille ans plus tard.
Le nom de cette petite ville au nord-est du pays signifie « l’aiguillon de la tempête », en raison de la violence des vents du nord qui soufflent tout au long de l’année. Nashtifan est située sur une plaine balayée par les vents, à environ 40 kilomètres de la frontière afghane. Elle est célèbre pour ses anciens moulins à vent, les plus vieux du monde.
Se fondant dans ce paysage semi-désertique, construit sur une colline, une armée de 40 moulins à vent s’élève à une hauteur de 20 mètres environ et remplit deux fonctions : servir de tampon, en protégeant le village des courants d’air dévastateurs, et moudre le grain pour en faire de la farine. Les habitants appellent « asbad » la technique qui consiste à utiliser le vent pour actionner les machines à moudre. Les architectes iraniens ont eu l’idée géniale de placer et de concevoir les moulins à vent de manière à « attraper » l’air dans des ouvertures, ce qui fait tourner les pales qui, à leur tour, actionnent un arbre vertical qui entraîne une meule, broyant ainsi le grain.
Chaque année, de fin mai à fin septembre, les rafales de vent fantastiquement fortes s’intensifient encore. Selon l’UNESCO, ce vent est surnommé « le vent des 120 jours ou vent noir », et sa vitesse atteint parfois 100 kilomètres à l’heure. Ces conditions persistantes, combinées au manque d’eau de la région, ont donné aux ingénieurs de l’époque l’idée d’optimiser sa puissance. Tout a été construit avec des matériaux naturels. En plus du bois, de l’argile et de la paille, ils ont utilisé des feuilles de palmier cultivées localement pour les pales, qui ont été tissées ensemble et attachées à l’arbre central.
Un homme a consacré sa vie à prendre soin de ces ouvrages exceptionnels. Ali Mohammad Etebari, le gardien, a passé de longues années à procéder à des vérifications et à des entretiens quotidiens. Lors d’un interview avec la Société internationale de la culture du bois en 2017, M. Etebari a déclaré : « Nous mettons du blé, nous obtenons de la farine… nous faisons du pain et nous l’apprécions à sa juste valeur ».
« J’étais chauffeur et voilà 28 ans que je m’occupe de ces moulins. »
Le vieil homme a expliqué que, historiquement, plusieurs membres d’une même famille s’occupaient d’un seul moulin, mais qu’aujourd’hui, il est le seul à faire office de gardien pour tous ces moulins. La conservation quasi parfaite des moulins à vent tient à l’aridité du climat.
« Ici, il n’y a pas d’humidité, c’est très sec, donc ils durent longtemps », a-t-il ajouté.
Le blé produit selon ce procédé artisanal est « tellement différent », a déclaré M. Etebari. « Il est très savoureux, très sain et bon pour l’estomac. Ce blé est complet ; le blé que l’on trouve à l’extérieur est quant à lui incomplet. »
Expliquant le manque de richesse de sa ville, M. Etebari s’émerveille de l’ingéniosité des moulins à vent.
« Ils travaillent sans électricité, sans diesel, sans benzine ou autre. Ils fonctionnent grâce au vent – et pour le vent, nous ne payons rien. »
Selon lui, il était important que les troncs d’arbres utilisés pour l’arbre central et les autres parties soient restés intacts avec leur écorce, faute de quoi le bois pourrait se fissurer.
« Je suis le seul à m’en occuper », a souligné M. Etebari avec une certaine fierté. « Si je ne m’en occupe pas, les jeunes viendront l’abîmer et tout casser. Les enfants viennent tout perturber en jetant des pierres. »
La dernière remarque de M. Etebari est poignante. « Je suis le seul à m’en occuper », a-t-il affirmé en grimpant pour inspecter le moulin à vent le plus proche, voûté sur lui-même.
Sachant que le vieil homme s’est investi corps et âme dans la maintenance de l’une des sources vitales de nourriture de Nashtifan, et compte tenu de la nature incroyable de cette ancienne prouesse technique, certains seront peut-être réconfortés d’apprendre que plusieurs organismes officiels, dont la Fondation du patrimoine iranien, ont entrepris des travaux de restauration sur le site. Considérés comme l’un des premiers exemples de technologie éolienne sur la planète, les moulins à vent de Nashtifan font également l’objet d’une proposition d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La Perse est le nom que portait historiquement l’Iran. L’utilisation des moulins à vent en Iran remonterait à environ 5000 ans et leur conception s’est ensuite répandue dans le monde entier.
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