Ce mardi 3 octobre en Conseil de Paris, le déménagement des bouquinistes installés sur les quais de Seine a été voté en vue des Jeux olympiques et paralympiques en 2024, rapporte France Bleu.
Alors que se profilent les JO de Paris, le préfet de police Laurent Nuñez a indiqué ce mardi 3 octobre qu’il était nécessaire de déménager les boîtes vertes se trouvant sur les quais de Seine entre le 5e et le 7e arrondissement de la capitale. Le Conseil de Paris a donc adopté un vœu allant dans le sens de ce retrait, rapporte BFMTV.
« Pour des raisons de sécurité »
« Il est strictement nécessaire d’imposer ce retrait pour des raisons de sécurité », a expliqué Laurent Nuñez devant le conseil de Paris, qui a voté à la majorité le déménagement des bouquinistes des quais de Seine. Étant présents depuis 450 ans sur ces quais, ils représentent la plus grande librairie du monde à ciel ouvert et renferment principalement des livres d’occasion et des souvenirs.
« Ces boîtes ne sont pas installées de manière homogène, il y a des interstices. Une foule compacte sur les quais hauts aurait tendance à s’agglomérer à des endroits où on peut voir la parade et cela poserait un certain nombre de difficultés de gestion de foule », a encore souligné le préfet de police de Paris. Il craint des « incidents extrêmement graves » si ces boîtes sont laissées « à un endroit où il y aura des centaines de milliers de personnes ».
Pour autant, tous les bouquinistes ne seront pas contraints de quitter leur emplacement. La préfecture de police de Paris a assuré qu’elle se limiterait aux boîtes « dont le retrait est strictement nécessaire pour assurer la sécurité des spectateurs », précise France Bleu.
Les #bouquinistes participent au rayonnement parisien, tout comme la cérémonie d’ouverture des #JOP2024 @Paris2024 participera du rayonnement de la #France. Garantir la sécurité de tous pendant cet événement guide l’action de la @prefpolice.
?retrait des boîtes concernées par… pic.twitter.com/HAZtDLLsRu
— Préfecture de Police (@prefpolice) October 3, 2023
« Faire un test » au préalable
Même si Florence Berthout, la maire Horizons du 5e arrondissement, estime que « c’est objectivement une avancée » de « pouvoir revoir au strict minimum le périmètre » de la zone de retrait de ces boîtes, elle se désole néanmoins de n’avoir « toujours aucune assurance sur la durée et les conséquences du démontage et remontage » de ces dernières, relate encore France Bleu.
L’édile réclame donc « de faire un test, avec des professionnels du patrimoine, pour démonter et remonter des boites qui ont des configurations différentes ». Elle voudrait surtout s’assurer de ne pas « mettre en péril » ces boîtes, certaines datant de plus d’un siècle.
La Ville de Paris a proposé la prise en charge de l’enlèvement et la repose des boîtes
Après avoir reçu un courrier de la préfecture de police de Paris le 25 juillet dernier, les bouquinistes parisiens avaient manifesté leur refus d’être déplacés par les autorités, redoutant effectivement que certaines boîtes soient « trop fragiles », ainsi que l’avait expliqué le président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, Jérôme Callais.
Dans un communiqué, le 27 juillet dernier, la Ville de Paris a proposé la prise en charge de l’enlèvement et la repose des boîtes vertes, ainsi que la rénovation « à ses frais » de celles qui auront été abîmées dans l’opération. « Cette rénovation constituera un élément d’héritage supplémentaire des Jeux et contribuera à appuyer la candidature des bouquinistes des quais de Seine au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco », a-t-elle ajouté.
La Ville de Paris a par ailleurs assuré de son soutien aux bouquinistes, reconnaissant que leur activité faisait « partie de l’identité des quais de Seine » et estimant à 570 le nombre de boîtes concernées par un éventuel enlèvement, soit 59% du total des 900 boîtes. Jérôme Callais a évalué à 1,5 million d’euros le chantier de rénovation de toutes les boîtes.
Les élus parisiens demandent plus de garanties
Mais plusieurs zones d’ombre subsistent et Pierre-Yves Bournazel, le maire du 18e arrondissement, s’étonne du « manque d’anticipation en vue des Jeux ». Des tests de démontage doivent notamment être effectués sur quelques boîtes par la Ville, afin de jauger le temps nécessaire pour cette opération. Cependant, aucun calendrier n’a pour le moment été communiqué sur cette question, déplorent plusieurs conseillers de Paris, relate France Bleu. BFMTV précise toutefois qu’une réunion doit se tenir le 11 octobre prochain pour effectuer ces tests.
Un autre point qui n’a pas encore été éclairci, et dont l’opposition de droite s’inquiète, concerne l’indemnisation des bouquinistes concernés par ces déménagements. Jean-Pierre Lecoq, maire du VIe arrondissement, souligne en effet que « la période d’activité l’été est essentielle pour eux ». « Si certaines sont retirées, nous demandons qu’une indemnisation soit assurée », ajoute-t-il. En effet, en raison de l’affluence touristique lors des JO à Paris, le manque à gagner pour la profession va être important. Une pétition intitulée « Sauvegarde des bouquinistes des quais de la Seine » a d’ailleurs été lancée et a déjà recueilli plus de 148 900 signatures. Elle indique que ces boîtes « sont le seul emploi et la seule source de revenus de ces libraires ».
Pierre-Yves Bournazel, co-Président du groupe Indépendants et Progressistes et député LR de la 18e circonscription de Paris, a demandé à la Ville « une alternative avec fermeture sous scellé des boites une semaine avant la cérémonie d’ouverture des Jeux », ce à quoi le préfet de police a aussitôt opposé le « risque terroriste », étant donné que l’on peut « y mettre des explosifs ».
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