« C’est juste sympathique » : un « bonjour » lancé par un contrôleur de train sème la zizanie en Belgique

Par Epoch Times avec AFP
19 décembre 2024 15:40 Mis à jour: 20 décembre 2024 22:40

Un contrôleur va-t-il relancer la querelle linguistique belge ? Un « bonjour » lancé par l’un d’eux dans un train circulant en Flandre lui a valu une plainte d’un voyageur néerlandophone mécontent de l’entendre parler français, un incident qui a enflammé jeudi le débat politique.

La scène, racontée par le contrôleur lui-même sur son profil Facebook, se passe le 7 octobre à une heure de pointe dans un train reliant Malines, en Flandre, à Bruxelles, une courte distance d’environ 25 km.

« Dépoussiérer une législation du siècle dernier »

Alors qu’il salue les voyageurs en entrant dans une voiture avec un sonore (et bilingue) « goeiemorgen/bonjour », ce contrôleur francophone se fait corriger par l’un d’eux. « On n’est pas encore à Bruxelles, vous devez seulement utiliser le néerlandais ! », lui intime ce néerlandophone.

Révélé mercredi par deux médias, le dépôt de plainte a été confirmé jeudi à l’AFP par l’instance qui est en saisie, la Commission permanente de contrôle linguistique (CPCL), chargée de veiller à l’emploi des langues dans l’administration.

Dans une Belgique divisée entre Wallons, dans le sud francophone, et Flamands, du nord néerlandophone – et où Bruxelles est la seule région bilingue , l’incident a pris une tournure politique et fait irruption dans les débats jeudi après-midi à la Chambre.

Interpellé par deux députés flamands, le ministre de la Mobilité, l’écologiste francophone Georges Gilkinet, a pris la défense du contrôleur, Ilyass Alba, et appelé à « dépoussiérer une législation du siècle dernier ».

« Les accompagnateurs de train font de leur mieux pour être au service des voyageurs, qu’ils soient usagers quotidiens ou touristes, Flamands en Wallonie, francophones en Flandre ou étrangers. Utiliser plusieurs langues pour dire bonjour ne me choque pas », a lancé le ministre, qui a autorité sur la SNCB, l’exploitant public des chemins de fer belges.

Il a souligné que dans un petit pays comme la Belgique, les frontières régionales étaient sans cesse traversées par les trains.

Une règle complexe

La règle sur l’usage du français et du néerlandais dans les trains belges est complexe.

En théorie les contrôleurs – appelés accompagnateurs en Belgique – ne doivent utiliser les deux langues que sur le territoire de Bruxelles et dans les quelques communes dites « à facilités », où l’administration est aussi bilingue. Ailleurs ils doivent toujours s’exprimer dans la langue de la région où ils se trouvent.

Côté flamand, le président du parti chrétien-démocrate (CD&V) Sammy Mahdi est monté au créneau. « En tant que pouvoir public, on ne peut pas jeter comme ça par-dessus bord notre législation linguistique. Il faut du respect pour le néerlandais », a-t-il affirmé.

Cela a valu l’ironie du ministre à ce chef de parti engagé depuis six mois dans de difficiles négociations pour constituer le futur gouvernement. « Je m’étonne que certains considèrent que c’est la priorité du jour alors qu’ils ont aussi un gouvernement à former », a taclé Georges Gilkinet. « Vous courez derrière vos collègues nationalistes ! »

De son côté, la SNCB a estimé que « c’est l’intérêt du voyageur qui doit primer ». « Il faut un peu plus de souplesse dans l’application de la réglementation », a dit à l’AFP un des porte-paroles de l’entreprise. « Dire bonjour en plusieurs langues c’est juste sympathique, on ne peut que remercier nos accompagnateurs pour cela », a-t-il poursuivi.

La CPCL, saisie de la plainte, va « demander à la SNCB des informations supplémentaires sur son application des règles », a déclaré un des juristes de la commission. Elle dispose de 180 jours pour rendre un avis, qui est non contraignant.

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