« Chaque année compte »: avant la réforme des retraites, parole aux « fracassés » du travail

Par Epoch Times avec AFP
3 janvier 2023 10:30 Mis à jour: 3 janvier 2023 12:41

Ils sont routier, aide-soignante, éboueur, enseignante… Alors que le gouvernement s’apprête à annoncer un report de l’âge légal de la retraite à 64, voire 65 ans, tous s’inquiètent d’y arriver « usé », « essoré », « fracassé » par un métier pénible.

« C’est un travail difficile car on est toute la journée debout dans le froid, avec parfois des journées de dix heures. Je commence à 5h40 le matin. On a mal aux épaules, au dos, aux pieds, aux jambes. On est fracassé et on n’a même pas le droit à la pénibilité. »

« Je ne pense déjà pas arriver à 60 ans. Je vais y arriver à quatre pattes. On ne va pas sortir de l’abattoir indemne. On arrive à travailler jusqu’à un certain âge, mais après, on n’y arrive plus physiquement. »

« La pénibilité, on la ressent tous les jours. Il y a le froid, la pluie… La nuit en ville, on travaille sur des bacs lourds, notamment ceux des restos, il faut faire attention à comment les manier pour ne pas s’arracher l’épaule. Monter et descendre sans cesse du marchepied, c’est dur pour les chevilles, les genoux et le dos. »

« Pour moi, ce n’est pas possible de travailler jusqu’à 65 ans. Aucun collègue ne veut bosser jusque-là. Je ne vois pas pourquoi je bosserais plus longtemps alors qu’il y a plein de jeunes qui cherchent du travail. Et je veux être en état de profiter de ma retraite. »

« Le métier d’enseignant demande beaucoup d’énergie, face à une classe de 26 élèves. Il peut aussi être difficile nerveusement au quotidien. On ne le fait correctement si l’on a encore cette vitalité, cette envie et cette patience. Pour éviter que ce ne soit au détriment des enfants. »

« J’ai vu récemment partir une collègue à la retraite à l’âge de 62 ans, dans un état de fatigue avancé, elle était essorée. Je n’ai clairement pas envie de lui ressembler s’il faut partir encore plus vieux à la retraite. Cela m’inquiète vraiment de savoir si je peux toujours être une bonne enseignante à cet âge-là. »

« C’est un métier difficile, on part du lundi au vendredi soir et on dort toutes les nuits dans le camion. Il faut aimer la solitude. On peut avoir jusqu’à dix heures de volant par jour. On se tasse, à être assis toute la journée à conduire. »

« Je suis dans le transport agricole. Il y a beaucoup de manutention, de déchargement des machines, d’arrimages. Je ne pourrai pas faire ça jusqu’à 65 ans. Physiquement, ça use. Je vois des collègues plus âgés avec le dos complètement cassé. Les anciens arrêtent à 60 ans, je ne connais pas de routier de 65 ans. »

« J’ai travaillé en gériatrie, en chirurgie. Faire 12 heures d’affilée, travailler les nuits et les weekends, ça vous fout en l’air au niveau santé. Il y a la station debout, le port des patients et du linge, les chariots de repas à tirer, les lits que vous brancardez… »

« Franchement, 55 ans, c’était la limite. On nous a rallongé la carrière en nous changeant de catégorie, mais le salaire ne suit pas, et la retraite non plus. Il y a beaucoup d’arrêts maladie en fin de carrière : pourquoi la prolonger ? Je n’arrive pas à comprendre. »

« J’aimerais m’arrêter à 62 ans. C’est déjà un bel âge. Trois ans de plus, ça risque d’être très difficile. A partir de 50 ans, chaque année compte. On attend la retraite avec impatience. On a des douleurs un peu partout. Et il y a une partie danger, l’âge augmente le danger. »

« Je vois les anciens et arrivés à 55 ans, monter sur les toits avec des tas de tuiles, c’est très pénible. Ils ont des problèmes de dos, de santé. Certains ont des problèmes d’hernie discale et doivent partir à 57, 58 ans mais la retraite est sérieusement amputée. »

« J’étais sur le libre-service frais : mise en rayon, passage de palettes, travail en chambres froides… C’est de la manutention. Pour des raisons de santé, je suis en cours de licenciement pour inaptitude. Je ne tenais plus, je n’en pouvais plus. »

« On voit bien que passé 50-55 ans, les gens sont en mauvaise santé, se retrouvent au chômage. J’ai plein de collègues usées par la grande distribution, des maux de dos. Tout le monde est usé. Alors, 65 ans, peut-être pour les grands sachants du pays, mais nous, petit peuple qu’on est, on ne peut plus, physiquement, à 65 ans. »

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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