Note du rédacteur : Depuis le massacre de la place Tiananmen, la société chinoise a connu une série d’évènements majeurs qui ont entraîné des changements sans précédent en Chine et continuent d’affecter profondément la Chine et le reste du monde. Toutefois, le régime du Parti communiste chinois (PCC) se sert du marché chinois comme appât pour exercer des pressions sur les gouvernements, les entreprises et les investisseurs étrangers par voies diplomatiques et forcer les médias internationaux à censurer les informations que le régime communiste juge trop délicates. Les étrangers se retrouvent alors perplexes face à la situation actuelle en Chine, ce qui peut les amener à passer à côté d’évènements historiques sans les comprendre.
Le 18 février 2015, Mme Guo Jun, présidente du bureau d’Epoch Times à Hong Kong, a prononcé un discours concernant l’actualité de la Chine au Shinjuku Keio Plaza Hotel à Tokyo. Elle y a présenté une analyse détaillée des problèmes clé découlant des changements majeurs que subit actuellement la Chine et de leur impact sur les sociétés japonaise et hongkongaise.
L’idée que le 21e siècle est « le siècle Pacifique » a été un sujet très populaire dans le monde ces vingt dernières années. Le 20e siècle avait été baptisé le siècle Atlantique puisque durant les deux derniers centenaires, le centre de la civilisation mondiale est passé de l’Europe aux États-Unis.
En ce qui me concerne, je pense qu’il est encore trop tôt pour annoncer l’arrivée d’un siècle Pacifique. Toutefois, au cours du passage d’un à plusieurs centres du monde, le pourtour du Pacifique prend effectivement une importance de plus en plus grande.
Parmi les pays du pourtour du Pacifique, les plus importants sont les États-Unis, la Chine et le Japon. Ce sont les relations entre ces pays qui détermineront l’entrée dans ledit siècle Pacifique.
Du point de vue géopolitique moderne, les relations entre la Chine et le Japon sont extrêmement importantes. Après l’institution du régime du Parti communiste chinois (PCC), Mao Zedong et Deng Xiaoping ont mis en place des stratégies de coopération avec le Japon.
Vues de Chine, sa relation avec le Japon fait probablement partie des relations extérieures les plus importantes. La majorité des ministres chinois des affaires étrangères ont auparavant été ambassadeurs aux États-Unis et les quelques autres ont été ambassadeurs au Japon.
Les relations sino-japonaises sous le régime de Xi Jinping
Depuis les dernières années de règne de l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin, les relations sino-japonaises ont commencé à s’assombrir. Pour mieux comprendre cela, commençons par le développement politique intérieur de la Chine.
Premièrement, après 30 ans de réforme économique et d’ouverture à la Deng Xiaoping, on a pu observer en Chine un total effondrement de l’idéologie communiste. Les valeurs morales du courant principal de la société chinoise ne ressemblent en rien aux valeurs fondamentales de la société d’autrefois – la bienveillance, la vertu, l’intégrité, la sagesse et la foi, qui ont été complètement détruites – ni aux soi-disant valeurs morales du communisme, qui s’est complètement effondré.
Ce manque de valeurs morales fondamentales dans un pays aussi imposant que la Chine peut avoir un effet destructeur. L’harmonie et la coopération d’une telle société doivent être guidées par un « système de mobilisation spirituelle ». Dans la Chine ancienne, c’était le Mandat du Ciel, le pouvoir impérial, la vertu et d’autres valeurs sociales qui tenaient ce rôle. Aujourd’hui, ces valeurs ont disparu, tout comme l’idéologie communiste.
Par conséquent, c’est le nationalisme qui est devenu ce « système de mobilisation spirituelle ». Politiquement parlant, le nationalisme peut facilement devenir de l’étatisme. Cela voudrait dire que tout, y compris les secteurs économique et politique, les libertés et droits individuels, seraient tous soumis aux intérêts de l’État.
Le problème est que le nationalisme a besoin d’un ennemi imaginaire pour lui permettre le plus grand pouvoir de cohésion possible. Malheureusement, c’est le Japon qui a été élu meilleur ennemi du nationalisme chinois.
Les États-Unis sont trop éloignés et trop puissants. Le Vietnam, les Philippines, l’Inde et les autres sont soit trop petits, soit trop proches des régions politiques majeures de la Chine.
Le Japon répond parfaitement aux critères puisqu’il n’est pas trop grand et est allié aux États-Unis. De plus, il continue d’entretenir avec la Chine des disputes territoriales historiques autour des îles Diaoyutai (Senkaku) et est donc considéré comme un ennemi imaginaire. La haine de la population chinoise envers les Japonais semble ainsi évidente et tout à fait justifiée.
Deuxièmement, la haine est l’essence de la culture du Parti communiste. On haïssait la valeur fondamentale des huit opéras modèles révolutionnaires durant la Révolution culturelle. Lorsque l’idéologie communiste dominait la Chine, celle-ci a accentué la haine entre les classes sociales. Et maintenant que l’étatisme domine, cette haine devient nationaliste.
La haine est le reflet d’une humeur ou d’émotions. Elle n’a pas besoin de raison pour exister. Une émotion humaine peut être présente depuis un certain temps et, même si la raison qui a causé cette émotion n’est plus, l’émotion peut encore perdurer.
Prenons l’exemple de la haine. La cause de la haine peut déjà avoir été oubliée, mais la haine peut continuer d’exister. De plus, cette émotion peut se propager dans la société toute entière.
Le cerveau humain peut automatiquement trouver une cause raisonnable à cette émotion. La haine globale de la société chinoise envers le Japon en est un exemple.
Troisièmement, en septembre prochain, le régime communiste chinois organisera pour la première fois en 70 ans un défilé célébrant la victoire de la seconde guerre sino-japonaise. Ce sera la première fois que le PCC organise un tel événement. Beaucoup de gens se demandent pourquoi ce défilé n’a pas déjà eu lieu plus tôt.
Cela reflète bien l’immense manque de confiance en soi du régime communiste. Comme nous l’avons mentionné précédemment, le nationalisme et l’étatisme ont remplacé le communisme comme valeurs fondamentales en Chine et le PCC réclame tout le mérite dans la victoire de la seconde guerre sino-japonaise.
Ces 20 dernières années, le Parti communiste chinois et le Parti nationaliste taïwanais (Kuomintang) ont débattu sur le vainqueur de cette guerre. Mais depuis quelques années, ce débat a été déplacé: il est désormais question de désigner le leader de la guerre anti-japonaise.
L’organe de presse officiel du PCC a donc récemment publié des articles critiquant et discréditant les généraux de l’armée du Kuomintang de l’époque anti-japonaise. Le Kuomintang taïwanais essaie à son tour de s’attribuer la victoire.
Mais dans le cœur des citoyens chinois, celui qui se montrera le plus dur envers le Japon recevra ce mérite.
Quatrièmement, nous avons déjà évoqué le fait que la dictature communiste a hérité de plusieurs problèmes structuraux. Le manque de légitimité de son arrivée au pouvoir a provoqué des litiges internes et sociaux.
Dans la conduite d’un régime communiste, il est extrêmement important que le détenteur du pouvoir suprême jouisse de la plus grande autorité. S’il ne dispose pas suffisamment d’autorité, il doit renforcer sa position sur les affaires étrangères.
À l’inverse, s’il est tout à fait capable de contrôler les dérèglements internes, il est alors capable de maintenir l’équilibre diplomatique.
D’anciens dirigeants comme Mao Zedong et Deng Xiaoping avaient choisi d’entretenir des relations amicales avec le Japon car ils jouissaient de suffisamment d’autorité.
Ainsi, les instabilités au sein du Parti communiste, particulièrement sensibles en cette période de luttes de pouvoir internes, refroidissent souvent les relations avec le Japon.
En ce qui me concerne, je pense que les relations sino-japonaises détermineront si l’Asie (notamment l’Asie de l’Est et l’Asie du Sud-Est) peut entrer, de manière collective, dans une nouvelle ère.
La Chine et le Japon ont besoin de coopérer non seulement sur les plans politique et économique, mais aussi dans beaucoup d’autres domaines tels que la culture, l’art, la philosophie, la littérature, la psychologie culturelle, l’histoire et la recherche scientifique. Cette coopération ne devrait pas se limiter ni au niveau des autorités ni à un niveau civil influencé par les autorités.
La réconciliation est un prérequis à la coopération. Mais au vu des conditions actuelles, une réconciliation totale sera très difficile.
Pour sortir de cette haine historique entre la Chine et le Japon, la Chine doit trouver un système de succession du pouvoir plus naturel et plus raisonnable, un ensemble de valeurs plus tolérant et plus ouvert, ainsi qu’un environnement culturel national plus affirmé. La première étape vers tout cela serait de se débarrasser du régime communiste chinois.
(À suivre)
Version originale: Major Changes in China Will Impact Hong Kong and Japan
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