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Charles Aznavour : soixante ans en haut de l’affiche autour du monde

octobre 2, 2018 11:19, Last Updated: octobre 2, 2018 11:19
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« La bohème », « Je m’voyais déjà », « La Mamma », « Comme ils disent »… Du haut de son mètre soixante-cinq, Charles Aznavour est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à 94 ans, était le dernier « grand » de la chanson française, dont il a été l’ambassadeur à travers le monde.

« J’ai fait une carrière inespérée mais exemplaire », avait confié le « Sinatra français » à l’Agence France Presse (AFP). « Tout est une question de chance ». De chance mais aussi de talent et de volonté, puisqu’il a dû lutter à ses débuts pour imposer sa taille, son physique et sa voix atypiques, avant d’arriver tout en haut de l’affiche.

« Côté critiques, j’ai été servi : on a dit que j’étais laid, petit, qu’il ne fallait pas laisser chanter les infirmes », racontait celui que la critique anglo-saxonne avait surnommé à ses débuts « Aznovoice » (jeu de mots signifiant : il n’a pas de voix).

Charles Aznavour (de son vrai nom Aznavourian) naît à Paris d’un couple d’immigrés venus d’Arménie qui attendent un visa pour les États-Unis. Il gardera des liens très forts avec le pays de ses ancêtres. À ses débuts, il veut devenir comédien et fait de la figuration au théâtre et au cinéma.

Aznavour se lance dans la chanson en duo avec Pierre Roche au début des années 1940. En 1946, il rencontre Charles Trenet et Edith Piaf, qui le surnomme « le génie con » et le force à se refaire le nez.

Il écrit pour d’autres « Plus bleu que le bleu de tes yeux » pour Piaf, « Je hais les dimanches », refusée par Piaf mais adoptée par Juliette Gréco, mais n’a aucun succès comme interprète et se voit affublé du sobriquet peu flatteur d« ‘enroué vers l’or ».

La donne change au milieu des années 50 avec le succès de « Sur ma vie » (1954) et des passages à la célèbre salle de concert parisienne L’Olympia. Au cinéma, il tourne avec François Truffaut pour « Tirez sur le pianiste » en 1960, l’année de sortie de « Je m’voyais déjà », l’une de ses plus fameuses chansons.

1963, il devient une vedette internationale

En 1963, Aznavour triomphe au Carnegie Hall de New York et, devenu une vedette internationale, se lance dans une tournée mondiale. Il se rend alors pour la première fois en Arménie.

Deux ans plus tard, il monte l’opérette « Monsieur Carnaval », d’où est tirée « La bohème ». Et en 1968, il épouse en troisièmes noces une Suédoise, Ulla Thorsell.

Dans les années 1970, Aznavour se frotte à des thèmes de société dans ses chansons : « Mourir d’aimer », tirée du film du même nom et inspirée par le suicide d’une enseignante en 1969 après une liaison avec un élève, ou « Comme ils disent », qui évoque l’homosexualité.

Les plus grands artistes reprennent ses chansons: Ray Charles chante « La Mamma » (écrite par Aznavour avec Robert Gall, le père de France Gall), Fred Astaire « Les plaisirs démodés » et Bing Crosby « Hier encore ».

Chanteur et également acteur

Il poursuit aussi sa carrière au cinéma, avec notamment « Le Tambour », de Volker Schlöndorff (1979) ou « Les fantômes du chapelier » de Claude Chabrol (1982).

En 1988, il vient en aide à l’Arménie, meurtrie par un tremblement de terre, fonde le comité « Aznavour pour l’Arménie » et écrit le texte de la chanson humanitaire « Pour toi Arménie ».

En 1991, il partage la scène à Paris avec son amie Liza Minnelli et, en 1995, rachète les éditions musicales Raoul Breton (Piaf, Trenet, puis, plus tard, Linda Lemay).

Quand d’autres songent à la retraite, lui continue d’enchaîner disques, livres de souvenirs et concerts à travers le monde.

« Je n’ai jamais, jamais prononcé le mot adieux ! », s’emportait-il en 2011, avant d’entamer une série de 22 concerts à l’Olympia pour ses 87 ans.

Sur scène, il impressionnait par sa vitalité intacte et ne faisait que quelques concessions à l’âge : un prompteur pour pallier les trous de mémoire, un fauteuil pour les coups de fatigue, sur lequel il reposait plus souvent en septembre pour ces dernières représentations au Japon après s’être fracturé un bras cet été.

Dans l’une des chansons, « J’abdiquerai », Aznavour évoquait la mort en s’amusant ironiquement de son statut de monument de la chanson : « S’il me reste encore un beau spectacle à faire/Un bel enterrement flatterait mon ego ».

La Tour Eiffel illuminée en or

La tour Eiffel s’est illuminée en or lundi soir pour rendre hommage à Charles Aznavour, décédé à 94 ans, a annoncé la maire de Paris, Anne Hidalgo.

« Ce soir à 21h30, Paris rendra hommage à #CharlesAznavour, en diffusant sur le pont d’Iéna ses plus belles chansons et des portraits de lui sur écran géant. @LaTourEiffel, en fond, sera illuminée couleur or », a écrit Mme Hidalgo sur Twitter.

Des images de l’artiste, fournies à titre gracieux par son photographe personnel, étaient projetées sur un écran géant de 60 m2 installé sur le pont d’Iéna.

Mme Hidalgo avait annoncé plus tôt qu’elle proposerait aux élus parisiens de baptiser un lieu de la capitale au nom du chanteur.

Des parlementaires ont également lancé un appel pour qu’un hommage national soit organisé en sa mémoire.

L’hommage du président

Emmanuel Macron a rendu hommage à Charles Aznavour, décédé lundi à 94 ans, affirmant que « ses chefs d’œuvre, son timbre, son rayonnement unique lui survivront longtemps ».

« Profondément français, attaché viscéralement à ses racines arméniennes, reconnu dans le monde entier, Charles Aznavour aura accompagné les joies et les peines de trois générations », a écrit sur son compte Twitter le chef de l’État.

« Je l’avais convié à mon déplacement à Erevan pour le sommet de la francophonie, où il devait chanter », a ajouté le président dans un deuxième message.

« Charles Aznavour demeurera à jamais en haut de l’affiche. Celle des poètes et de ceux décidés à empoigner la vie », a de son côté salué le Premier ministre Édouard Philippe dans un message sur Twitter conclu d’un « Chapeau l’artiste ! ».

Emmanuel Macron est attendu la semaine prochaine, le 10 et le 11 octobre, dans la capitale arménienne pour le 17e sommet du monde francophone.

« Nous partagerons avec le peuple arménien le deuil du peuple français », a précisé le chef de l’État.

Charles Aznavour avait accompagné le président Nicolas Sarkozy en Arménie en octobre 2011, une visite durant laquelle avait été inauguré un musée consacré au chanteur.

Emmanuel Macron a convié le chanteur à plusieurs manifestations, dont la dernière a été la réception donnée le 12 septembre en l’honneur du prince héritier du Japon au château de Versailles.

En recevant en janvier le président arménien Serge Sarkissian, alors en poste, il avait salué le chanteur comme « le trait d’union vivant entre la France et l’Arménie ».

« Charles Aznavour demeurera à jamais en haut de l’affiche. Celle des poètes et de ceux décidés à empoigner la vie », a de son côté salué le Premier ministre Édouard Philippe dans un message sur Twitter conclu d’un « Chapeau l’artiste ! ».

D. S. avec AFP

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