Les forces de l’ordre empêchaient plusieurs dizaines de personnes d’accéder lundi au terrain qu’elles occupaient depuis plusieurs mois pour empêcher leur expulsion, a constaté un journaliste de l’AFP, une opération d’évacuation confirmée par la Mairie de Paris.
Assis par terre, une vingtaine de personnes, dont des adhérents du Club de pétanque de Montmartre, protestaient contre leur expulsion de ce boulodrome, fréquenté depuis un demi-siècle, et situé sur la très chic avenue Junot (18e), en vertu d’une décision du Conseil d’État, saisi par la mairie de Paris, propriétaire du terrain.
Garé à l’entrée du local du Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap), un camion bloquait le passage et des agents de la police municipale et nationale étaient présents, empêchant une trentaine de personnes présentes d’y entrer, a observé un journaliste de l’AFP.
« C’est scandaleux », criaient certains d’entre eux.
« Depuis ce (lundi) matin, la police nationale est intervenue pour que la Ville puisse redisposer de ce local et que l’occupation illégale qui était en vigueur, malgré cette décision du Conseil d’État, puisse être mise à terme », a déclaré Kévin Havet, maire-adjoint PS du 18e arrondissement chargé de la Sécurité.
Les boulistes se relayaient jour et nuit
Depuis le 19 avril, certains des 300 licenciés du Clap se relayaient jour et nuit, dormant dans des tentes, pour empêcher leur expulsion du terrain de pétanque, un espace vert protégé niché au cœur de la butte.
Fin mai, la préfecture de police avait indiqué que si la médiation proposée n’aboutissait pas, le « concours de la force publique » serait sollicité pour cette expulsion.
De son côté, la mairie de Paris entendait récupérer ce boulodrome, que le club « occupe », selon elle, « sans droit ni titre » depuis 1971, pour en faire un « espace vert accessible » aux Parisiens qui « en ont été trop longtemps privés ».
En juillet 2023, les élus parisiens, divisés sur le sujet, ont confié pour douze ans cette parcelle à l’hôtel de standing mitoyen, qui s’est engagé à verser une redevance annuelle de 60.000 euros, la végétaliser et l’ouvrir au grand public.
« Si les gens du CLAP sont virés, c’est tout simplement pour permettre à l’hôtel particulier voisin du club de récupérer la gestion du terrain pour en faire quelque chose qui est assez nébuleux pour l’instant », a dénoncé auprès de l’AFP le député de Paris Aymeric Caron, apparenté la France insoumise (LFI), venu soutenir les boulistes.
Fabrice Luchini « ahuri »
« Léger ahurissement de voir qu’une mairie pourtant socialiste préfère un projet de tourisme de luxe à un club de pétanque de riverains de tous milieux sociaux présent depuis 50 ans dans un square classé », écrit sur X le comédien Fabrice Luchini, soutien des boulistes depuis le début du conflit.
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