ÉCONOMIE

C’est la fin pour le fabricant de chariots de supermarché Caddie, qui n’a pas trouvé de repreneur

juillet 16, 2024 16:03, Last Updated: juillet 16, 2024 16:04
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« C’est la fin » : faute de solution de reprise, le célèbre fabricant alsacien de chariots de supermarché Caddie va être placé en liquidation par le tribunal de Saverne (Bas-Rhin), a annoncé mardi l’avocat du Comité social et économique (CSE) de l’entreprise.

« On a un délibéré cet après-midi et il n’y aura pas de repreneur. On se dirige vers une liquidation dure », a déclaré Me Pierre Dulmet, visiblement très ému, à la sortie de l’audience devant la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne, qui rendra sa décision formelle à 14h00.

Devant la grille du tribunal, une trentaine de salariés et syndicalistes de l’entreprise de Dettwiller (Bas-Rhin), où travaillaient encore 110 personnes, ont accueilli la nouvelle dans le silence, oscillant entre déception et une forme de fatalisme.

La juridiction devait se pencher sur deux offres déposées fin juin, après le placement de Caddie en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité. Confronté à une trésorerie exsangue, Caddie avait été placé le 25 juin en liquidation avec poursuite d’activité, procédure qui avait permis d’enclencher le mécanisme d’assurance de garantie de salaires (AGS) afin que les employés puissent être payés.

Aucune offre de reprise

L’une des offres de reprise émanait de l’actuel propriétaire, le groupe Cochez, basé à Valenciennes (Nord) et spécialisé dans le transport et les services industriels, qui proposait de reprendre 15 salariés. L’autre a été déposée par la société Skade Management de Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie, qui envisageait la reprise de 42 salariés et avait le soutien du CSE de Caddie.

« Le procureur n’a pas accepté l’offre de M. Cochez, il n’a pas eu le droit de présenter son offre », a détaillé Me Dulmet à l’issue d’une audience d’environ trois quarts d’heure. Et M. Dedieu, qui n’a notamment pas pu réunir l’intégralité du financement nécessaire à son projet de reprise, « n’a pas présenté son offre. Son avocat est venu pour dire : ‘Je ne présente pas mon offre’. Donc le tribunal n’a pas de proposition de reprise à étudier, ce qui fait que cet après-midi, il formalisera la cessation totale d’activité de Caddie », a-t-il poursuivi.

« Vous avez été exemplaires dans ce dossier », a encore lancé Me Dulmet aux salariés rassemblés devant la grille du tribunal. « Vous vous êtes battus à fond, mais quatre redressements judiciaires » en une douzaine d’années, « c’était un de trop. Le tribunal a dit stop, il y a trop de dettes, pas assez de projets industriels suffisants, et ils arrêtent la casse. »

« 110 personnes sans emploi »

« C’est un peu triste de finir comme ça », a lâché l’un des salariés, préférant garder l’anonymat. « Quelque part on s’y attendait un petit peu, on savait que ça n’allait pas bien mais on avait toujours espoir que ça puisse continuer. » « On est 110 personnes sans emploi », constate Sylvain Longchamp, délégué CFDT de 51 ans. À son âge, « trouver du boulot, ça va être compliqué », soupire le quinquagénaire. « On savait qu’un jour ou l’autre, ça serait compliqué. Mais c’est quand même décevant… »

En 10 ans chez Caddie, Kazim Arziman a connu « trois redressements. Là, c’est le comble, c’est la fin », lâche, amer, le délégué FO, qui regrette que les politiques ne se soient « pas du tout » intéressés ces derniers temps au sort de Caddie : « c’est dommage, il n’y a pas eu d’aide de la région ni de l’État… »

Les pouvoirs publics s’étaient portés au chevet de Caddie en 2022, lorsque l’entreprise, déjà au bord de la liquidation, avait été reprise par Cochez avec l’aide de fonds publics.

Nom déposé en 1959 et inspiré du golf, Caddie a connu un succès croissant, jusqu’à devenir synonyme de chariot de supermarché. Ses origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928 avec des produits en fil de fer et la société a connu son heure de gloire avec l’essor de la société de consommation, avant de rencontrer des difficultés.

En mai 2023, l’entreprise avait annoncé arrêter sa production de chariots de supermarché en plastique, mettant en avant un souci environnemental.

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