Les champignons mangeurs de plastique pourraient-ils résoudre le problème de la multiplication des décharges et de la faim dans le monde?

31 mars 2019 18:01 Mis à jour: 1 avril 2019 03:58

Cela ne ressemble peut-être pas à un repas qu’on aurait prévu de préparer, mais les étudiants de l’Université Yale ont fait une découverte fascinante en 2012 : une espèce rare de champignon qui peut survivre en se nourrissant uniquement de plastique.

L’extraordinaire champignon qui pousse dans la forêt tropicale amazonienne, Pestalotiopsis microspora, peut se nourrir de polyuréthane (le principal ingrédient de la production de plastique), transformant l’ingrédient synthétique en matière organique. Les recherches de l’université ont rapidement pris de l’ampleur, et certaines conclusions de grande retombées ont été partagées.

Pestalotiopsis microspora peut vivre sans oxygène, ce qui a amené les scientifiques à une conclusion très intéressante : ces champignons ont le potentiel de se multiplier au fond des décharges.

Les détritus qui se sont accumulés après des décennies et des décennies de gaspillage de plastique représentent une tâche phénoménale, mais les scientifiques soutiennent que Pestalotiopsis microspora peut, à tout le moins, changer la perception publique des plastiques de manière utile et progressive, en commençant peut-être au niveau de la communauté locale.

Illustration – Shutterstock | Larina Marina

Si les espèces de champignons mangeurs de plastique étaient propagées dans les centres de compostage communautaires, les résidents auraient l’occasion de se retrouver face à face avec cet agresseur plastique de la nature. Mais au-delà du compostage à petite échelle, nous savons qu’il y a un tas d’ordures deux fois plus grand que le Texas qui flotte actuellement dans l’océan Pacifique. Laurent Lebreton, de la Fondation pour l’assainissement de l’océan, a souligné l’urgence de la situation au journal USA Today : « À moins que nous ne commencions à l’enlever, » dit-il, « certains diront que cela pourrait y rester pour toujours. »

Que se passerait-il si nous utilisions Pestalotiopsis microspora à cette échelle gigantesque ? Les champignons affamés relèveraient-ils le défi de consommer les décharges du monde entier, et que ferions-nous avec les champignons après qu’ils auraient fini leur repas ?

Mère Nature a la réponse, et c’est une réponse savoureuse : certains champignons mangeurs de plastique peuvent être mangés par les humains.

Katharina Unger, de l’Université d’Utrecht, a conçu un modèle démonstratif étonnant, ou « Fungi Mutarium », un environnement en forme de dôme en climat contrôlé, dans lequel les gobelets étaient remplis de déchets plastiques et de spores de pleurotes. Sur une période d’un mois, les racines des champignons ont consommé et transformé les déchets plastiques en matière comestible, sans accumuler de toxines. Le « produit final » pouvait même être consommé entier, révéla Katharina Unger, au goût « sucré et à l’odeur d’anis ou de réglisse ».

Le travail affamé des spores de Pestalotiopsis microspora sur des déchets de polyuréthane (Photo : gracieuseté de Matthew Schink)

Reste à savoir si tous les champignons consommateurs de plastique sont comestibles par les humains. Les recherches se poursuivent.

Mais les scientifiques sont impatients d’extrapoler davantage, et qui peut les blâmer quand on sait que le prochain objectif visé par ce projet pourrait être de résoudre le problème de la faim dans le monde ? On estime à 100 millions le nombre de personnes qui se privent de nourriture chaque jour dans le monde, de sorte qu’une source alimentaire nutritive qui se nourrit elle-même de déchets non renouvelables pourrait résoudre deux des problèmes les plus dévastateurs du monde.

Kew Gardens, à Londres, a accueilli en 2018 l’événement State of the World’s Fungi et a identifié une autre utilisation intéressante des espèces de champignons pour le vernis plastique. Une fois que les champignons ont transformé le polyuréthane en matière organique, les recherches préliminaires suggèrent que les champignons peuvent être utilisés pour fabriquer des « briques de champignon », un matériau de construction robuste et durable.

Il semble qu’il n’y ait pas de limite pour cette espèce grignoteuse de plastique apaisant la faim dans le monde. Dans la nature, le champignon pousse sur les feuilles où il apparaît sous forme de taches de couleur noire ou brune. Dans des conditions contrôlées, le mycélium des champignons, ou « branches végétatives », commence à décomposer les plastiques en quelques semaines seulement.

Après quelques mois, la substance est complètement décomposée et assimilée dans le corps du champignon, ce qui est une étape extraordinaire par rapport au taux de décomposition naturelle : les plastiques peuvent mettre jusqu’à 400 ans à se décomposer par eux-mêmes.

La conclusion du moment ? Les champignons sont peut-être en train de prendre le dessus sur le monde, et ce n’est pas trop tôt.

Version originale

Cet article vous a intéressé ? Partagez-le avec vos amis et laissez-nous vos commentaires.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.