SANTÉ & BIEN-ÊTRE

C’est tendance en 2018 : huiles, crèmes « intelligentes » et rouleaux antibourrelets

janvier 17, 2018 19:50, Last Updated: avril 13, 2019 15:25
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Le mois de janvier est le mois des espérances et des vœux. Les entreprises de cosmétiques nous promettent à cet effet une année « nude, huileuse, intelligente et instrumentale »… heu… c’est-à-dire ? Tentons d’y voir clair.

Tout d’abord, le maquillage. Le teint 2018 sera naturel, nous assurent les faiseuses de mode. Les femmes rechercheraient en particulier le fond de teint qui se fondra le plus parfaitement possible avec leur carnation. Les magazines féminins n’ont que ce mot à la bouche : « effet nude », voire même « encore plus nature que le nude ». Effet naturel certes, mais alors ce sont les paupières ou la bouche qui sont chargés de réveiller l’ensemble. On se croirait revenu 70 ans en arrière lorsque Colette nous promettait des teints sages, mais des cheveux arc-en-ciel !

En tant que pharmaciens, nous aurions souhaité d’autres choix… Pourquoi ? La mode qui consiste à incorporer des filtres UV partout ne nous convient pas. Une palette de 40 teintes pour satisfaire chacune d’entre nous, d’accord mais pas de filtres UV qui polluent les produits de maquillage et les produits d’hygiène.

Où sont passées les huiles ?

Huile nettoyante.

rouge-aux-ongles,(CC BY)

Pour démaquiller cela, les huiles, « cleansing oil » en anglais, sont des produits d’hygiène présentés comme très populaires : la progression de leur chiffre d’affaires a atteint 555 % au cours des 12 derniers mois ! La notion de douceur est associée à cette forme galénique qui réserve bien des surprises à celles et ceux qui aiment à se pencher sur les compositions cosmétiques. Une huile nettoyante devrait comporter si l’on en croit son appellation un maximum d’huiles… Mais ce n’est absolument pas le cas ! On trouve, en effet, sur le marché et portant cette appellation d’huile, des gels nettoyants aqueux comportant un faible pourcentage de cette substance ; on trouve même des produits qualifiés d’huiles nettoyantes qui n’en renferment aucune. En tant que galénistes et consommatrices, on souhaitera pour 2018 un peu plus d’honnêteté concernant ces produits d’hygiène qui ont le vent en poupe !

Passons maintenant au cas des produits de protection solaire. Si l’on sait parfaitement qu’ils jouent un rôle central dans la stratégie globale de prévention des cancers cutanés (ils absorbent et/ou réfléchissent les radiations nocives), l’on sait également parfaitement que les adeptes du hâle prononcé ne sont pas forcément prêts à renoncer à leurs séances de bronzage quotidiennes pour préparer les vacances. Certains étudiants, « accros », affirment bronzer sans aucune protection. Parmi les personnes qui sont sensibilisées aux risques liés au soleil, on observe des pratiques qui sont loin d’être optimales. Si les laboratoires qui réalisent les tests de détermination de l’efficacité des produits de protection solaire utilisent une dose d’application de 2 mg/cm2, il n’en est pas de même de l’utilisateur lambda (dose d’application comprise entre 0,39 et 1 mg/cm²).

Afin de rationaliser la dose appliquée en fonction de l’utilisateur et de la zone du corps, le laboratoire Spinali-Design se lance dans le domaine cosmétique et nous promet pour les prochains beaux jours « une crème solaire intelligente ». Reste à connaître la composition filtrante de cette crème du futur et la nature de l’excipient qui a été choisi. Mais, connaissant l’enjeu de santé publique et les problèmes liés à la détermination de l’efficacité des produits de protection solaire, on espérait mieux qu’un gadget pour 2018 !

Strigile romain du 1ᵉʳ siècle av. J.-C. (Matthias Kabel/Wikipedia, CC BY)

Quant aux instruments utilisés en cosmétiques, leur emploi ne date pas d’hier, probablement depuis qu’un humain a introduit pour la première fois dans sa bouche un bâtonnet végétal en guise de brosse à dents. Dans l’Antiquité, les racloirs (strigiles) étaient en usage commun et se vendaient comme des petits pains…

Rouleaux antigraisse

Dans les années 1930, le Point roller (marque de fabrique : Le point sur le front) est présenté comme l’instrument indispensable pour qui souhaite éliminer ses bourrelets disgracieux. Il se présentait sous forme d’un rouleau à pâtisserie un peu spécial ; par une « succion douce et pénétrante », il « produit une circulation naturelle du sang dans les parties grasses ». Il permet de cibler une zone précise et « d’enlever la graisse d’une partie déterminée du corps ».

Tout récemment, les « rouleaux à pâtisserie » cosmétiques se sont perfectionnés sous le nom de derma-rollers. Ils sont désormais munis de petites aiguilles qui ont pour but de créer une effraction au niveau de la barrière cutanée. Le microneedling (méthode qui consiste à perforer la peau à l’aide d’un derma-roller) peut être pratiqué par des chirurgiens esthétiques ou bien à domicile. Un produit cosmétique est appliqué avant de passer le derma-roller sur la peau…

Et dire que, pendant des années, l’industrie cosmétique nous a répété qu’un cosmétique ne pouvait exercer qu’une action de surface ! L’emploi des derma-rollers a pour conséquence d’augmenter le phénomène de pénétration transdermique des ingrédients cosmétiques (actifs, conservateurs…). Ceci mérite, pour le moins, réflexion, et, en conséquence, une prise en compte du phénomène sur un plan réglementaire.

Nous vous souhaitons à toutes et tous une belle année 2018 où tout baignera dans l’huile, avec des produits cosmétiques pas forcément intelligents, mais obligatoirement de qualité !

Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes et Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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